Avec la crise écologique, l'air que nous respirons, l'eau que nous buvons, les forêts qui nous entourent ne sont plus des choses qui vont de soi et que l'on peut traiter avec indifférence. Nous découvrons qu'elles ne sont plus des ressources inépuisables ni des ressources tout court au sens de simples moyens au service de nos propres fins.
Nous n'en avons donc pas fini avec la morale. Mais fabriquer une morale qui inclue les relations que les humains entretiennent avec les animaux, les montagnes, les océans, le climat, etc. implique de nouvelles propositions. Celles-ci ne peuvent pas être la simple déclinaison de principes universels fondés a priori, mais elles doivent s'appuyer sur les multiples expérimentations en cours, engagées aussi bien par des scientifiques que des éleveurs, des économistes, des patients ou encore des activistes se mêlant souvent de ce qui n'est pas censé les regarder.
En s'attachant à décrire au plus près ce à quoi nous tenons et non à prescrire ce qu'il faudrait faire, sans jamais séparer ce souci moral de ses conséquences politiques, Émilie Hache explore de nouvelles façons de prendre en compte ces différents êtres. Elle propose ainsi une approche pragmatiste des questions écologiques : il s'agit en effet d'apprendre à élaborer des compromis afin de se donner une chance de construire un monde commun, exigeant de ne pas s'arrêter à la question : " Qui est responsable ? ", mais d'en accepter une autre, bien plus difficile : " Comment répondre ? "
2007-02-26 - Lectures
Comment penser la morale en temps de crise écologique - qui est la fois scientifique, politique et morale - sans verser dans le moralisme ? Est-il même possible de définir une morale écologique ? La philosophe Emilie hache tente de répondre à ces questions, dans un travail rapprochant les inspirations du philosophe allemand Hans Jonas (1903-1933) et du sociologue Bruno Latour.
2011-02-04 - Hervé Kempf - Le Monde des Livres
Il ne s'agit pas, nous est-il dit clairement au début de ce livre très dense, de faire de l'écologie "un nouvel objet" d'études, d'étendre la morale à la nature. Ceci reviendrait au discours moralisateur habituel: nous habitons la planète, nous devons la respecter, ses richesses ne sont pas inépuisables, il faut préserver les générations futures. Pour Emilie Hache, l'un des temps forts est l'effacement de tout distinguo entre humains et non-humains. De fait, nous avons affaire à des parcs peuplés d'animaux, ceux-ci entretiennent avec l'homme des rapports, tout ceci créant un donné de configurations déjà multiple. Ceci permet de définir par "morale écologique" le fait de s'intéresser non pas à la nature, mais à la façon dont nous pouvons vivre ensemble.
2011-02-08 - André Masse-Stamberger - Le Quotidien du médecin
[...] l'ouvrage original donne un souffle nouveau à la grande idée de justice sociale et écologique.
2011-02-16 - Jean-Paul Déléage - La quinzaine littéraire
Emilie Hache propose d'en finir avec les politiques écologistes moralisatrices. Pour nous faire sortir de notre torpeur, cette philosophie inverse la morale de l'histoire. "Morale" prend ici un sens particulier: c'est elle qui permet de se positionner politiquement, de regarder le monde depuis "ce à quoi nous tenons". L'auteur propose d'écouter ceux qui expérimentent les liens entre humains et non-humains - scientifiques, éleveurs, militants, économistes... En découle une philosophie pragmatique attaché à la nécessité de construire un monde commun.
2011-03-01 - Aline Pénitot - Regards
Un texte stimulant, écrit avec simplicité, quoique avec des références précises pour qui veut penser plus loin.
2011-04-01 - Silence
Introduction
Crises écologiques
Hériter d'une histoire européenne
Une responsabilité écologique pragmatique
I / Faire une différence
1. Changer de question
Une responsabilité morale " écologisée " - Réouvrir la question des fins - Répondre à des appels - Changer de question
2. Comment répondre ?
Une nouvelle figure du philosophe moral - Relativiser - Faire appel à l'expérience - Élaborer des compromis
Maintenir " portes et fenêtres ouvertes "
II / Se mêler de ce qui n'est pas censé nous regarder
3. " Crise des valeurs ? Non, crise des faits ! "
Qui compose notre collectif ? - Un compromis moral à inventer - Une figure de la nature imprévisible et indifférente : Gaïa - Une insurmontable faute logique ?
4. Moraliser l'économie ?
" Pas en son nom ", mais pas sans elle - Internaliser l'écologie = moraliser l'économie ? - Évaluer le " prix juste " - Le calcul de la surpopulation - Annexe. Shallow /deep ecology : une polémique française
Une situation tragique
III / Composer un monde commun
5. Changer de temporalité : (re)faire attention à l'avenir
Éthique de la responsabilité versus éthique du progrès - Réexpérimenter un souci pour l'avenir - Les scénarios : un lieu de cohabitation entre les générations ? - Une responsabilité morale hyperbolique
6. Écologies politiques
Réarticuler la politique et la morale - L'émergence de nouveaux publics - La proposition de responsabilité partagée face à l'épidémie de sida - Cultiver une intelligence collective - Reclaiming Commons
Ralentir
Dogville, ou le récit d'une hospitalité ratée
Bibliographie