Qui a pris le pouvoir dans les milieux culturels français ? Qui sont ceux qui, aujourd'hui, tirent vraiment les ficelles, et quels sont leurs réseaux ? Ces questions se posent avec d'autant plus d'acuité que le monde de la culture est confronté, en ce début de XXIe siècle, à des bouleversements sans précédent. L'argent privé y prend le relais des deniers publics. Le numérique bouleverse son économie. Ceux qui la financent ne sont plus les mêmes. La culture est devenue une industrie qui s'assume, avec de nouveaux dirigeants qui ont su profiter de cette métamorphose.
Dans Main basse sur la culture, Michaël Moreau et Raphaël Porier enquêtent sur les coulisses de la culture en France, et retracent son évolution depuis trente ans : des secrets de fabrication du cinéma (salaires, castings, budgets, etc.), secteur bousculé par les polémiques depuis deux ans, aux nouvelles méthodes des maisons de disques (contrats, licenciements d'artistes, etc.), en passant par le regain d'intérêt d'hommes d'affaires pour le théâtre ou le pouvoir des chaînes de télévision dans les industries culturelles, jusqu'au lobbying hyperactif des nouveaux géants du numérique – Google, Amazon, Facebook ou Netflix.
Sur tous ces sujets polémiques, une centaine de personnalités – producteurs, grands patrons, cinéastes, politiques ou artistes – ont accepté de raconter, de l'intérieur et sans détour, les rouages de ce monde en pleine mutation.
Michaël Moreau est journaliste. Il a notamment publié aux éditions La Découverte, Le Gouvernement des riches (2004) et avec Aurore Gorius, Les Gourous de la com' (2011, 2012 pour le poche).
2014-09-25 - Bernard Geniès - Le Nouvel Observateur
Dans Main basse sur la culture, les deux journalistes livrent une fresque vivante et minutieuse sur l'envers du décor des industries culturelles. Ce terme, d'ailleurs, comme celui d'économie de la culture, est passé dans le langage commun. Ils campent une galerie de portraits de ces nouveaux acteurs qui font la pluie et le beau temps dans les milieux culturels : François Pinault et Bernard Arnault, dans le domaine de l'art, mais aussi Alain-Dominique Perrin, Jean-Paul Baudecroux, Nonce Paolini, Pascal Nègre, Gérard Louvin, Jean-Claude Camus, etc. Musées, maisons de disques, chaînes de télévision, mécénat, tout y passe. Les auteurs racontent aussi bien l'irruption des fonds de pension dans le secteur du cinéma que la montée en puissance d'entreprises à visées mondiales, comme Live Nation, pour les concerts, mais aussi les nouveaux géants américains de la culture commercialisée que sont devenus Google, Apple, Amazon ou Netflix. ( ...) Le livre se conclut sur une énigme : l'intérêt réel ou simulé de François Hollande pour la culture. Alors que les milieux culturels ont toujours été des soutiens actifs de la gauche, l'actuel président de la République conduit une politique a minima, faute de moyens, qui, selon les auteurs de cette enquête, pourrait conduire à un grand divorce.
2014-10-14 - Alain Beuve Méry - Le Monde
C'est ce constat de la perte d'un enjeu symbolique fort pour la gauche qui traverse comme un fil rouge l'enquête fouillée de deux journalistes, Michaël Moreau et Raphaël Porier, dans leur livre Main basse sur la culture, Argent, réseaux, pouvoir (éd. La Découverte). Explorant toutes les arcanes de la culture, interrogeant une centaine de personnes parmi ses acteurs publics et privés, dans tous les secteurs – musique, cinéma, édition, audiovisuel, spectacle vivant... -, les auteurs mettent à nu sinon une trahison, du moins un renoncement pour la gauche, symbolisé par la baisse du budget du Ministère depuis 2012. "La gauche a perdu le combat de la culture' nous confie Michaël Moreau. (..) Au fil de leur enquête, divisée en chapitres thématiques successifs, les deux auteurs entrelacent au fond les deux motifs essentiels qui éclairent ce qu'ils appellent "la main basse sur la culture' : l'effacement de l'Etat stratège et investisseur ambitieux n'est que le triste pendant d'une nouvelle mainmise des opérateurs privés sur tous les secteurs, des théâtres aux géants du Net. Quoiqu'on pense de l'entreprenariat culturel qui a ses vertus, ou des mécènes, parfois bienvenus dans le dispositif de création culturelle, les politiques ont à repenser le cadre d'une politique publique à l'épreuve des transformations des années 2010. Ce chantier, par-delà les logiques propres à chaque secteur et à ses réseaux spécifiques, reste aujourd'hui ouvert et incertain. Pour contrer les effets de cette "main basse sur la culture', finement analysés par les auteurs, le pays a besoin d'une hauteur de vue. On l'attend toujours, en même temps que les intermittents continuent de s'agiter pour se protéger de la précarité.
2014-10-18 - Jean-Marie Durand et Mathieu Dejean - Les Inrockuptibles
Michaël Moreau et Raphaël Porier sont deux journalistes qui n'ont pas froid aux yeux. Pour répondre à la question : " Qui a pris le pouvoir dans le monde de la culture ? ", ils ont mené l'enquête, interrogé une centaine d'experts. Alors ? Hommes d'affaires, télé, Google, Amazon...Passionnant et passablement inquiétant.
2014-10-20 - Télé Loisir
Pour déclarer sa flamme insistante et dangereuse au monde de la culture, celui de l'argent ne recule devant rien. Même de grands théâtres parisiens ont fini par baisser la garde, à l'instar du plus prestigieux d'entre eux : la Comédie-Française. " Les pièces et tournées de l'illustre troupe se retrouvent ainsi financées par Total, le groupe de conseil financier Grant Thornton, dont le slogan est "l'instinct de croissance', le maroquinier Longchamp, les voitures Renault ou les pneus Michelin ! " pointent les deux journalistes d'investigation. Main basse sur la culture passe au crible tous les secteurs, de la musique au cinéma en passant par la télévision, qui subit désormais la concurrence du service de vidéo à la demande sur Internet, Netflix, dont le siège européen est au Luxembourg. L'attrait des géants américains, Google en tête, pour les paradis fiscaux est abondamment analysé, chiffres à l'appui. L'ensemble fournit un bon état des lieux de la culture en France et des rapports de forces qui la traversent.
2014-10-30 - Laurent Être - L'Humanité