Nous n'avons jamais été modernes
Essai d'anthropologie symétrique

Bruno Latour

Pollution des rivières, embryons congelés, virus du sida, trou d'ozone, robots à capteurs... : ces " objets " étranges qui envahissent notre monde relèvent-ils de la nature ou de la culture ? Comment les comprendre ? Jusqu'ici, les choses étaient simples : aux scientifiques la gestion de la nature, aux politiques celle de la société. Mais ce traditionnel partage des tâches devient de plus en plus impuissant à rendre compte de la prolifération des " hybrides ". D'où le sentiment d'effroi qu'ils procurent, et que ne parviennent pas à apaiser les philosophes contemporains, qu'ils soient antimodernes, postmodernes ou éthiciens. Et si nous avions fait fausse route ? En fait, notre société " moderne " n'a jamais fonctionné conformément au grand partage qui fonde son système de représentation du monde : celui qui oppose radicalement la nature d'un côté, la culture de l'autre. Dans la pratique, en effet, les modernes n'ont cessé de créer des objets hybrides, qui relèvent de l'une comme de l'autre, et qu'ils se refusent à penser. Nous n'avons donc jamais été vraiment modernes, et c'est ce paradigme fondateur qu'il nous faut remettre en cause aujourd'hui pour comprendre notre monde.






Version papier : 11.00 €
Version numérique : 9.99 €
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Détails techniques
Collection : La Découverte Poche / Sciences humaines et sociales n°26
Parutions : 23/03/2006
ISBN : 9782707148490
Nb de pages : 210
Dimensions : 12.5 * 19.0 cm
ISBN numérique : 9782707178848

Bruno Latour

Bruno Latour

Bruno Latour (1947-2022), sociologue et philosophie, professeur associé au médialab de Sciences Po, a notamment publié Face à Gaïa. Huit conférences sur le Nouveau Régime Climatique (2015), Où atterrir ? Comment s'orienter en politique (2017) et Où suis-je ? Leçons du confinement à l'usage des terrestres (2021).

Extraits presse

Après les antimodernes et les postmodernes, viennent ceux qui déclarent benoîtement que " Nous n'avons jamais été modernes ". Bruno Latour en a fait le titre d'un livre dans lequel il soumet à un nouveau doute radical nos évidences les plus plates sur cette ère à laquelle nous croyons encore appartenir. Il est rare qu'un livre porte un titre négatif. Faussement lapidaire, celui-ci propose une réforme de notre entendement et annonce une entreprise monumentale. Il se présente comme un manifeste pour une " sociologie des sciences " aux contours rigoureux : un nouveau type de savoir, une nouvelle forme de lucidité sur ce composé jusqu'ici incongru de nature et de culture, qui est pourtant la matière la plus sensible du monde. La sociologie des sciences a d'ores et déjà ses écoles américaine et anglaise dont Bruno Latour et Michel Callon ont introduit les travaux en France (La science telle qu'elle se fait, la Découverte, 1991) Bruno Latour saisit l'occasion ici de mieux la faire connaître. Elle met fin au partage entre épistémologie et sociologie qui a hanté la philosophie moderne française jusqu'à Canguilhem et Lévi-Strauss. S'il n'est pas question de dépasser la modernité, il s'agit donc bien, en dernière instance, d'en finir avec une certaine tradition. [....] En attendant, Bruno Latour nous offre une réflexion inattendue sur nos savoirs qui en renouvelle les charmes.

1991-02-20 - Marc Ragon - Libération

 

Table des matières

1. Crise
2. Constitution
3. Révolution
4. Relativisme
5. Redistribution
Bibliographie.