Pas un jour sans que vous entendiez quelqu'un soupirer : " Je fais un boulot de merde. " Pas un jour peut-être sans que vous le pensiez vous-même. Ces boulots-là sont partout, dans nos emplois abrutissants ou dépourvus de sens, dans notre servitude et notre isolement, dans nos fiches de paie squelettiques. Ils se propagent à l'ensemble du monde du travail, nourris par la dégradation des métiers socialement utiles comme par la survalorisation des professions parasitaires ou néfastes.
Comment définir le boulot de merde à l'heure de la proliféra-tion des contrats précaires, des tâches serviles, des burn-out ? Pourquoi l'expression paraît-elle appropriée pour désigner la corvée de l'agent de nettoyage ou du livreur de naans au fromage, mais pas celle du conseiller fiscal ou du haut fonctionnaire attelé au démantèlement du code du travail ?
Pour tenter de répondre à ces questions, deux journalistes ont mené l'enquête pendant plusieurs années. Du cireur de chaussures au gestionnaire de patrimoine, du distributeur de prospectus au personal shopper qui accompagne des clientes dans leurs emplettes de luxe, de l'infirmière asphyxiée par le lean management au journaliste boursier qui récite les cours du CAC 40, les rencontres et les situations qu'ils rapportent de leur exploration dessinent un territoire ravagé, en proie à une violence sociale féroce, qui paraît s'enfoncer chaque jour un peu plus dans sa propre absurdité. Jusqu'à quand ?
Olivier Cyran est journaliste et traducteur. Il a notamment publié, avec Julien Brygo, Boulots de merde ! Enquête sur l'utilité et la nuisance sociales des métiers (La Découverte, 2016, 2023).
2016-09-01 - Igor Martinache - Alternatives Économiques
Qu'est-ce qu'un " boulot de merde " ? L'expression est triviale, mais bien présente dans les conversations. Journalistes spécialisés dans l'enquête sociale, Julien Brygo et Olivier Cyran tentent d'apporter une réponse dans un livre mêlant enquête de fond et reportages d'une rare opiniâtreté, notamment lorsqu'il s'agit d'aller interroger les maîtres d'oeuvre de (presque) chacune des situations présentées.
2016-10-06 - Jérôme Anciberro - La Vie
Ils sont cireurs de chaussures, infirmiers, distributeurs de prospectus, ou gestionnaire de patrimoine... Leur point commun: ils font des boulots de merde. Julien Brygo et Olivier Cyran, journalistes, qui, comme ils le confient d'emblée "font partie du club", ont décidé d'aller à la rencontre de ces métiers, y compris les plus utiles socialement, rongés par la précarisation. Avec une plume acerbe et un brin de cynisme, ils font un état des lieux partiel mais édifiant de la "merditude du travail" aujourd'hui à travers les récits des travailleurs, qu'ils mettent en perspective avec les mesures gouvernementales et les nouvelles techniques de management.
2016-10-07 - Manon Legrand - Alter Echos
Mais " qu'est ce qui nous prend au juste d'assimiler le travail d'un Jean-Pierre Gaillard [ex-chroniqueur à boursier] à un boulot de merde ? " s'interrogent-ils. C'est là tout le propos de l'ouvrage. Bien au-delà des témoignages, l'intérêt du livre est de poser la question de l'utilité sociale des métiers. La valeur du travail ne devr ait-elle pas tenir compte de ce qu'il apporte à la société ?
2016-12-12 - Anne Rodier - Le Monde
Introduction. Le continent des boursiers
1. Au salon des petits boulots de merde : " Ayez des yeux de vainqueurs "
Léa, 24 ans, plante verte dans un palace parisien
2. Le service civique, ou les volontaires du travail obligatoire
Yasmine, 30 ans, préparatrice de sandwiches dans une multinationale alimentaire
3. Le " business en plein renouveau " des cireurs de souliers
Michel, 42 ans, enquêteur dans un institut de sondages
4. Emplois poubelle pour prospectus jetable
Abel, 30 ans, livreur à vélo pour une " appli " de repas à domicile
5. Les " héros anonymes " du contrôle aux frontières
Alain, 54 ans, ouvrier sous-traitant dans une usine de farine
6. Les nouveaux forçats du commerce de luxe
Jessica, 38 ans, responsable santé dans une usine Seveso
7. Toyotisation des hôpitaux : les malades sont-ils des voitures comme les autres ?
Thomas, 30 ans, contrôleur dans une société d'audit financier
8. De l'utilité sociale des hommes d'argent
9. " C'est la lutte collective qui redonne du sens à notre boulot "
Remerciements.