Pourquoi se mobilise-t-on ? L'un des traits propres aux régimes démocratiques est que leurs citoyens disposent d'un droit de regard sur les affaires publiques et, en contrepoint des élections, d'un droit à la critique et à la révolte. Ils discutent, s'associent, s'organisent. Ils constituent des collectifs, revendiquent dans l'espace public, passent des alliances avec partis et syndicats et entrent en conflit avec les pouvoirs établis. Mais qu'est-ce qui les y pousse ? La mobilisation a un coût en énergie et présente des risques, y compris financiers. Pourquoi ne pas laisser les autres se mobiliser à notre place ?
Ce livre propose une cartographie de l'état des savoirs sur l'action collective, à partir de tout ce qui a été écrit sur le sujet depuis plus d'un siècle, sur les deux rives de l'Atlantique. L'histoire commence avec les travaux sur les foules et les publics de Tarde et Le Bon, à la fin du XIXe siècle. L'auteur exhume la tradition du comportement collectif née à Chicago dans les années 1920. Il montre le virage accompli par Touraine et Melucci au moment de l'émergence des nouveaux mouvements sociaux – étudiant, féministe, éco-logiste... – dans les années 1960 et 1970. Il passe en revue les théories de l'action rationnelle, les modèles du processus politique et les analyses des réseaux et des organisations, qui prédominent aujourd'hui. Et il propose de nouvelles perspectives, inspirées de la sociologie culturelle nord-américaine et de la microsociologie de Goffman. Un ouvrage indispensable à tous ceux qui s'intéressent aux mouvements sociaux de notre temps.
Daniel Cefaï est maître de conférences à l'université Paris-X-Nanterre et chercheur à l'institut Marcel-Mauss et au Sophiapol. Il a publié dans la même collection L'Enquête de terrain (La Découverte, 2003) et différents ouvrages collectifs sur Les Cultures politiques (PUF, 2001), Les Formes de l'action collective (avec Danny Trom, Éditions de l'EHESS, 2001), Les Sens du public (avec Dominique Pasquier, PUF, 2004) et L'Héritage du pragmatisme (avec Isaac Joseph, Éditions de l'Aube, 2002).
" Pourquoi se mobilise-t-on ? s'interroge cet opus qui propose une cartographie de l'état des savoirs sur l'action collective, à partir de tout ce qui a été écrit sur le sujet depuis plus d'un siècle, sur les deux rives de l'Atlantique. L'auteur fait un point sur l'évolution des mouvements revendicatifs, évaluant les modalités de son action et son coût en énergie et son poids financier. "
LE FIGARO
" L'une des grandes qualités du volume est de ne pas se limiter à une approche française, en s'attachant à multiplier les lectures de chercheurs anglo-saxons, allemands, italiens, espagnols, etc. À l'heure du "mouvement" altermondialiste - terme sur lequel on peut à juste titre s'interroger - et de la multitude des formes d'organisation empruntées par l'action collective, l'ouvrage de Daniel Cefaï ouvre de nouvelles perspectives d'analyse, tout en se revendiquant de l'héritage d'Erwin Goffman et de la sociologie culturelle américaine. Sans doute parce que bien des mobilisations aujourd'hui tiennent autant au moins à la "culture" partagée par leurs acteurs qu'aux classes sociales. "
POLITIS
2024-11-21 - PRESSE
Remerciements - Introduction générale - Problèmes de définition - Qu'est-ce qu'une action collective ? - Qu'est-ce qu'un mouvement social ? - Architecture de l'ouvrage : 1. Comportements collectifs : logiques de la contagion ; 2. Stratégies, politiques, organisations et réseaux ; 3. Cultures et identités : des émotions aux droits - 4. Interactions et rassemblements : une microsociologie - I / Que faire de la théorie du comportement collectif ? La réactivation de l'héritage de la sociologie de Chicago Introduction - 1. Foules et publics : L'impulsion de Robert E. Park - 2. L'affranchissement de la psychologie collective - Les usages politiques de la foule - Les transformations de l'héritage - De la foule à la masse - Réaction circulaire, convergence et émergence - Rationalité ou irrationalité ? - Digression historique : la Révolution française - La foule révolutionnaire - Le cas de la Terreur - Dynamiques culturelles et arènes publiques - Actions symboliques et ordre public - Arènes publiques : dramatisation, enquête, expérimentation et communication - 3. Quelles leçons en tirer ? Une série de pistes d'enquête -Contagions publiques - Modes - Rumeurs - Paniques - Désastres - Logiques de l'émeute - Courants d'opinion et tonalités affectives - Normes, idéologies et identités - 4. Comportement collectif et mouvements sociaux : rupture ou continuité ? - Conclusion - II. La rupture des années 1970. Le grand chamboulement des analyses rationalistes et structurales - Introduction - 5. Les limites des théories du choix rationnel - Quelques critiques au dilemme du prisonnier - La mobilisation des ressources organisationnelles - Les dilemmes du rebelle - Le spectre des choix stratégiques et tactiques- Répertoires d'action et dynamiques de publicisation -Contextes, mécanismes et processus de violence - 6. Les contextes de la politique institutionnelle - Structures de contraintes et d'opportunités - Les dynamiques d'institutionnalisation - Intégration : dedans ou dehors ? - Incorporation, transformation, démocratisation - L'historicité des processus politiques - De la praxis cognitive aux contextes de sens - Structure et culture : un faux débat - Publics, action collective et politique institutionnelle - 7. La place des organisations et des réseaux - Les organisations de mouvements sociaux - La science de l'activisme organisé : une vieille histoire - Cultures, carrières et arènes organisationnelles - La configuration des réseaux de protestation - Réseaux d'individus et d'organisations - Réseaux de significations, réseaux d'événements - Conclusion - III. / L'émergence de perspectives alternatives. Rupture historique, mouvement social et mutation culturelle Introduction - 8. Les nouveaux mouvements sociaux : grandeur et décadence d'un projet politique - L'euphorie d'un renouveau des luttes sociales - L'avènement de la société post-industrielle - Les métamorphoses de l'engagement - De " nouveaux " mouvements sociaux ? - Des lendemains qui déchantent aux résistances du sujet - La clôture d'un cycle de protestation -Touraine : le retour du " sujet " Melucci : l'invention du présent - Mutations sociales et conséquences culturelles - Conclusion - 9. L'invention d'une sociologie culturelle. Reposer la question du sens - La perspective des cadre - Petit répertoire de catégories - Délimiter, s'orienter, se coordonner : discours, codes et frontières - Montrer, persuader, raconter : drames, arguments, récits - S'identifier, se reconnaître, se regrouper : identités collectives - Éprouver, sentir, ressentir : émotions, rituels et esthétiques - L'enquête de terrain au microscope - L'expérience du droit et des droits - IV. / Le legs d'Erving Goffman à la sociologie de l'action collective - 10. Quatre lectures de Goffman. Cadres, jeux, drames, rituels - Opérations de cadrage - Une approche pragmatiste - Modalisations - Autorité et légitimité - Interactions stratégiques - La gestion des impressions - Séquentialité et pertinence - Dramaturgie des organisations - Scénographies - Secrets, équipes et délégués - Institutions totales - Ordre négocié ou ordre rituel ? - Périodes stables et instables - Grammaire et observance - 11. Analyse de situations d'action collective - Engagements en situation - Les textures morales de l'engagement - De l'engagement conjoint aux formats de participation - Rencontres en face à face - Analyse de situations de face à face - Micropublics : les espaces libres - Faire émerger des contextes de sens - Rassemblements orientés - Des formes élémentaires de l'ordre public - Une activité inter-corporelle et inter-objective - Les limites de la situation : au-delà de l'ici et maintenant - Assemblées participatives et délibératives - Où et quand ? - Qui ? Avec qui ? Contre qui ? - Quelle transformation des problèmes ?- Quelle accessibilité des débats ? - Quelles règles et procédures ? - Quels genres et styles d'intervention ? - Observer des réunions in situ - Ethnographie des foules et des publics - Effervescences collectives - Foules stratégiques - Vers une ethnographie politique - Conclusion - Conclusion - Élargir la notion de politique contestataire - Enquêter sur la constitution d'arènes publiques - Engager une anthropologie de la citoyenneté ordinaire -Explorer les perspectives culturelle et microsociologique.