Dans l'univers des sites et applications de rencontres, les industriels et les concepteurs se taisent ; une poignée d'usagers tous semblables parlent dans des articles de presse tous similaires, et les commentateurs proclament la dégradation morale ou la captation marchande de l'amour et de la sexualité.
Indéniablement, les sites et les applications changent les scénarios amoureux et sexuels. Mais l'explication ne se trouve pas dans l'émergence d'attitudes radicalement nouvelles en matière de sexualité, dans une désinhibition numérique ou un capitalisme émotionnel. Elle réside davantage dans un bouleversement du cadre de la rencontre.
Si les caractéristiques les plus spectaculaires de ces infrastructures numériques – dont la masse des inscrits, la mise en scène de soi et les modalités de choix – modifient la conception que l'on se fait de l'amour au XXIe siècle, le vrai bouleversement réside dans le fait que les rencontres se déroulent désormais en dehors, et souvent à l'insu, des cercles de sociabilité habituels.
À partir de données inédites et à travers une enquête extensive, auprès des usagers mais aussi du côté des sites et de ceux qui développent ces " nouvelles lois de l'amour ", Marie Bergström bouscule la vision qu'on se fait du sexe, du célibat, du couple, de l'endogamie sociale, de la séparation, du coup d'un soir, de la cristallisation sans lendemain ou du coup de foudre appelé à durer...
Introduction
Le succès inédit des services de rencontres
La privatisation de la rencontre
Au cœur des rencontres en ligne
1. Au service de la rencontre
Généalogie des rencontres en ligne
Les techniciens de la rencontre
2. Décoder le succès
Au service de la " jeunesse sexuelle "
Le volontarisme conjugal
3. (Se) correspondre en ligne
Les usages sociaux du " profil "
Et plus si affinités culturelles
Quand le social prend corps
4. L'âge des célibataires
Tenter sa chance sur Internet
L'inégalité des chances de rencontre
Après une séparation
5. Le temps d'une rencontre
Nouveaux scénarios sexuels
Les termes de l'hétérosexualité
Conclusion
La double privatisation de la rencontre
L'histoire sociale d'une pratique inédite.