" Cet auteur ne cesse pas d'offenser ", disait de Stendhal le philosophe Alain. De fait, Stendhal offense, heurtant les opinions convenues et bousculant les modèles reçus de la représentation. Il y va d'une forme d'engagement qui naît à même l'écriture, engagement d'abord littéraire, qui met en jeu le roman dans sa forme et ne craint pas de transgresser les règles implicites qui le gouvernent. Jacques Dubois montre dans ce livre que ce grand écrivain des enchantements amoureux est aussi le romancier le plus authentiquement politique que la France ait connu au XIXe siècle, décrivant sans pitié la glaciation que connut la société française durant la Restauration et la monarchie de Juillet. Tout le problème de Stendhal est en réalité de conjuguer deux mondes apparemment incompatibles, celui de la politique et celui de l'amour. Sa solution : faire de la passion amoureuse le lieu même de l'opposition politique. Or, dans ce jeu complexe, ce sont les femmes qui entraînent des héros moins résolus, tels que Fabrice Del Dongo et Julien Sorel, dans des actes éclatants de profanation symbolique. Plus généralement, la sociologie romanesque de Stendhal décrit chez ses personnages une lutte individuelle et collective pour la reconnaissance, qui met en cause tant le déterminisme des appartenances que les tyrannies du quotidien. Des personnages qui en disent long sur les rapports de société et sur ce que l'évidence de ces rapports dissimule. Au gré de ces épisodes, une science du social se fait jour, une science vagabonde, qui ne se réclame pas d'un programme explicite. Mais la lecture de Jacques Dubois montre aussi à travers quels biais l'auteur du Rouge et le Noir, au-delà de ses ambitions esthétiques, a ouvert la voie aux sciences sociales et les a accompagnées dans leurs développements.
Jacques Dubois est professeur émérite de l'université de Liège, tourné vers les rapports entre littérature et sociologie. Il est l'auteur de Pour Albertine. Proust et le sens du social (Seuil, 1997) et des Romanciers du réel (Seuil, 2000). Il a assuré avec B. Denis l'édition des Romans de Simenon dans la Bibliothèque de la Pléiade (2 vol., 2003).
" Professeur émérite de l'Université de Liège, Jacques Dubois propose une lecture de Stendhal qui montre que l'admirable auteur de La Chartreuse de Parme et du Rouge et le Noir est non seulement le grand écrivain des "enchantements amoureux" qu'on sait mais aussi "le romancier le plus authentiquement politique que la France ait connu au XIXème siècle, décrivant sans pitié la glaciation que connut la société française durant la Restauration et la Monarchie de Juillet". Un Stendhal incomparable, qui fit "de la passion amoureuse le lieu même de l'opposition politique. "
LA LIBRE BELGIQUE
" Il fallait être profondément frustré pour décrire la frustration avec tant de vérité. C'est du fait même qu'il se sentait mis sur la touche que Stendhal, le marginal, a pu tirer en plein concert ce coup de pistolet littéraire qui n'a pas fini de résonner en nous. Avec Jacques Dubois, sachons rendre hommage à ce maître de lucidité, de l'humour et de la désespérance. "
LE SOIR
" Stendhal, romancier de l'énergie, de l'ambition contrariée, de l'amour calculé (Julien Sorel du Rouge et le noir), emporté (Fabrice Del Dongo, la Sanséverina, Clélia Conti, dans La charmeuse de Parme), précurseur du romantisme, républicain de coeur, aristocrate des sentiments... les topoï sur lui abondent, pas faux mais usés. Une étude très stimulante vient heureusement étendre les perspectives au-delà des clichés. On la doit à Jacques Dubois, critique littéraire, qui ne cache pas sa dette à l'égard de Bourdieu. "
LE MONDE
" Dubois relit chaque roman de Stendhal par le prisme d'une sorte de féminisme supposé de l'écrivain. Passionnant. "
LES INROCKUPTIBLES
" L'analyse de Jacques Dubois qui emprunte à la sociologie un grand nombre de notions nous éclaire non seulement sur la littérature du début du XIXème siècle en tant que telle, mais montre aussi en quoi celle-ci a pu préparer les esprits à la naissance, à partir d'Auguste Comte, d'une science de l'objectivation des faits sociaux. Cet essai d'une lecture agréable, qui échappe aux pesanteurs de nombreuses thèses académiques, fait redécouvrir le corpus stendhalien sous un angle d'approche nouveau, qui peut aussi servir à la réflexion sur l'époque actuelle. "
PARUTIONS.COM
" On n'en a jamais fini avec Stendhal. L'essai de Jacques Dubois, professeur émérite à l'Université de Liège, touche au coeur non seulement de la sociologie romanesque de Stendhal, mais aussi de ses poétiques. "
LE BULLETIN DES LETTRES
" L'étude que lui consacre (à Stendhal) Jacques Dubois, professeur émérite à l'ULg, restitue à l'auteur de De l'amour une vigueur politique et une intensité critique qui n'épargnent ni la morale, ni la société d'alors. [...] Au fil de cet essai enlevé et convaincant, Jacques Dubois éclaire d'une lumière nouvelle - et que l'on ne s'étonnera pas de trouver proche de Bourdieu - les épisodes qui, à travers un personnage tantôt masculin (Julien Sorel, Fabrice Del Dongo, Lucien Leeuwen), tantôt féminin (Mme de Rênal, Mathilde de la Mole, la Sanseverina, Lamiel) mettent en jeu ces rapports sociaux où l'étroitesse d'esprit, le conformisme, l'ennui règnent en maîtres. Stendhal leur oppose l'impétuosité, l'élan individuel, les désirs soutenus - qu'ils relèvent de l'homme ou de la femme. "
MENSUEL DE L'UNIVERSITÉ DE LIÈGE
" Jacques Dubois est un mélomane chevronné qui sait se rendre et nous rendre réceptifs à la musicalité ironique de la phrase stendhalienne, fondée sur la litote, le resserrement expressif. Sa jubilation est contagieuse, elle incite à relire Stendhal pour s'en faire un allié ici et maintenant. "
ESPACE DE LIBÉRTÉS
" Ce livre, probe et sobre, ne s'interdit jamais l'élan subjectif, comme le prouve le voisinage, dans une conclusion en principe consacrée à marteler des vérités intellectuelles, de mots comme "charme" ou "enchantement"; il dit l'urgence de relire ces chefs-d'oeuvre dont il détaille la richesse. À d'autres l'échenillage ! "
ÉTUDES
" Plutôt ardu, mais développant une analyse extrêmement fine, son essai nourrissant (de Jacques Dubois) propose une analyse sociologique de l'univers stendhalien. En dépit de quelques réserves, l'ouvrage de Dubois est promis à faire date, dans le cercle très fermé des écrits beylistes de première nécessité. "
LES AFFICHES DE GRENOBLE ET DU DAUPHINÉ
" Écrit par un éminent spécialiste du réalisme littéraire, ce livre plaira aux littéraires même les plus hostiles au regard sociologique, il revalorise la lecture fine des textes auprès de chercheurs peu enclins à s'y livrer. [...] Le style de tenu de l'ouvrage, à la fois magistral et roué, laisse voire la jubilation du critique à suivre ces héros audacieux, qui aiment à profaner les régimes imbéciles sous lesquels on les a contraints de vivre. On y lira bien des clins d'oeil à la révolution conservatrice en cours sous nos latitudes. Attentif comme Stendhal aux liens subtils de l'intime et du politique, Dubois cache à peine la séduction qu'exercent sur lui les femmes stendhaliennes, convertissant toutefois cette libido en une vraie prouesse analytique. Malgré ou à cause des débats qu'il ne manquera pas de susciter, ce livre restera comme un solide démenti au mépris un peu sommaire des sociologues à l'égard des lectures littéraires. "
A CONTRARIO
" Chaque ouvrage de Jacques Dubois est une incitation à réfléchir aux développements contemporains de la sociologie de la littérature. "
ANNALES
2024-11-21 - PRESSE
Avant-propos
Problèmes et méthodes
1. Le roman politique
La société bloquée
Le coup de pistolet dans le concert
2. Le romancier sociologue
Le cercle des primitifs
Dispositions et lutte pour la reconnaissance
3. La montée des femmes
Contre la domination : l'amour
Contre le déterminisme : l'humour
4. Armance sans voix
Une classe pétrifiée
L'amour barré
Rêver Armance
5. Des noirs et des rouges
Tout est social
Un analyseur turbulent
La scène politique
La scène érotique
Un champion du coup de tête
6. Intense Louise, impétueuse Mathilde
Portraits croisés
Féminités
Moments charnels
Résister, profaner 1
7. Un héros du juste milieu
Une écriture de la contingence
Règne de l'argent, temps des fripons
Le cœur à gauche
Tout est politique
Dilettante ou imposteur ?
8. Entre Bathilde et Augustine
Bathilde n'est pas Mathilde
Augustine maîtresse femme
Partie nulle
9. Des primitifs et des poudrés
Un héros italien
La scène politique
La lutte des clans
L'emprise des signes
La scène érotique
10. Insolente gina, intransigeante Clélia
Dispositions et tâtonnements
L'hystérie productive
La patience souveraine
Résister, profaner 2
11. Lamiel sans fin
La politique au village
Un crescendo terroriste
Aimer Lamiel
Conclusion
Une sociologie romanesque
Bibliographie sélective d'ouvrages et articles sur Stendhal.