Vingt-cinq ans après le succès de Tête de Turc, qui dénonçait le racisme de la société allemande, Günter Wallraff est de retour. Dans ce livre, composé de huit enquêtes, il part à la rencontre des perdants du " meilleur des mondes " que nous promettaient les apôtres de l'économie globale.
Déguisé en Noir, caméra cachée dans la boutonnière, il révèle les nouveaux visages du racisme. En SDF, il raconte les ravages du chômage et de la précarité. Embauché dans une boulangerie industrielle, il témoigne des conditions de travail épouvantables qui y règnent. Il va jusqu'à se mettre dans le rôle d'un dirigeant d'entreprise voulant vendre son affaire et sollicite les conseils d'un cabinet de consultants pour qu'il trouve le meilleur moyen de débarrasser son entreprise des syndicats, histoire de valoriser sa vente auprès de futurs acquéreurs...
" Lorsque j'ai commencé mon travail, il y a quarante ans, je n'étais pas le seul – peut-être même une majorité parmi nous – à espérer un lent progrès vers plus d'humanité et plus de justice. Si je continue à me battre par mes reportages et mes livres, je suis de plus en plus saisi par le doute. Nous avons subi, ces derniers temps, trop de revers : l'injustice a progressé, les conditions de vie ne sont pas devenues plus humaines, bien au contraire. "
Günter Wallraff est journaliste. Il est l'auteur de Tête de Turc (La Découverte, 1986) qui s'est vendu à plus de 500 000 exemplaires.
" La notoriété de l'allemand Günter Wallraff se mesure dans l'histoire du journalisme à l'invention d'un qualificatif décliné de son nom pour désigner une méthode de travail: l'enquête "wallraffienne". Fondée sur le principe d'une infiltration clandestine et d'un travestissement comme dans Tête de Turc, son plus célèbre document, la technique de Wallraff est à l'enquête de terrain ce que l'oeuvre du voyageur polonais Ryszard Kapunscinski est au "journalisme littéraire": un modèle absolu, un "idéal-type". La singularité de l'oeuvre de Wallraff tient pourtant à l'écart qui subsiste entre sa reconnaissance et les débats qu'elle suscite, à la fois sur sa méthode et son contenu. Sa méthode reste interdite par la charte des journalistes, même si elle s'est largement répandue depuis des années: l'éthique du journalisme théorique repose sur le présupposé d'une présence frontale affichée par le reporter sur le terrain de son enquête. Quant aux contenus de ses écrits, ils suscitent sans cesse des polémiques, puisqu'ils dénoncent les conditions de travail inhumaines, les mécanismes de manipulation de l'information, le racisme ordinaire et la précarité des travailleurs étrangers. [...] Dans son nouveau document, Parmi les perdants du meilleur des mondes, construit autour de huit enquêtes distinctes menées ces dernières années dans plusieurs milieux sociaux, il démasque à nouveau les visages inavouées de la société allemande, perçue à tort comme un modèle parfait de démocratie sociale. [...] Le travestissement a ici la puissance d'un subterfuge qui met à nu la réalité observée, le costume et le maquillage révèlent les seuls et vrais artifices: ceux d'une société qui se cache à elle-même ses propres lois, iniques. Si le réquisitoire de Wallraff n'apporte rien de très neuf quant à la connaissance des mécanismes du travail, largement décrits par les sciences sociales depuis dix ans, son approche intime et sensible rend palpable, le désoeuvrement qui transpire sous la peau malade du corps social. "
LES INROCKUPTIBLES
" Comme il avait pu le faire pour Tête de Turc, le journaliste allemand Günter Wallraff a employé de nombreux subterfuges pour dissimuler son identité. Cette fois, il met au jour les ravages du chômage et de la précarité et dénonce les conditions de travail qui règnent en Allemagne, au cours de huit enquêtes. "
FRANCE SOIR
" Pas facile d'être fan de foot et Noir ou de vouloir dresser son chien pour se défendre des Skinheads. Dans la peau d'un Allemand noir, Wallraff a mesuré le racisme en Allemagne, des agressions physiques au "Je n'ai rien contre mais pas ici". Endossant le rôle d'un SDF, le journaliste appréhende les centres d'hébergement pour sans-abri et explique les règles de l'administration pour le monde de la rue. À en faire frissonner plus d'un ! Son rôle d'agent de call centers ne fait sourire qu'un temps quand on apprend le conditionnement des personnes au bout du fil. Un monde sans pitié où il n'y a de place que pour le roi des dupes ! D'autres reportages reposent sur les dires d'informateurs: il en va de la privatisation à tout prix de la Deutsche Bahn, de l'esclavage d'apprentis de haute cuisine ou encore de la devise de bien-être, vitrine des cafés Starbucks. Au total, huit enquêtes menées dans les bas-fonds du meilleur des mondes. Un prêche d'une authenticité reluisante, à lire sans perdre espoir: Günter Wallraff n'a pas encore dit son dernier mot. "
L'HUMANITÉ
" Depuis les années 1970, on ne compte plus les opérations camouflages de l'Allemand Günter Wallraff: il "fut" travailleur turc, journaliste pour la presse à scandale, militant d'extrême droite... Dans son nouveau livre, Parmi les perdants du meilleur des mondes, le voilà immigré somalien en Bavière, SDF dans les rues de Francfort, employé robotisé d'un call centers... Wallraff ou la figure emblématique d'un journalisme qui assume dans la radicalité son rôle de contre-pouvoir, en faisant du travestissement une arme, un moyen d'observer et de pointer les dysfonctionnements de la société. Se masquer pour démasquer: l'imposture se pratique chez lui sans état d'âme. "
TÉLÉRAMA
" Günter Wallraff récidive. Lui, qui, au milieu des années 1980, s'était glissé dans la peau d'un immigré turc pour montrer à quel point la société allemande pouvait être raciste et excluant, revêt aujourd'hui les oripeaux des autres damnés de la terre: les Noirs, les SDF, les employés des centres d'appel, des boulangeries industrielles et même ceux de la Deutsche Bahn. Certes, l'auteur a choisi d'effectuer une plongée au coeur même des aspects les moins glorieux du monde social et professionnel, mais le tableau qu'il en dresse n'est pas seulement triste, il est franchement révoltant. Les méthodes de vente par correspondance décrites ici ne se situent pas à la limite de l'indélicatesse, elles sont carrément frauduleuses puisqu'elles passent par l'escroquerie délibérée des petits gens ou des étrangers, le harcèlement des vieillards et autres personnes fragiles pour leur arracher leur numéro de compte afin d'en vendre de force ce dont il n'ont nul besoin. Côté salariés, la situation est tout aussi consternante: rythmes de travail incompatibles avec l'exécution correcte des tâches, conditions de travail sources d'accidents multiples, licenciements sous contrainte déguisés en démission... Toutes les méthodes sont bonnes quand il s'agit pour l'entreprise d'accroître ses profits. Avec l'aide des subventions d'Etat ou du service public de l'emploi qui menace de radiation quiconque n'accepterait pas l'inacceptable. En refermant le livre de Günter Wallraff, on ne peut qu'espérer, sans trop y croire, que seule l'Allemagne est concernée par ces pratiques RH d'une autre époque. "
ENTREPRISE ET CARRIÈRES
" Le nouveau livre de Günter Wallraff, journaliste allemand et grand maître de l'enquête par immersion, tombe à pic. Parmi les perdants du meilleur des mondes voit son auteur endosser tour à tour l'identité d'un demandeur d'asile, d'un SDF, d'un employé de télémarketing et d'un boulanger des supermarchés Lidl. Le livre sort dans le sillage du Quai de Ouistreham, récit du séjour incognito de Florence Aubenas chez les précaires, un grand succès. Il arrive aussi en pleine polémique sur les Infiltrés, émission de télévision dont les journalistes ont dénoncé à la police des pédophiles sur lesquels ils avaient enquêté, en faisant mine d'être des leurs. Dans ce type d'enquête, exercice courageux mais qui ne va pas sans poser quelques problèmes, Günter Wallraff fait référence. Sa Tête de turc, livre traduit en 38 langues, 5 millions d'exemplaires vendus en Allemagne, l'avait vu prendre l'identité d'Ali Sinirlioglu, avec teint mat et lentilles marron, pour raconter le quotidien des travailleurs immigrés. Depuis, Wallraff compte parmi les précurseurs du genre. "
LIBÉRATION
" Dans la peau d'un Noir, d'un SDF ou d'un employé de centre d'appel, l'Allemand Günter Wallraff, pionnier du journalisme infiltré, a choisi dans Parmi les perdants du meilleur des mondes de vivre comme les plus pauvres, les précaires. Dans le sillage du succès, en France, du livre Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas, qui rend d'ailleurs hommage à Wallraff, ces huit reportages en immersion paraissent 25 ans après son best-seller Tête de Turc (La Découverte, 1986), vendu à plus de 500.000exemplaires. Günter Wallraff avait alors vécu grimé dans la peau d'un émigré turc dans une Allemagne en proie au racisme. Il dénonce dans son dernier essai une société qui, sous couvert de la crise, met les hommes en danger et enferme les plus fragiles dans la précarité et l'exclusion. "
AFP
" Le journaliste allemand Günter Wallraff s'est fait connaître avec Tête de Turc. Depuis, il a roulé sa bosse mais sans rien perdre de sa fibre sociale. Dans cette enquête décapante, le voici à 67 ans dans la peau d'un Noir, SDF à Noël par -15°C, employé docile en centre d'appels puis sans grade dans une boulangerie industrielle déglinguée. Humiliation, harcèlement, travail de misère deviennent son lot quotidien. Heureusement, il a échappé aux piqures d'aiguilles à tricoter ! Poids lourd de l'économie européenne, l'Allemagne a aussi son envers du décor. Sordide mais peut être le prix de sa réussite. "
LE COURRIER DE L'OUEST / LE MAINE LIBRE
2024-12-03
1. Noir et blanc. Un étranger parmi les Allemands
" Aussi noir que Heidi Klum "
Une randonnée au paradis
Patte blanche au camping
Un nègre se met au vert
" En plein dans ta gueule la fraternité allemande "
" Où est Roberto Blanco ? "
Démasqué
Comme un chien
De retour à Cologne la belle
2. En dessous de zéro. La dignité de la rue
Distribution de cadeaux
La question de l'appartenance
Un lit d'asphalte
Les pétards du Nouvel an
Peur froide
Expulsé, verrouillé
L'Église à la rescousse
3. À votre service. Embauche dans un centre d'appel
Élevage en batterie
Honorable bandit
Collaborateur ou complice ?
L'État trempe dedans
La solitude du réfractaire
Quel temps fait-il à Fürth ?
Une créativité débordante
Pour faire le bonheur de tous
La roue de la fortune
4. Comme des petits pains de chez Lidl. Un sale travail pour de la mauvaise bouffe
Un début en fanfare
Le chaos et les blessures
Roulés dans la farine
L'éternelle saison des moisissures
Le système Lidl ou la dictature discount
De l'humanité comme variable d'ajustement
La complicité des agences pour l'emploi et des services de l'immigration
Des suites, mais pas de fin
5. Une cuisine peu raffinée. Exploitation de la main-d'oeuvre dans la gastronomie fine
Travailler jusqu'à s'effondrer
Un bon salaire pour un bon travail ?
Les Institutions de contrôle
6. Un monde beau et sain : le mondu du café. Les starbucks sans filtre
Un bien-être collectif ?
Pauvres même avec un travail
L'un des meilleurs patrons du monde
Ecologie et fair trade sont favorables aux affaires
Une firme de café en pleine expansion
Final. Le 28 août 2009
7. Le déraillement de la Deutsche Bahn. La course fantôme d'une entreprise publique
Dégonfle et contrats de conseils
L'éviction de tous les critiques de la privatisation
Diffamation et manipulation de données
Abus et mises au placard
Où va le train ?
8. À toute force. Les avocats de la terreur
La compétence dans l'impertinence
Des procès sans répit
Avec vous de tout cœur
" Le droit naturel du plus fort "
Exiger des responsables qu'ils rendent des comptes
Épilogue : À l'hôtel avec Naujoks
Pour conclure. Tout en bas, partout