Des quartiers populaires aux Gilets jaunes, la question des violences policières est désormais centrale dans la société française. La transition entre une démocratie représentative, fondée sur la séparation des pouvoirs, et un État policier les fusionnant commence à être documentée par des sociologues et historiens, montrant qu'en laissant les coudées franches aux forces de l'ordre, le pouvoir politique finit par s'y aliéner.
Or, si les violences policières peuvent se systématiser, c'est qu'elles sont sous-tendues par d'autres abus, moins spectaculaires, plus raffinés et éloignés des caméras, qu'il faut bien nommer pour ce qu'ils sont : des " violences judiciaires ". L'interpellation, la garde à vue, le jugement et l'emprisonnement des opposants politiques, d'un côté ; l'immunité accordée aux forces de l'ordre, de l'autre : c'est à chaque fois le pouvoir judiciaire qui valide ou actionne les agissements de la police. Dans un état d'urgence permanent, où la lutte contre le terrorisme semble tout autoriser, on assiste à une surenchère des arrestations, procès politiques et condamnations, qui brisent de plus en plus de vies.
C'est depuis son expérience " intime " de la répression, au cœur de la machine judiciaire, que Raphaël Kempf analyse les mécanismes judiciaro-policiers qui limitent de plus en plus gravement la capacité des citoyens à s'exprimer.
Introduction
1. La justice contre les manifestants
Policiers en grève, une bonne nouvelle pour les libertés – Procureurs, CRS, un même combat pour le maintien de l'ordre – Dans les geôles du tribunal : les obscures décisions des substituts du procureur de la République – Une ministre de la Justice ne devrait pas dire ça
2. La justice antiterroriste, une justice politique qui ne dit pas son nom
Brève histoire de l'antiterrorisme à la française – Des cours spéciales sans jurés. – Le terrorisme sans but terroriste – Une confiance aveugle dans la police – Quelle critique de la justice antiterroriste ?
3. Quand la justice protège la police
L'absence de poursuite ou des poursuites a minima – Il n'y a pas de monopole de la violence légitime
4. La liberté d'expression des opinions légitimes
La destruction de la loi de 1881 au nom de la " liberté d'expression ", retour sur une hypocrisie – Le retour des délits d'opinion politique
Conclusion. Se défendre
Remerciements