Lorsque survinrent, au début de l'année 2009, de vastes mouvements de grève générale contre la vie chère à l'appel du Liyannaj Kont Pwofitasyon en Guadeloupe et du Kolectif 5-Févrié en Martinique, nombreuses furent les réactions d'étonnement face à la radicalité, l'ampleur et la durée de ces deux mobilisations. Que pouvait-il donc y avoir de si intolérable dans la cherté de la vie pour que, par milliers, les Antillais cessent le travail, descendent dans la rue et occupent les places ? Peu comprenaient, de l'extérieur, la volonté farouche de quelques organisations de travailleurs venues dénoncer la pwofitasyon, cette " exploitation outrancière, capitaliste et colonialiste ", en exhibant publiquement les rouages les plus secrets de la machine qui semblait s'être alors enrayée.
S'appuyant sur une enquête sociologique et historique mêlant entretiens, observations de terrain et travail dans les archives, cet ouvrage revient sur le rôle du syndicalisme dans les mobilisations en Guadeloupe et en Martinique, depuis la période tumultueuse des luttes révolutionnaires et anticolonialistes des années 1960-1970 jusqu'à nos jours, et sur la grève générale de l'hiver 2009, moment demeuré ouvert à tous les possibles.
Glossaire des organisations
Prologue
Introduction. " La grève des quarante-quatre jours " : un moment révolutionnaire ?
Les acteurs syndicaux de la lutte contre la pwofitasyon
Se défaire de l'extraordinaire
La vie chère ou les racines de la crise
Une analyse des cultures syndicales en Guadeloupe et en Martinique
Cultures syndicales, cultures politiques
Terrains et sources
I. Genèse du syndicalisme contemporain aux Antilles
1. Un Mai-68 antillais ?
Un espace de l'anticolonialisme ?
Le " moment 68 " : une influence organisationnelle de l'extrême gauche hexagonale ?
Le retour au pays des enfants terribles
2. De la lutte politique à la lutte syndicale : topographie d'une reconversion
Le tournant des années 1973‑1974
La grève du Chalvet
Repli militant et migration vers les organisations syndicales : la formation d'un syndicalisme de lutte
Conclusion
II. La politique des syndicats antillais
3. " Se syndiquer pour marcher vers l'indépendance " : l'Union générale des travailleurs de la Guadeloupe
" (Ré)Inventer le peuple guadeloupéen "
Une réception différenciée de la culture UGTG
La politique de l'UGTG en actes : entre politisation antiraciste et patriotisme pragmatique
4. " Se syndiquer pour la lutte des classes " : la CGT Guadeloupe et la CGT Martinique
Un syndicat " révolutionnaire "
Les ambivalences du rapport au communisme révolutionnaire au sein des syndicats CGT
La CGTG et la grève du port : entre défection tactique et rappel des frontières
Conclusion
III. La grève générale de 2009 aux Antilles : sociologie d'un conflit généralisé
5. Lutter contre la pwofitasyon : la construction d'une radicalité unitaire
La lutte contre la pwofitasyon : la construction d'un cadre de mobilisation
Une analyse comparée des organisations syndicales dans les coalitions protestataires
Une division spécifique du travail contestataire dictée par les principales organisations syndicales
6. La généralisation de la contestation
La montée en puissance de la mobilisation
Pour une approche compréhensive des négociations dans la politique du conflit
La radicalisation du conflit et les effets d'escalade
Conclusion
Conclusion. " Après la colonie " : de l'anticolonialisme au post-colonial ?
L'anticolonialisme en partage
Quand vient la crise
Annexes
1. Chronologie des entretiens et des observations
2. Index biographique
3. Enquêter sur le syndicalisme aux Antilles : de l'observation participante à l'observation " embarquée "
Remerciements.