Dans Nous ne sommes plus seuls au monde, Bertrand Badie mettait en évidence les blocages d'un ordre international pris au piège de la mondialisation. Il montre ici comment le Sud, largement issu de la décolonisation, réagit à cette situation et, reprenant la main, recompose le système.
Jusqu'à la fin de la Guerre froide, la compétition entre puissances a fait l'histoire. Aujourd'hui, non seulement elle est mise en échec, mais la faiblesse, à l'origine de la plupart des conflits (à travers celle des États, des nations institutionnalisées, ou du lien social), définit les enjeux internationaux et produit la plupart des incertitudes qui pèsent sur l'avenir.
Le sens de la conflictualité mondiale s'en trouve particulièrement bouleversé. Devenue compétition de faiblesses, elle n'est plus territorialisée, n'oppose plus exclusivement des armées et des États ; peut-être a-t-elle même pour seule finalité de perpétuer des " sociétés guerrières ". Elle produit une violence diffuse, se déplace par rhizome, atteint tout le monde. Les vieilles puissances peinent à l'admettre.
Le système international se transforme, inévitablement, sans que les États n'en prennent la mesure : il intègre de nouveaux acteurs et réécrit l'agenda international jusqu'à faire des questions sociales les enjeux majeurs de notre temps (démographie, inégalités, sécurité humaine, migrations). Reste à inventer les remèdes à ces nouvelles " pathologies sociales internationales ".
Bertrand Badie, professeur des universités à l'IEP de Paris (Sciences Po), s'est imposé comme l'un des meilleurs experts en relations internationales. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages qui font référence et conseiller de la rédaction de L'état du monde depuis une vingtaine d'années.
Introduction
1. L'échec de la décolonisation
Une occasion manquée
Variations contrôlées
Un processus entravé par la violence coloniale,
les institutions postcoloniales et les libérateurs eux‑mêmes
Contre‑socialisation par l'islam
Un nationalisme de combat plus que de projet
L'échec de l'" État importé "
2.Comment le vieux monde résiste au nouveau
L'insertion des " intrus "
La résistance des organisations internationales
Les puissances se replient : l'ère des " clubs " et des groupes
Valeurs d'un autre âge et décisions tièdes
De nouveaux modes scabreux de domination postindépendances
Rapports asymétriques et présidents " clientélisés "
3. La politique de la faiblesse
De la puissance à l'hégémonie " bienveillante "
Comment la faiblesse est devenue sujet de l'histoire
L'effet de faiblesse
La nuisance, nouvelle arme du faible
" Pour la première fois dans l'histoire, les moins puissants exigent quelque chose des plus puissants "
Quand le Sud réinvente le monde
4. Sociétés en guerre et sociétés guerrières
Guerres d'hier, conflits d'aujourd'hui
L'essor de la déviance, violence sociale internationale
Boko Haram, ou la contre‑socialisation violente
Entre militantisme politique et simple criminalité
Les exportateurs de violence
Des sociétés guerrières
5. Interventions d'hier, interventions d'aujourd'hui
La transgression de la souveraineté,
un certain goût pour le péché
Nouveau contexte, nouvelles formules
Sociologie d'un échec
L'usage de la puissance, ou le cercle vicieux
Intervenir par‑delà la puissance ?
6. Réinventer le système international
Adaptation douce ou réaction violente
Un espace public de discussion métasouveraine
Les piliers de la reconstruction
Dépolarisation, multilatéralisme réel, intégration sociale,...
Conclusion.