On nous répète à l'envi que le monde serait devenu de plus en plus complexe et indéchiffrable. À l'ordre de la Guerre froide aurait succédé un nouveau désordre géopolitique menaçant de sombrer dans le " chaos ". Affaiblissement des États-Unis, émergence de nouveaux géants économiques, irruption des prétendus " États voyous " et d'organisations terroristes incontrôlables : autant de sujets d'inquiétude nourrissant parfois la nostalgie d'un ordre ancien... qui n'a pourtant jamais eu la stabilité qu'on lui prête.
Dans cet ouvrage tranchant, Bertrand Badie rompt avec les explications paresseuses ou consensuelles. Il nous rappelle que nous ne sommes plus seuls au monde, qu'il est temps de se départir des catégories mentales de la Guerre froide et de cesser de traiter tous ceux qui contestent notre vision de l'ordre international comme des " déviants " ou des " barbares ". Il interpelle la diplomatie des États occidentaux, qui veulent continuer à régenter le monde à contresens de l'histoire, et en particulier celle d'une France qui trop souvent oscille entre arrogance, indécision et ambiguïté.
Le jeu de la puissance est grippé. L'ordre international ne peut plus être régulé par un petit club d'oligarques qui excluent les plus faibles, méconnaissent les exigences de sociétés et ignorent les demandes de justice qui émergent d'un monde nouveau où les acteurs sont plus nombreux, plus divers et plus rétifs aux disciplines arbitraires. Pour cette raison, cet ouvrage offre aussi des pistes pour penser un ordre international sinon juste, en tout cas moins injuste.
Bertrand Badie, professeur des universités à l'IEP de Paris (Sciences Po), s'est imposé comme l'un des meilleurs experts en relations internationales. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages qui font référence et conseiller de la rédaction de L'état du monde depuis une vingtaine d'années.
2016-03-04 - Alexis Lacroix - Marianne
Entre terrorisme, guerres et nouvelles recompositions territoriales, comment expliquer la nouvelle marche du monde, qui suscite interrogations et angoisses ? Une question à laquelle Bertrand Badie n'a pas renoncé à répondre. Loin d'être nostalgique d'une représentation bipolaire issue de la guerre froide, ce professeur à Sciences Po, spécialiste des relations internationales, décrit l'émergence de nouveaux acteurs globaux. Après un ouvrage sur l'humiliation comme moteur des relations internationales, il en vérifie aujourd'hui les effets dans son dernier livre, Nous ne sommes plus seuls au monde. Et esquisse les voies d'un ordre mondial injuste.
2016-03-18 - Marc Semo et Catherine Calvet - Libération
Comment repenser la guerre, le terrorisme, la violence, les relations internationales, la diplomatie, quand les cadres avec lesquels on les appréhende sont périmés et incapables de répondre aux attaques récurrentes qui ensanglantent Paris, Grand-Bassam ou Bruxelles ?
2016-03-26 - Joseph Confavreux - Mediapart
Analyste des relations internationales, dont il est un théoricien reconnu, professeur à Sciences po Paris, Bertrand Badie prévient depuis des années : l'ordre international, né en 1945, dominé par les puissances occidentales et organisé - Chine et Russie en sus – autour des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, est dépassé. Il l'était déjà depuis la chute de l'URSS et la fin de la division du monde en deux camps, avec leurs clients respectifs. Mais les idées ont la vie dure et résistent aux assauts du réel. La faute, en partie, à l'esprit de " connivence " qui perdure entre les puissances installées : fonctionnant selon des règles bien admises, ce " club " continue de croire qu'il peut réguler le système international. Et plutôt que d'admettre que l'équilibre du monde a changé, ses membres préfèrent parler d'États " voyous ", de " chaos ", de conflits " asymétriques ", de terrorisme.
2016-04-01 - Livres Hebdo
Dans un tour d'horizon historique et géostratégique, l'auteur démontre que, dans le monde " apolaire " né de la mondialisation, le traité de Westphalie et Clausewitz n'ont plus cours, pas plus que le partage du monde entre puissants. " La sécurité de chacun dépend désormais de celle de tous les autres : il est devenu illusoire de raisonner en termes de remparts et de Bastilles ", écrit-il après avoir souligné que la clé de l'avenir et de la paix, c'est " la reconnaissance d'autres Histoires qui ne viendront jamais fusionner totalement avec la nôtre ". Un plaidoyer pour l'altérité auquel Donald Trump ne comprendrait rien.
2016-07-04 - A. F. - La Revue
Introduction
1. L'ordre ancien : de l'" équilibre des puissances " au club oligarchique
Souveraineté, compétition et puissance
Forces et faiblesses de la gouvernance oligarchique
Faiblesse du droit international et surmilitarisation
L'émergence des " prolétaires du système international "
L'exception soviétique et ses suites
2. Bipolarité, unipolarité, multipolarité
Fait nucléaire et antagonisme idéologique
De l'antagonisme à la dyarchie
Frémissements au Sud : les failles de la bipolarité
La bipolarité minée par les conflits " périphériques "
Les limites du condominium
L'héritage contestataire du non-alignement
Les illusions fugaces de l'unipolarité
Un monde " apolaire "
Le retour du club oligarchique
3. Les sociétés et leurs diplomaties
La révolution invisible des sociétés et des États-nations
Quand le social colonise les enjeux géostratégiques
Les deux mondialisations et la revanche du local
Vers une nouvelle sociologie des relations internationales
4. Petit tour du nouveau monde
Illusions et déboires de la puissance hégémonique
Les trois étapes de la réaction américaine
Séduction et limites du
soft power
Russie : l'empire frustré
Les occasions perdues de l'Union européenne
L'essor contrarié des pays émergents
La Chine entre discrétion et affirmation
5. Les puissances à contresens de l'histoire
États faibles et néocolonialisme
Une vision instrumentale du Sud
Le volcan moyen-oriental
Proximité et profondeur civilisationnelle
Nouveaux conflits et " guerres à étages "
Impuissance de la puissance et puissance des faibles
6. La France, des ambitions contrariées aux défis de l'altérité
De la puissance à la " grandeur "
En quête du
leadership européen
Vers un gaullisme sans de Gaulle
Contradictions postcoloniales
Dilemmes et options d'une " puissance moyenne "
Le grand revirement
Un néoconservatisme à la française
Sortir de soi
Après le 13 novembre
Conclusion .