Comment l'art et la politique se croisent-ils ? Ce livre explore cette question en nous invitant à déambuler pour observer, comprendre, aimer ou détester les sculptures contemporaines situées en extérieur : l'Outdoor Art. On n'a pas d'hésitation sur les objectifs des statues au classicisme pompeux du XIXe siècle ou, pire, sur ceux des monuments fascistes ou staliniens : l'art est alors " public " au sens où il est situé au centre d'un " espace public " où le pouvoir s'exhibe et intimide ; les spectateurs lèvent la tête vers ce qui est puissant.
Ce livre explore un autre univers : celui de l'Outdoor Art ; sans contraindre l'environnement, il ne s'y dissout pas. Il coopère avec lui tout en le modifiant. En accord avec nos principes démocratiques de liberté, d'individualité et de justice, il crée des lieux de promenade, de contemplation ou de jeu, qui rassemblent sans uniformiser. Nous n'y sommes ni spectateur ni consommateur mais visiteur.
La fontaine Stravinsky à Paris est un exemple connu. Il y en a beaucoup d'autres que Joëlle Zask convoque, d'Isamu Noguchi à Bruce Nauman, de George Segal à Rachel Whiteread, de Jean Dubuffet à Richard Serra, en finissant par les mémoriaux dédiés à la destruction des Juifs d'Europe. L'enjeu est esthétique, politique et social : voulons-nous dominer le monde, ou être en interaction avec les lieux où nous vivons ? Vous ne vous promènerez plus de la même manière après avoir lu ce livre.
Professeure au département de philosophie de l'université Aix-Marseille, Joëlle Zask étudie le pragmatisme et les enjeux politiques des théories de l'art et de la culture. Elle est l'auteure de traductions de John Dewey et de divers ouvrages, dont les plus récents sont : Participer. Essais sur les formes démocratiques de la participation (Le Bord de l'eau, 2011) et Outdoor Art. La sculpture et ses lieux (La Découverte, " Les Empêcheurs de penser en rond ", 2013).
2013-03-05 - Charles H. Gerbet - Liens socio
À partir de ses recherches, l'auteure défend la mise en place d'un art outdoor, lequel ne se contenterait pas d'occuper des espaces, mais interagirait avec un lieu existant, tout en affectant les "gens".
2013-04-19 - Christian Ruby - Non fiction
Introduction
1. L'art public, ratage de la démocratie
Outdoor art, art " public " et commande publique
Art public et ostentation du pouvoir
De la clairière à la prédilection des ronds-points
Contradiction entre le public comme " espace " et la démocratie libérale
2. Conditions d'existence outdoor
Profession restaurateur
Les éléments naturels, partenaires des sculptures outdoor
Définir l'intégration
La question du lieu ou comment sortir de l'alternative entre autonomie de l'art et site specify
3. Éléments pour une critique des sculptures en extérieur
La Land Art, outdoor à moitié
L'art furtif, intersticiel, caché, ou l'illusion de l'assimilation
4. Spectateurs, regardeurs, visiteurs
Le spectateur comme otage
Remarque sur l'action intégratrice des sculptures intégrées
Exemples d'intégration ratée
Art " public " et confiscation de l'attention
Art " immersif " et dissolution de l'attention
5. Se promener, explorer, jouer
Se promener
Explorer
" Sculptures-lieux ". Les aires de jeu et de loisir
6. Anti-maisons : la critique de la maison inhabitable
Home sweet home
La maison prison
Gordon Matta-Clark
Maison et individualité humaine : habiter
Rachel Whitheread
7. Anti-monuments : les mémoriaux à la destruction des Juifs d'Europe
Antimonumentalité. Louis Khan
Promenade et mémoire
Mémoire et connaissance historique
Remarques sur l'emplacement des mémoriaux
Conclusion
Notes
Index des noms de personnes.