La mode est l'une des plus puissantes industries du monde : elle représente 6 % de la consommation mondiale et est en croissance constante. Depuis les années 1980 et l'entrée dans l'économie néolibérale, elle est devenue l'image étincelante du capitalisme, combinant prestige, pouvoir et beauté. Pourtant, cette industrie, qui apparaît comme un horizon professionnel hautement désirable, repose principalement sur du travail précaire, et ce aussi bien là où la production est externalisée qu'au cœur de la production créative du luxe, comme les prestigieux ateliers des maisons de couture.
À partir d'une enquête en immersion auprès des travailleurs créatifs de cette industrie (stylistes, mannequins, créateurs indépendants, coiffeurs, maquilleurs, vendeurs, journalistes, retoucheurs, stagiaires, agents commerciaux, etc.), ce livre décrypte les dynamiques d'exploitation et d'autoexploitation à l'œuvre derrière la façade glamour de la mode.
Des séances de shooting pour magazines spécialisés à la collaboration auprès d'un créateur de mode, en passant par des entretiens avec des stylistes travaillant pour de célèbres maisons de luxe et de couture, cette enquête dévoile les dynamiques invisibles sur lesquelles repose l'industrie de la mode pour mieux la " déglamouriser ".
Prologue
La mode et le rêve
Introduction. Quand la mode fait système
Les années 1980 : "
Dress for succes "
Les années 1990 : l'" impérialisation " de la mode
La
New Economy et le culte de la créativité
Anonymat
I/ Mode et capitalisme, le système producteur de rêve
1. Fabriquer le désir : presse et publicité
Shooting Heidi
Les images de mode, intermédiaires entre production et consommation
Le rêve de la transformation
2. La haute couture, l'apothéose du rêve
Shooting Abîr
Qu'est‑ce que la haute couture ?
L'histoire d'une robe de haute couture
Les clientes
La haute couture, une affaire qui marche ?
La haute couture : tisser l'image de la France et de Paris dans le monde
Décliner le rêve
3. La circulation du rêve : mode et mondialisation
Pedro et la malédiction du " made in China "
Corinne face à la Chine
Les locaux et les cosmopolites : Chloé, Micaela et le charme ancestral des ouvriers délocalisés
Chloé
Micaela
Défilés privés et inégalités globales
Élites locales, élites globales
La mode et le monde
II/ Le travail dans la mode ou " la chande d'être là "
4. Au seuil du rêve, les vendeurs
Gilbert et le rêve du luxe
Vendre le rêve : David et les ambassadeurs de la marque
5. Plus de prestige, moins d'argent. La règle du jeu du travail dans la mode
Shooting Mena
Le travail gratuit dans la mode : l'exemple du mannequinat
Les agences
Le corps comme capital
La règle du jeu des économies de la mode
La visibilité comme rémunération ?
Le travail dans la mode comme travail postfordiste
6. Prestige et précarité. Géographies symboliques et matérielles
Mia en son intérieur
La valeur des objets
Entre luxe et précarité
Les villes de la mode
La précarité de l'entre‑deux
7. Au cœur du rêve : les stylistes
Thierry, styliste
Thierry et Karl
Thierry après Karl
Le parcours de Thierry : cinquante ans d'histoire de la mode
Les transformations du travail de Thierry
Thierry versus Karl, une question de visibilité
Elsa. Le travail de styliste aujourd'hui
La règle du jeu chez les stylistes
Marguerite : itinéraire d'une free‑lance
Retisser les trames
Maintenir les opacités
III/ Le rêve à l'échelle des travailleurs
8. Chez un créateur de mode
Ma rencontre avec Franck
Le début de notre collaboration
La suite du " stage "
Le départ et l'arrivée à Paris
Des projections désirables
Le jour du défilé
Démêler les émotions
9. Savoir être là. Les relations dans le travail
Shooting à Deauville
La tyrannie du cool
Les relations flexibles du travail cognitif
10. Entrer, se faire, tenir et s'en sortir dans la mode
Entrer
Se faire
Tenir
S'en sortir
La mode : quelle place pour l'exception ?
Conclusion
Élargir la maille
Ce que la mode nous apprend