Si l'idée de progrès a guidé l'action sociale et politique moderne depuis les Lumières, elle s'est aujourd'hui considérablement affaiblie. Y compris parmi les insatisfaits de la réalité actuelle, le mot même de progrès a perdu son sens. Progrès de quoi ? Progrès pour qui ? Progrès vers quoi ? Qui peut encore répondre à ces questions ? Que le progrès n'ait plus d'attrait ni de contours, qu'il ne fasse plus consensus pour les " progressistes " est un facteur central de la fermeture actuelle des possibles. Le doute légitime vis-à-vis du progrès, en particulier technique et économique, a renforcé à son insu le discours hégémonique sur l'absence d'alternatives et sur la fin de l'histoire. Afin de conjurer cette malédiction durable, Peter Wagner a conduit une enquête à la fois conceptuelle, historique et sociologique, qui vise à redéfinir ce que pourrait être un futur désirable pour celles et ceux qui souffrent du présent.
Selon Wagner, le progrès est la fois nécessaire et possible, et doit être réactivé à partir de deux matrices que sont la critique et l'imagination. Mais, pour penser le progrès de demain, il faut aussi se défaire de ses conceptions eurocentrées, qui ont dominé l'imaginaire des modernes. L'ouvrage est donc attentif à la multiplicité des définitions du progrès, au Nord comme au Sud, en Amérique latine et en Afrique du Sud, comme dans les anciens pays communistes et en Asie. Au fil de ce parcours, il offre un commentaire raisonné de la plupart des théories politiques qui se sont développées à l'échelle globale au cours des dernières décennies. L'émergence d'une capacité à l'autodétermination collective apparaît, au terme de l'enquête, comme la condition, mais aussi l'horizon, de tous les autres progrès possibles.
Préface
1. L'épuisement du progrès
Ce qui advint entre 1979 et 1989
Dans le rétroviseur : l'invention du progrès
L'expérience du progrès : note sur la méthode
Les différentes dimensions du progrès
Regarder devant : commencer un travail de reconstruction
2. Le progrès comme mécanisme : le complexe épistémo-économique
Le progrès du savoir : la science, frontière infinie ?
La croissance économique comme progrès dans la satisfaction des besoins
La transformation de la planète : de grandes divergences interprétatives
Un progrès sans fin
3. Le progrès comme lutte
L'imaginaire du progrès social et politique : l'égale liberté
Le progrès social : inclusion et individuation
Le progrès politique : droits individuels et autodétermination collective
L'ambivalence du progrès social et politique et la place de la théorie critique
4. Refonder l'idée de progrès
L'autonomie et le progrès : une jonction établie par les Lumières
Critiques : l'autonomie minant le progrès
Relire l'expérience européenne du progrès : autonomie et domination
Le progrès entre autonomie personnelle et autonomie collective
5. Retour sur le dernier demi-siècle
Le bref retour du progrès
La modernité organisée et ses griefs
Protestation et progrès à l'ère de la fin de la domination formelle
Le piège du discours hégémonique : la suppression de l'espace et du temps
Vers une épreuve de réalité
6. Quel(s) progrès pour demain ?
Ce qui est en jeu
Reconstituer une temporalité historique
Restaurer une spatialité riche de sens
Capacité d'agir et critique
Construire la capacité d'agir démocratique
Surmonter de nouvelles formes de domination
Éviter l'
hybris
Inverser les régressions récentes
Note bibliographique
L'approche.