" Le grand frisson qu'éprouva Bougainville/Ce fut un soir à Nouméa/De voir les feux du Triangle immobile/Ruisseler sur les bougainvillées... " À ceci près que Bougainville ne visita jamais la Nouvelle-Calédonie mais Tahiti, Jean Giraudoux a vu juste sur son destin. Le navigateur n'a-t-il pas lui-même mis " l'espoir de [sa] renommée dans une fleur " ?
Nourri de l'esprit de l'Encyclopédie, il est parti, écrit Diderot, " avec les lumières nécessaires et les qualités propres à ses vues : de la philosophie, du courage, de la véracité ; un coup d'oeil prompt qui saisit les choses et abrège le temps des observations ; de la circonspection, de la patience ; le désir de voir, de s'éclairer et d'instruire ; la science du calcul, des mécaniques, de la géométrie et de l'astronomie, et une teinture suffisante d'histoire naturelle ".
Tel est Bougainville, qui fut le plus puissant propagateur en France du mythe des mers du Sud. En partie malgré lui, car l'homme est d'un naturel réaliste et sceptique. S'il n'a pas l'esprit méthodique et l'efficacité d'un Cook, sa culture et sa curiosité sont celles d'un " honnête homme ", au sens où l'entend son siècle, entouré de compagnons aussi attentifs que lui. Leurs observations et leurs réflexions contribuent à fonder une vision, une pensée anthropologique dont nous sommes encore tributaires.
Né et mort à Paris, loin des océans, Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811) est mathématicien de formation, auteur d'un Traité du calcul intégral. Il devient capitaine de frégate en 1763. Il sera le premier Français à faire le tour du monde. Le récit de sa fantastique aventure autour du globe, publié en 1771, rencontre un succès extraordinaire, dont se fera l'écho un an plus tard, le célèbre Supplément de Diderot. Dix ans plus tard, désormais sous le règne de Louis XVI, Bougainville traversera l'Atlantique pour participer à la guerre d'indépendance des États-Unis. Son Voyage reste l'un des livres emblématiques des récits d'explorateurs.
Introduction, par Louis Constant
Au roi
Discours préliminaire
I. Objet du voyage
II. Situation de la ville de Buenos Aires
III. Février 1767. Départ de Montevideo
IV. Départ de Rio de Janeiro
V. Date d'établissement des missions au Paraguay
VI. L'Étoile descend de Baragan à Montevideo
VII. Difficultés du passage le long de l'ïle Sainte-Elisabeth
VIII. Janvier 1768. Direction de la route en sortant du détroit
IX. Descente à terre dans l'île de Tahiti
X. Position géographique de Tahiti
XI. Départ de Tahiti
XII. Direction de la route en quittant les grandes Cyclades
XIII. Navigation depuis le port de Praslin
XIV. Septembre 1768. Difficultés de la navigation dans les Moluques
XV. Cérémonial à l'arrivée à Batavia
XVI. Détails sur la route à faire pour sortir de Batavia
Cartes.