Vers l'écologie de guerre
Une histoire environnementale de la paix

Pierre Charbonnier

L'étrange hypothèse qui structure ce livre est que la seule chose plus dangereuse que la guerre pour la nature et le climat, c'est la paix. Nous sommes en effet les héritiers d'une histoire intellectuelle et politique qui a constamment répété l'axiome selon lequel créer les conditions de la paix entre les hommes nécessitait d'exploiter la nature, d'échanger des ressources et de fournir à tous et toutes la prospérité suffisante. Dans cette logique, pour que jalousie, conflit et désir de guerre s'effacent, il fallait d'abord lutter contre la rareté des ressources naturelles. Il fallait aussi un langage universel à l'humanité, qui sera celui des sciences, des techniques, du développement.
Ces idées, que l'on peut faire remonter au XVIIIe siècle, ont trouvé au milieu du XXe une concrétisation tout à fait frappante. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le développement des infrastructures fossiles a été jumelé à un discours pacifiste et universaliste qui entendait saper les causes de la guerre en libérant la productivité. Ainsi, la paix, ou l'équilibre des grandes puissances mis en place par les États-Unis, est en large partie un don des fossiles, notamment du pétrole.
Au XXIe siècle, ce paradigme est devenu obsolète puisque nous devons à la fois garantir la paix et la sécurité et intégrer les limites planétaires : soit apprendre à faire la paix sans détruire la planète. C'est dans ce contexte qu'émerge la possibilité de l'écologie de guerre, selon laquelle soutenabilité et sécurité doivent désormais s'aligner pour aiguiller vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce livre est un appel lancé aux écologistes pour qu'ils apprennent à parler le langage de la géopolitique.

Version numérique : 16.99 €
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Détails techniques
Collection : Sciences humaines
Parutions : 29/08/2024
Format : EPub
ISBN numérique: 9782348072222

Pierre Charbonnier

Pierre Charbonnier
Pierre Charbonnier, philosophe, agrégé et docteur en philosophie, est actuellement chargé de recherches au CNRS et enseignant à Sciences Po. Il est l'auteur de La Fin d'un grand partage (CNRS, 2015), d'un livre d'entretiens avec Philippe Descola, La Composition des mondes (Flammarion, 2014), d' Abondance et liberté (La Découverte, 2019) et de Culture écologique (Presses de Sciences Po, 2022).

Table des matières

Introduction. L'ordre mondial dans le piège des fossiles
1. Au nom de la paix
Aux racines de l'impasse climatique
L'énergie du pacifisme
La guerre et le climat comme menaces existentielles
La démocratie, la croissance et la paix
Le pouvoir et la Terre
L'histoire environnementale des relations internationales
2. Exorciser la violence, gouverner la Terre
La guerre, au coeur du politique
La force civilisatrice du cosmopolitisme
La science de la paix
L'harmonie industrielle
Impasses et contradictions du pacifisme libéral
3. Le confinement planétaire et l'horizon de la guerre
L'effondrement de la promesse libérale ?
La clôture de la frontière
The world really is a small place
Le nomos de la Terre
4. Les infrastructures de la paix
La solidarité de production
Planifier la paix mondiale
Rouvrir la frontière
L'épistémologie politique de la croissance
D'une menace existentielle à l'autre
5. Trois mondes, une planète
Nord-Sud, Est-Ouest
Les ressources de l'indépendance
Strangelove ecology
6. L'impuissance écologique des nations
Les dilemmes de l'action climatique internationale
Environnement et relations internationales au XXe siècle
Le retour de la tragédie planétaire ?
La grammaire libérale de l'environnementalisme
La diplomatie climatique : entre légitimité et efficacité
La fin de la diplomatie ?
7. Climat et puissance au XXIe siècle
Le tournant des années 2020
Une guerre contre le climat ?
Pour un réalisme écologique
Nord Stream au coeur de l'histoire européenne
L'écologie de guerre
La puissance des faibles : la transition vue du Sud
La nouvelle ligne de clivage
Conclusion. Justice et réalisme : la paix après les fossiles
Remerciements.