À l'intérieur comme à l'extérieur de l'espace national, les " frontières " (entre États et entre groupes sociaux, étroitement imbriquées aujourd'hui) sont le pont où la démocratie s'arrête. Elles sont aussi le seuil de expansion possible, de ses progrès. Tel est le thème commun aux treize essais politiques et philosophiques composant ce recueil. Rédigés entre 1981 et 1991, ils proposent une réflexion suivie sur quelques-unes des grandes questions qui, en France et en Europe, auront marqué la décennie : progression du racisme et des nationalismes, crise du socialisme et effondrement du communisme " réel ", exclusions et inégalités, mais aussi mouvements pluriculturels et nouvelles dimensions de la citoyenneté.
L'ouvrage débouche sur une interrogation de fond quant aux contradictions et à la dynamique d'une véritable politique des droits de l'homme : à propos des paradoxes de l'universalité, des transformations de la propriété et du travail, de la violence et de la paix. Il montre que dans le monde actuel, plus que jamais, la sécurité est au prix du risque, et que dans l'État " de droit " n'ira pas sans nouvelles avancées de la démocratie, portée jusqu'à ses propres limites par la réflexion et l'action collectives.
Étienne Balibar, né en 1942, philosophe, est professeur émérite à l'université de Paris-X-Nanterre et professeur à l'université de Californie à Irvine. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, notamment Spinoza et la politique, Les Frontières de la démocratie, Lieux et noms de la vérité, La Philosophie de Marx, La Crainte des masses, Droit de Cité.