Pendant tout le XXe siècle, sociologues, politologues et philosophes se sont persuadés que la modernisation des sociétés allait signer l'arrêt de mort des religions. Ou, à tout le moins, leur relégation dans la sphère privée. Or nous assistons au contraire à leur renaissance sous de multiples formes et nous constatons que les guerres, les révoltes ou les massacres sont indissociablement religieux et politiques. Politiques et religieux. Comment le penser ?
L'interrogation sur le rôle et la place du religieux était au cœur des sociologies classiques (qu'on pense à Durkheim, à Weber, etc.). Pourtant, cent ans plus tard, nous ne savons toujours pas comment l'appréhender. Faut-il donc renoncer à fixer une essence du religieux, à saisir la continuité entre religions primitives et grandes religions universelles ? Comment expliquer le retour contemporain du religieux (comme un retour du refoulé) ?
Sur toutes ces questions, ce livre, qui reprend une sélection de textes parus dans La Revue du MAUSS en 2003, rassemble les réponses des meilleurs spécialistes français.
Alain Caillé, professeur émérite de sociologie à l'université Paris-Ouest-La Défense, est le fondateur et directeur de La Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales). Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont, à la Découverte, La Quête de reconnaissance. Nouveau phénomène social total (2006), Anthropologie du don. Le tiers paradigme (Poche, 2007), ou encore Théorie anti-utilitariste de l'action (2009) ; et, aux éditions Le Bord de l'eau, Pour un manifeste du convivialisme (2011).
2012-03-28 - Christian Ruby - Nonfiction.fr
Introduction, par Alain Caillé
A) Introït. La religion comme essence ou comme fonction ?
User des émotions. Foule et exécutions à Palerme, par Maria Pia di Bella
Le communisme peut-il être pensé dans le registre de la religion ?, Hannah Arendt et Jules Monnerot (échange)
Les torsions de la transcendance, par Shmuel Trigano
La revanche du sacré dans la culture profane, par Leszek Kolakowski
Croire ce que l'on croit , par Jacques Dewitte
B) Credo (Ad majorem Gloriam Durkheim)
Les hommes peuvent-ils se passer de religion ?, par Lucien Scubla
Pour Durkheim, par Philippe de Lara
Durkheim entre religion et morale, par Fabien Robertson
C) Confiteor... non credo. Vade retro, religio (Au diable les essences et la religion !)
La religion, mode de croire, par Danièle Hervieu-Léger
La religion, objet sociologique pertinent ?, par Patrick Michel
La religion n'est plus ce qu'elle était, par Françoise Champion
L'au-delà, l'en deçà et l'à côté du religieux, par Michaël Singleton
D) Communio. Agnus Dei qui tollis peccata mundi. La question du sacrifice
Roi sacré, victime sacrificielle et victime émissaire, par Lucien Scubla
Mort des dieux, naissance des dieux : témoignage d'un insensé, par Mark R. Anspach
La religion comme problème politique, par Paul Dumouchel
E) Offertoire. Retour vers le don via le sacré et le symbolique
La religion : un lien social articulé au don, par Jean-Paul Willaime
Les lyncheurs et le concombre ou de la définition de la religion, quand même, par Camille Tarot
La double nature de la religion, par François Fourquet
L'irréligion de l'avenir. Jean-Marie Guyau et l'option nominaliste, par Jean-Paul Lambert
F) Ite missa est. Polis et religio. Quelle conception politique de la religion ?
Ce que nous avons perdu avec la religion, par Marcel Gauchet
Nouvelles thèses sur la religion, par Alain Caillé
Le politique et la religion. Douze propositions en réponse à Alain Caillé, par Marcel Gauchet
Les auteurs.