LGBTQ au travail
Revue Travail, genre et sociétés
Les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans' et/ou queer (LGBTQ) sont généralement invisibles dans les enquêtes de sciences sociales sur les milieux de travail. Quand elles sont mentionnées, c'est principalement sous l'angle des politiques de gestion de la " diversité ", qui commencent à les inclure timidement comme catégorie cible [Falcoz et Decuwe, 2019]. Si la sociologie du travail a été au cœur de l'élaboration de la sociologie des rapports sociaux de sexe et du féminisme matérialiste, elle a longtemps été réticente à intégrer la question de la sexualité sur ses terrains [Colgan et Rumens, 2015 ; Williams et Giuffre, 2011] et ce, particulièrement en France [Clair, 2013]. Les disciplines académiques n'échappent pas non plus à certains biais hétéronormatifs – lorsque l'on présuppose l'hétérosexualité des individus – et cisgenres lorsque l'on présume que les personnes se reconnaissent dans la catégorie de sexe qui leur a été assignée à la naissance. Ce dossier invite à réfléchir aux apports de l'articulation entre analyses du travail et études sur les personnes LGBTQ. Cet objectif est d'autant plus crucial que le champ des études gaies et lesbiennes (que les sources de financement ont souvent amenées à se concentrer sur la santé et le VIH), aujourd'hui étendu aux études queer et trans', a lui-même délaissé cet objet de recherche. Rares sont les scientifiques venant des études LGBTQ à s'intéresser de près aux questions professionnelles, exception faite du travail du sexe. Malgré une introduction récente des approches matérialistes au sein des études trans' [Clochec et Grunenwald, 2021] et l'émergence de recherches sur les minorités sexuelles et de genre dans les services publics [Prauthois et Biland, 2022], les sujets de l'accès à l'emploi, des parcours et des interactions professionnelles ou encore des institutions du travail demeurent marginaux. Pour les réintégrer dans les études LGBTQ, ce dossier invite à se défaire de conceptions hétéro- et cisnormatives du travail.
Nb de pages : 248
Dimensions : 16.0 * 24.0 cm
Revue Travail, genre et sociétés
Elle a pour vocation de confronter les points de vue de chercheurs (sociologues, économistes, juristes, historiens, etc.) sur les inégalités entre hommes et femmes au travail et, plus largement, sur la place des femmes dans la société.
La revue a été éditée par L'Harmattan (jusqu'en 2004) puis par Armand Colin (de 2005 à 2008).
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Table des matières
Parcours
Youmna Makhlouf, une avocate des libertés sexuelles au Liban,
par Hadrien Clouet
Dossier,
coordonné par Emmanuel Beaubatie, Sébastien Chauvin et Sophie Pochic
LGBTQ au travail. Entre discriminations et émancipations
Introduction,
par Emmanuel Beaubatie, Sébastien Chauvin et Sophie Pochic
Existe-t-il un " avantage lesbien " dans les professions dominées par les hommes ? Une analyse intersectionnelle,
par Tessa Wright, traduction par Marion Beaujard
Un mec comme les autres ? Comment les hommes trans' rendent le genre visible au travail,
par Kristen Schilt, traduction par Hélène Windish
Militer de l'intérieur : les stratégies des réseaux professionnels LGBT,
par Lisa Buchter
La diversité est-elle soluble dans la lutte des classes ? Les droits LGBT, un nouveau défi syndical,
par Estelle Fisson
Carrière
queer et (dés)engagements professionnels : à la recherche d'une radicalité soutenable,
par Alice Caudron
Mutations
Des hommes de qualité. Genre et (dé)qualification dans des formations " féminines " du supérieur,
par Alice Olivier
Des mères de famille au chevet des avortantes : une stigmatisation renouvelée dans les centres d'interruption volontaire de grossesse,
par Laurine Thizy
Contreverse,
coordonnée par Fanny Gallot et Alban Jacquemart
Quelles pratiques féministes de la non-mixité ?
Introduction,
par Fanny Gallot et Alban Jacquemart
Non-mixités féministes et inclusion des personnes trans' : un clivage générationnel ?
Par Émeline Fourment
Un groupe femmes non mixte en lycée : retour sur une expérience polémique,
par Groupe femmes d'un lycée de la région Grand Est
" À cause des garçons " : la non-mixité des Rosies dans le mouvement social,
par Youlie Yamamoto
Organiser la grève féministe en Suisse. La mixité choisie comme levier d'émancipation,
par Tamara Knezevic, Vanessa Monney et Maria Pedrosa
Handi-féminisme. La double non-mixité des Dévalideuses,
par les Dévalideuses
Critiques
Regard sur...
Le genre au travail : recherches féministes et luttes de femmes, de Nathalie Lapeyre, Jacqueline Laufer, Séverine Lemière, Sophie Pochic et Rachel Silvera (dir.)
et
Travail gratuit et grèves féministes, de Silvia Federici, Maud Simonet, Morgane Merteuil et Morgane Kuehni (dir.),
par Estelle Fisson
Trouble dans la matière. Pour une épistémologie matérialiste du sexe, d'Audrey Benoit,
par Pauline Clochec
La Querelle des femmes, ou "n'en parlons plus', d'Éliane Viennot,
par Catherine Deutsch
Le privilège occidental. Travail, intimité et hiérarchies postcoloniales à Dubaï, d'Amélie Le Renard,
par Nasima Moujoud
Transfuges de sexe. Passer les frontières du genre, d'Emmanuel Beaubatie,
par Christine Dourlens
Ouvrages reçus
Auteur∙e∙s
Résumés.
