La société française apparaît de plus en plus fragmentée. Quand l'entresoi devient la règle, quand l'indifférence, les humiliations ou les agressions se multiplient entre des univers différents qui semblent sans cesse davantage s'éloigner les uns des autres, brisant le sentiment d'appartenir à la même communauté républicaine, il est urgent de comprendre comment nous en sommes arrivés là et de réagir.
Dans cette nouvelle édition, actualisée et enrichie, de son ouvrage initialement intitulé Sortir de la violence par le conflit, paru en 2008, Charles Rojzman propose de prolonger la réflexion sur la thérapie sociale qu'il mène depuis de nombreuses années en France et à l'étranger, dans les banlieues et dans les milieux les plus divers, consistant à réhabiliter le conflit comme moyen de transformer la violence. Car, pour sortir de la violence, il ne s'agit pas d'éviter le conflit, mais au contraire de lui donner un cadre d'expression pour qu'il ne dégénère pas en haine.
À partir de nombreuses expériences de terrain, l'auteur nous montre comment, en suscitant la rencontre, dans un cadre précis de thérapie sociale, entre des personnes, des groupes ou des institutions qui se haïssent, se méprisent ou s'ignorent, il est possible de sortir du sentiment d'impuissance, de restaurer les liens et de contribuer à l'émergence d'une démocratie forte. Les outils proposés visent à former des individus démocrates, capables de résister aux endoctrinements et aux psychoses collectives, et à modifier les fonctionnements institutionnels afin de favoriser l'exercice de la raison critique, de la responsabilité et de la sociabilité.
Pour éviter le pire.
Créateur d'une méthode transdisciplinaire de thérapie sociale, Charles Rojzman intervient depuis les années 1990 dans les banlieues françaises, où il anime des groupes de confrontation sur les questions du vivre ensemble et forme des acteurs de terrain et des personnels des services publics à l'exercice de leur profession dans un contexte de crise. À l'étranger (en particulier aux États-Unis et dans les pays du Caucase), il mène des actions sur les conflits et les cohabitations interethniques.
2016-03-07 - Non-Violence Actualité
Introduction
I / Diagnostic subjectif sur le vivre ensemble
1. Vivre ensemble
Réhabilitons la peur et le conflit
Une multiculturalité sans légèreté de coeur
Peut-on parler de "maladie sociale" ?
Les banlieues, le mal désigné
Pourquoi une thérapie "sociale"
2. De l'impuissance face aux crises
Les quatre crises principales
La crise du travail - La crise du lien social - La crise de l'autorité - La crise du sens
Agir d'urgence sur la crise de l'autorité et le lien social
Des parents démunis et impuissants - Un manque généralisé de lien
Impuissance du bas et impuissance du haut
La difficulté d'impliquer les responsables dans un processus de coopération - Les peurs des responsables et les obstacles à la coopération
Les manques et l'inadaptation des institutions
Des institutions parfois inadaptées - Le décalage entre les discours et les actes - Le manque de partenariat
3. Les séparations et les oppositions
La séparation des milieux
L'illusion de " connaître " l'autre : fantasmes et préjugés - De la séparation des milieux aux replis identitaires - Un multiculturalisme mal géré - L'apparition progressive d'un nouveau racisme " anti-blanc " - La réalité du racisme - L'idéologie - Une " guerre civile " dans les têtes ? - Des ghettoïsations
Les représentations et les préjugés
Reconnaître nos préjugés pour mieux appréhender la réalité - Des masques pour soi-même et pour les autres
Un besoin de parole conflictuelle
Un besoin de parole conflictuelle entre institutions - Des accusations réciproques
II / Transformer la violence en conflit
4. Les violences
Qu'est-ce que la violence ?
La violence partout et sous toutes les formes - La violence pour pallier la souffrance et l'impuissance - Subir et être violent - Le ras-le-bol des violences quotidiennes - Prendre conscience des multiples formes de la (sa) violence - La violence est une solution - La dépression et l'autodestruction sont des solutions
La violence spécifique de la jeunesse dans les quartiers
Mépris et rébellion - Dévalorisation et humiliation - Un outgroup idéal
La victimisation
Les impasses de la victimisation - Le manichéisme et la difficulté d'admettre le mal en soi
5. Le besoin de conflit
Les limites du dialogue
Les risques du vivre-ensemblisme - Qu'est-ce que vivre ensemble ?
Prendre en compte la vie psychologique - Une folie " ordinaire " ?
La " folie " ordinaire des gens " sains " - Une culpabilité rentrée source de violence Comprendre et entendre la violence
Écouter une première expression " négative " - Le conflit pour sortir de la violence - Le conflit dans un climat de confiance - Le véritable dialogue est un conflit
III / Obstacles et remèdes au vivre ensemble
6. Les étapes d'un processus de changement
Instaurer des relations de confiance
Une " pré-tâche " et un cadre nécessaires - Transmettre l'écoute " thérapeutique "
Rompre avec le sentiment d'impuissance
L'harmonisation des motivations - Exprimer ses espoirs, ses attentes et ses craintes
Cesser d'avoir peur de l'autre et surmonter ses préjugés
Les masques - Les clans - Les paralysies du groupe - Les souffrances - Rejouer la paralysie sociale pour la dépasser
Changer la relation à l'autorité
L'invention d'un nouveau modèle d'autorité - La notion d'autorité imparfaite ou le " guérisseur blessé "
En finir avec la victimisation
Une posture paralysante - S'accepter tel que l'on est pour se sentir responsable - Les vertus de la responsabilité - La responsabilité pour sortir de l'impuissance
Créer une intelligence collective
Les paralysies de l'intelligence - Travailler avec les non-volontaires - Intelligence collective et objectif commun
7. Des perspectives pour agir
Bilan de mes groupes de projet
Des possibilités d'échec des actions - Des résistances au changement - Un déficit de mobilisation globale
Changer les institutions et changer les individus
Les " jardiniers de la folie " - Vers plus de démocratie - Créer un environnement moins pathogène - Développer la capacité de rencontre et de coopération - De nouvelles formations - Vers un projet commun
Conclusion.