Malgré la profusion d'ouvrages consacrés au génocide des Rwandais tutsi en 1994, de très nombreuses inconnues subsistent sur ses antécédents - notamment le conflit politico-militaire qui déchira le pays à partir de 1990 - et sur son déroulement. Ainsi des controverses souvent virulentes - reproduisant les clivages partisans entre les anciens belligérants et mettant en cause des acteurs étatiques, des institutions internationales, des médias ou des universitaires - agitent-elles régulièrement l'actualité judiciaire, politique et diplomatique.
André Guichaoua, l'un des meilleurs spécialistes de la région, présent au Rwanda aux premiers jours du génocide, livre dans cet ouvrage les résultats de ses quinze années d'enquête sur ces événements. S'appuyant sur la somme d'informations et de documents qui ont étayé les dépositions de l'auteur en tant qu'expert témoin devant divers tribunaux (dont le TPIR), ce livre fournit une contribution essentielle à l'histoire de la guerre et du génocide.
Malgré l'ambivalence des rapports entretenus par le Tribunal pénal international pour le Rwanda avec les actuelles autorités de Kigali (issues de l'ex-rébellion), et alors que se profile la fermeture de cette juridiction, l'auteur insiste sur la nécessité de poursuivre un travail de justice et de vérité indépendant, protégé de toute pression politique.
Le livre est accompagné d'un site Internet proposant de nombreux compléments, souvent inédits : agendas de membres du gouvernement génocidaire, documents confidentiels, témoignages, etc.
" André Guichaoua, professeur à l'université Paris-I et témoin-expert auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda, vient de publier Rwanda: de la guerre au génocide. Il y revient longuement sur le rôle joué par la France, notamment de 1990 à 1994. "
LIBÉRATION
" Sur la tragédie de 1994, lire l'enquête implacable d'André Guichaoua: Rwanda de la guerre au génocide. Les politiques criminelles au Rwanda (1990-1994). "
L'EXPRESS
" En histoire, le dernier mot n'est jamais dit. D'autres travaillerons encore sur le génocide rwandais. Peut-être même André Guichaoua lui-même. Mais en l'état actuel, le livre de ce professeur de Paris-I, reconnu comme l'un des meilleurs spécialistes de la région des grands Lacs, s'impose comme la plus importante somme sur le sujet. L'ouvrage ne se distingue pas seulement par la profusion des témoignages recueillis, et par la connaissance historique et sociale de l'auteur. Il vaut surtout par le positionnement et la méthode d'un chercheur résolument étranger aux polémiques et aux clans. Pour autant, ce n'est pas le livre classique du "chercheur", sans doute parce qu'André Guichaoua connaît "physiquement" le Rwanda, et qu'il était à Kigali au mois d'avril 1994. Le siège de l'hôtel des Milles Collines, où s'étaient réfugiés ceux qui tentaient d'échapper au génocide, s'est refermé sur lui comme sur des centaines d'autres. Il fait le récit des épisodes les plus tragiques dont, par la force des choses, il devient à son corps défendant acteur quand il s'agit de convaincre les assassins d'épargner nos vies humaines. Nous sommes là très loin de la froideur d'une thèse de "spécialiste". C'est sans doute cette rencontre de l'historien et du témoin qui fait l'originalité de ton de ce livre. Après coup, une troisième fonction vient en renfort de l'auteur: celle de l'expert auprès du Tribunal pénal international d'Arusha. Dans cette position, André Guichaoua est habilité à recueillir d'innombrables témoignages. Il a accès à une masse de documents qu'il analyse et livre ici au lecteur. [...] Au total ce livre s'adresse à ceux qui veulent, autant que possible, approcher la vérité de cette tragédie. En découvrir les complexités. Sa lecture, bien sûr, modifiera leur jugement, peut-être contre eux-mêmes. Mais il ne leur interdira pas non plus de conclure différemment. Et c'est sa noblesse."
POLITIS
" En se rendant à Kigali, le président français a amorcé une réconciliation entre la France et le Rwanda, même si certains responsables rwandais avaient souhaité obtenir des excuses pour le rôle de la France dans le génocide de 1944 des Tutsis et des Hutus modérés. L'ouvrage du professeur André Guichaoua sur les politiques criminelles dans ce pays de 1990 à 1994, permet de revenir sur les nombreuses controverses et les clivages de cette période. Oeuvre d'un expert, appelé devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda, il est aussi celui d'un témoin oculaire qui se trouvait à Kigali en mars-avril 1994 dans le cadre d'une mission pour le département fédéral des Affaires étrangères suisse. Une région qu'il connaît de longue date depuis des recherches, entreprises en 1979, sur la paysannerie en Afrique centrale. Il s'agit avant tout d'un document qui procède comme le rappelle la préface, du "gigantisme" avec plus de 600 pages, plus de 2000 documents en ligne. "
LES ÉCHOS
2024-11-25 - PRESSE
Préface
Avant-propos
Approche intégrée et renversement de l?analyse
Témoignages et documents : éléments de méthode
1. Le contexte social et politique
Le cadre sociodémographique
Des conflits anciens et une violence entretenue
Le " système Habyarimana "
La question ethnique et les différentes formes de discrimination sociale
Un MRND en échec face aux rivalités régionales
2. La question des réfugiés et le choix de la lutte armée par le FPR
L?entrée en scène inopinée d?un nouvel acteur
La question des populations rwandophones au Zaïre et en Ouganda
Les négociations régionales engagées à partir de 1988
Les impasses liées à la " stratégie du retour "
Le primat des enjeux " ougandais "
Régionaliser et inscrire la guerre dans la durée
Guerre civile et ouverture démocratique à l?intérieur
Les tensions au niveau des FAR et la définition de l?" ennemi "
3. Une transition politique obligée
La mise en place du MRND rénové
La rénovation à l?épreuve du multipartisme
Une double fragmentation du champ politique
La nouvelle carte du pouvoir " réparti "
Le pouvoir présidentiel
Un pouvoir diffus, des canaux d?expression complexes
Le suffrage universel et l?expression des " démocrates "
L?enjeu du contrôle des médias
4. Les négociations d?Arusha et la recomposition des forces politiques
Des pourparlers sous contrainte militaire
Le positionnement idéal du FPR
L?éclatement du front intérieur
Les restructurations du Haut Commandement militaire
La remobilisation du MRND et la réaffirmation du président
Le " protocole sur le partage du pouvoir "
La montée des tensions et la recomposition du champ politique
5. Les non-dits des accords d?Arusha et le blocage du processus de transition politique
Une mise en ?uvre des accords redoutée par tous
Rapprochements entre le MRND et les tendances prohutu des partis de l?opposition intérieure
L?impossible mise en place des institutions de transition
La stratégie de déstabilisation de la sphère politique intérieure par le FPR
La stratégie de sape de l?opposition par le MRND
Des stratégies de survie politique pour les " démocrates "
6 : La compétition pour le contrôle des milices
Des parrainages nombreux et intéressés
Des militants aux miliciens
Les jeunesses Interahamwe, mouvement " intégré " au sein du MRND
Le contrôle des ressources financières
Les entraînements militaires et les distributions d?armes
7. L?attentat du 6 avril 1994 et la mise en place du Comité militaire de crise
Un faisceau d?hypothèses concordantes sur les responsables de l?attaque
Des choix erronés et funestes qui n?avaient rien de nécessaire
La réunion informelle du Haut Commandement de l?armée
La réaction de la famille présidentielle
Les termes de la vengeance
Les conditions de la succession
La mise en ?uvre de l?attentat, une énigme entretenue
8. L?alternative civile
Échapper à la logique des accords d?Arusha
" Laisser les civils au premier rang "
Les limites de la politique du fait accompli
9. L?installation des autorités intérimaires
La composition du Gouvernement intérimaire
De la vengeance au génocide
Les négociations impossibles entre les belligérants
10. Les partis pris de l?ambassade de France
Le récit d?une évacuation sous contrainte
L?arrivée des personnalités politiques rwandaises à l?ambassade de France
La caution de l?ambassade de France à la mise en place du Gouvernement intérimaire
Un accueil et une évacuation sélectifs
La réception des " opposants " à l?ambassade de France
Quelle motivation à une solidarité aussi exclusive ?
11. Des massacres au génocide
L?ambivalence et la faiblesse du Gouvernement intérimaire face aux massacres
L?opération " Pacification " des 10-12 avril 1994
Enjeux et responsabilités du génocide
Le risque de génocide, sous-estimé ou intégré par le FPR ?
12. Le Gouvernement intérimaire au c?ur du pouvoir
Le " vrai mandat " du GI désormais assumé
Un fort activisme
La formation du collectif gouvernemental
L?armée sous le contrôle des civils ?
L?autonomie sauvegardée de Théoneste Bagosora
La question du contrôle des forces miliciennes
Nouveau cap dans l?encadrement de l?autodéfense civile Le " gouvernement du génocide "
13. La guerre, instrument de départage des candidats à la succession
Le partage des ressources publiques
Nduga versus Rukiga
Les ruptures irréversibles du 17 mai
L?épuration des officiers et la relance de l?autodéfense civile
L?alliance obligée d?Édouard Karemera et de Joseph Nzirorera
L?institutionnalisation de l?autodéfense civile
La consécration dérisoire de Joseph Nzirorera
14. Justice et vérité : la " guerre de la mémoire "
Un travail de vérité exceptionnel mais sélectif
Les errements de la justice internationale
La justice, étouffoir de la vérité ?
Le jugement Bagosora ou les limites fixées à la réécriture de l?histoire
L?instrumentalisation politique du TPIR
Conclusion
Principaux sigles et acronymes
Lexique
Liste des encadrés
Liste des annexes
Index des noms de personnes