Les économies et les sociétés des États-Unis et de l'Europe sont aujourd'hui au seuil d'une grande bifurcation. À droite, de nouvelles configurations sociales se dessinent sous nos yeux, prolongeant, en dépit de la crise, les voies néolibérales au bénéfice des plus favorisés. L'urgence est grande du basculement vers l'autre branche de l'alternative, à gauche cette fois. Tel est le constat de ce livre, nourri par une enquête sur la dynamique historique du capitalisme depuis un siècle.
Derrière l'évolution aujourd'hui bien documentée des inégalités entre revenus du capital et revenus du travail, et entre hauts et bas salaires, se cache une structure de classes non pas bipolaire mais tripolaire – comprenant capitalistes, cadres et classes populaires –, qui fut tout au long du siècle dernier le terrain de différentes coalitions politiques. L'alliance sociale et surtout politique entre capitalistes et cadres, typique du néolibéralisme, est le marqueur de la droite ; celle entre classes populaires et cadres, qui a caractérisé l'après-Seconde Guerre mondiale en Occident, fut celui de la gauche.
Dans ce livre documenté et engagé, issu de nombreuses années de recherches, Gérard Duménil et Dominique Lévy défendent dès lors une thèse simple reposant sur une idée centrale : la réouverture des voies du progrès social passe par la capacité politique d'ébranler les grands réseaux financiers de la propriété capitaliste et la connivence entre propriétaires et hauts gestionnaires. Telle est la condition pour enclencher un nouveau compromis à gauche entre classes populaires et cadres, et ouvrir les voies du dépassement graduel du capitalisme.
2014-01-30 - Politis
Ce livre, relativement court et très accessible, entend apporter une réponse à une question décisive : comment peut-on rouvrir un chemin pour le progrès social ?
2014-02-12 - Jean-Christophe Le Duigou - L'Humanité
Les trente dernières années se sont illustrées, du moins en Occident, par une régression sociale sans précédent : partant de ce constat, les économistes Gérard Duménil et Dominique Lévy ne se contentent pas dans ce livre d'analyser la dynamique historique qui a conduit à cet état de fait, ils proposent également une grille d'analyse permettant d'inverser cette dynamique. Pour ces deux chercheurs du CNRS, derrière l'évolution des inégalités se cache une structure de classe tripolaire, où l'alliance entre capitalistes et cadres, au détriment des classes populaires, a assuré le triomphe du néolibéralisme. La réouverture des voies du progrès social passera ainsi, selon eux, par la capacité politique d'ébranler les grands réseaux financiers et la connivence entre propriétaires et managers.
2014-03-01 - Le journal du CNRS
Gérard Duménil et Dominique Lévy proposent ici une lecture à la fois dense et nette des phases successives du capitalisme contemporain et des coalitions sociales qui les sous-tendent : l'hégémonie financière du début du siècle ; le compromis régulateur de l'après-guerre ; le retour en force de la finance à l'ère néolibérale. Ils analysent la morphologie du système économique actuel, caractérisé en particulier par la domination restaurée des propriétaires du capital, l'activisme actionnarial et la concentration du pouvoir entre les mains d'un petit nombre d'acteurs financiers.Mais l'ouvrage avance également une thèse politique : considérant que la néolibéralisation de l'Europe n'est pas définitivement acquise, mais que les mots d'ordre maximalistes restent impuissants, Duménil et Lévy appellent à substituer à l'alliance des propriétaires du capital et des cadres un " compromis à gauche " associant, autour d'un programme progressiste, " classes populaires et classes de cadres ".
2014-05-01 - Antony Burlaud - Le Monde diplomatique
Introduction. Les voies du changement social
I / Dynamiques historiques
1. Le capitalisme est-il la fin de l'histoire ?
Socialisation. Les institutions de la propriété capitaliste
Les interventions étatiques et paraétatiques
Les cadres comme classe sociale organisatrice du capitalisme
La structure de classe tripolaire du capitalisme organisé
La Finance capitaliste
Le capitalisme du XXe siècle comme capitalisme managérial : le cadrisme
2. Luttes et compromis dans la dynamique du changement social
Les trois ordres sociaux du capitalisme managérial : la première hégémonie financière, le compromis de l'après-guerre et le néolibéralisme
État et démocratie
Le destin de l'alliance révolutionnaire
Alliances à droite ou à gauche – et leaderships. Socialisme et néomanagérialisme
Rapports de production et ordres sociaux : une relation réciproque
La grande bifurcation
II / L'après-guerre et le néolibéralisme
3. Le compromis " à gauche "
Revenus et patrimoines : une société moins inégalitaire
Un secteur financier au service de la croissance
Dans l'entreprise : une gouvernance cadriste, une alliance salariale
Le gouvernement vecteur du compromis à gauche. Les États de grande taille et la protection sociale
Des économies nationales
4. Continuités et ruptures
Le compromis social sur la lancée du mouvement ouvrier
La brèche des relations internationales
La dissolution du compromis de l'après-guerre
5. Du " coup de 1979 " à la crise de 2008
Le " coup de 1979 " et la déréglementation des années 1980. La crise de la dette dans les périphéries et la crise financière au centre
La grande vague d'exportation du néolibéralisme et les crises des années 1990
La seconde moitié des années 1990 : l'apothéose néolibérale sous hégémonie des États-Unis
La mondialisation en expansion continue. La mondialisation du néolibéralisme en question
Financiarisation, déréglementation et mondialisation. Les déséquilibres croissants de l'économie des États-Unis
2008 : le dénouement
6. L'Europe à l'épreuve du néolibéralisme
De Rome à Maastricht : un projet dissous dans la mondialisation néolibérale
Avant la crise et vers la crise. L'exemple de l'Espagne
Les voies allemande et française
III / Tensions aux sommets
7. La Finance anglo-saxonne : un modèle et un empire
Propriété et gestion dans les secteurs financier et non financier. Le cas du néolibéralisme anglo-saxon
Les transformations des réseaux de la gestion et de la propriété. Les enjeux de pouvoir
L'activisme actionnarial. Les fonds spéculatifs, bras armés du gouvernement d'entreprise néolibéral
Les réseaux de la propriété et du contrôle. L'hégémonie des États-Unis
8. Particularismes européens : industrialisme à l'allemande et financiarisation à la française
Singularités européennes et européanisation
Hors des sentiers du néolibéralisme anglo-saxon : une hybridité néolibérale-néomanagériale
France : les gouvernements bâtisseurs de châteaux de cartes financiers
Allemagne et France : deux formes d'insertion distinctes dans la mondialisation néolibérale
9. L'arène internationale
L'érosion de l'hégémonie des vieux centres
Les désordres de l'accumulation du capital et les déséquilibres des échanges internationaux
La montée du protectionnisme
Des flux financiers volatils. Les périphéries en résistance
IV / Affrontements
10. États-Unis – Europe : ambitions, convergences et divergences des droites
La prolongation des voies du néolibéralisme aux États-Unis
L'embellie états-unienne : une sortie partielle de récession
Les États-Unis peuvent-ils relever le défi de la mondialisation ?
Au centre de l'empire : faire beaucoup, sauf changer l'ordre social
Europe : une situation difficile et une issue déterminante pour l'avenir de l'unité du continent
Le consensus des droites en Europe : une sortie néomanagériale ?
11. Europe : réussir le compromis à gauche, le préserver et le dépasser
Les trois gauches face à la Finance
Définir son projet. Choisir sa société
Gradualisme ou révolution ? Une alliance interclasse
Hégémonie de classe et hégémonie internationale
Briser l'hégémonie financière et reconquérir l'autonomie de la gestion
Briser l'hégémonie anglo-saxonne et reconquérir l'autonomie des politiques dans la mondialisation
Gouverner en commun. Comment éviter que l'histoire se répète ?
Politique -fiction
Notes.