" Dans les années 1890, le plus grand contingent armé jamais dépêché par l'Espagne dut traverser l'Atlantique pour tenter d'écraser l'insurrection cubaine lancée par José Martí. Aux Philippines, l'Espagne s'opposa à un soulèvement nationaliste sans pouvoir en venir à bout. En Afrique du Sud, les Boers ébranlèrent le vieil Empire britannique comme jamais auparavant. " À la fin du XIXe siècle, une fièvre anti-impérialiste nourrit le rêve d'indépendance des peuples colonisés. Comment ce rêve leur est-il venu dès la fin du XIXe siècle ? Comment se sont structurés leur imaginaire national et leur discours anticolonial ?
Pour répondre à ces questions, l'historien britannique Benedict Anderson nous entraîne sur les traces d'un des pères de l'indépendance des Philippines, le grand écrivain José Rizal. Il invite le lecteur à un voyage littéraire et politique et à suivre Rizal de Manille à Madrid, en passant par Hong Kong, Rio, Yokohama, Vienne, Macao, Barcelone, Paris, Cadix, Singapour, etc. Il enquête sur ses influences politiques et littéraires, du soulèvement armé à Cuba aux manifestations anti-impérialistes en Chine et au Japon en passant par les milieux anarchistes espagnols, les cercles littéraires parisiens et le monde universitaire allemand. Il montre notamment à quel point l'anarchisme européen eut une influence déterminante – plus que le marxisme – sur la formation intellectuelle des militants anticolonialistes de l'époque.
Benedict Anderson décrit ainsi un monde en pleine ébullition, où les idées circulent, du Nord au Sud et du Sud au Nord, au gré de rencontres, de lectures et de combats politiques partagés. Les Bannières de la révolte se lit ainsi tout à la fois comme une biographie, une enquête littéraire et une histoire de la circulation mondiale des idées à la fin du XIXe siècle. Mais elle est avant tout une œuvre puissamment originale et atypique, un grand récit de la première mondialisation.
Benedict Anderson (1936-2015) était spécialiste du Sud-Est asiatique. Il a enseigné les relations internationales à l'université Cornell, aux États-Unis. Né en Chine, de parents anglo-irlandais, il a publié entre autres Java in a Time of Revolution (Cornell University Press, 1972), In the Mirror : Revolution, Literature and Politics in Siam in the American Era (Duang Kamol, 1985) et Language and Power : Exploring Political Cultures in Indonesia (Cornell University Press, 1990).
" Dans un livre haletant et documenté, le grand historien Benedict Anderson nous entraîne sur les traces d'un des pères de l'indépendance des Philippines: l'écrivain anarchiste du XIX° siècle José Rizal. [...] Clairement écrites, agrémentées d'un grand nombre de photographies d'époque, Les bannières de la révolte sont un livre d'histoire qui se lit comme une histoire. Il montre, entre autres, l'influence que l'anarchisme a pu exercer sur le développement des nationalismes "tropicaux" - où le marxisme aura toujours des difficultés à s'implanter. "
MARIANNE
" Les internationalistes Marx et Engel n'ont jamais quitté l'Europe. les anarchistes parcouraient le monde. la circulation de leurs idées et leurs contactes dans les foyers de fermentation intellectuelle ont joué un rôle décisif dans l'émancipation des peuples colonisés. De Manille à Madrid, de Paris à La Havane, l'auteur Anderson reconstitue avec brio cette globalisation de la pensée révolutionnaire, à la fin du XIX° siècle, à partir des pérégrinations de l'ethnographe Isabelo de los Reyes et du grand romancier Rizal, prophètes du nationalisme philippin. "
LE NOUVEL OBSERVATEUR
" À travers le parcours littéraire et politique du grand écrivain philippin José Rizal (1861-1896), Benedict Anderson, universitaire américain spécialiste de la nation, nous plonge dans les dernières années fascinantes du XIX° siècle colonial. Une période où se croisent révolutionnaires nomades et poètes en exil. Une époque où il n'existait pas de langue internationale et où les intellectuels philippins écrivaient en allemand aux Autrichiens et correspondaient entre eux en espagnol, français ou tagalog. Un moment de l'histoire mondiale où la pensée anarchiste était, plus que le marxisme, capable de bouger les lignes sous les tropiques ou en Europe, à travers les assassins de dirigeants politiques. Documenté et illustré, l'ouvrage d'Anderson est d'abord une invitation au voyage vers Paris, Harar, Smolensk, Port-au-Prince, Tampa ou Manille. C'est surtout un livre "pluriel" qui se parcourt comme un roman biographique, une histoire des idées et une très belle étude littéraire. "
PAGE
" Dans ce livre foisonnant, l'historien britannique Benedict Anderson, auteur du remarqué L'imaginaire national. Réflexions sur l'origine de l'essor du nationalisme, se penche sur les rapports étroits qui à la fin du XIX]siècle ont uni le mouvement anarchiste et les premiers partisans des indépendances nationales. "
SCIENCES HUMAINES
" Le livre de l'historien britannique Benedict Anderson est une enquête historique, à la trame très serrée, où se croisent plusieurs thèmes - la littérature, l'anarchisme, l'anti-impérialiste, le nationalisme - à travers le fil biographique de trois grandes figures des luttes anticoloniales aux Philippines à la fin du XIX° siècle, quand les puissances impériales et coloniales se partagent le monde et quand le monde connaît une nouvelle étape de la globalisation. [...] L'historien britannique Benedict Anderson dépasse la réflexion de la formation des nationalismes que l'on ne sait rien devoir à de soudaines montées de sève depuis son dernier livre et depuis les travaux de Gérard Noiriel. il s'interroge sur le rôle de la circulation des idées, des livres, des imaginaires, des hommes, souvent imprégnés par l'anarchisme, entre l'Europe, l'Asie et l'Amérique, dans la formation des nationalismes et dans la préparation des révoltes des peuples colonisés et dominés. Il accorde une place capitale aux rencontres et aux imaginaires, et donc au romanesque, dans les processus de l'élaboration des nationalismes. "
ESPRIT
" C'est un livre dense, érudit, étrangement construit. Sous-titré anarchisme, littérature et imaginaire anticolonial, la naissance d'une autre mondialisation, Under Three Flags (titre original) est en réalité une passionnante leçon d'histoire des Philippines, signée par Benedict Anderson, l'historien britannique spécialiste des nationalismes. "
BARRICATA
2024-11-21 - PRESSE
Introduction - 1. Prologue : l'œuf du coq - Une nouvelle science - Richesses du savoir local - Frères des forêts - Étranges beautés - Réflexions comparées - 2. Allá... Là-bas - Bibliothèques cosmopolites - Une lampe à la nitroglycérine - Un héritage de Baltimore ? - Études homéopathiques - Là-bas - Flaubert et l'éducation d'un assassin -Plaisirs inéprouvés - Le luxe du français - La vengeance par la plume - Les enfants de Rodolphe - Rire et suicide - Collaboration et émulation - 3. Dans l'ombre de Bismarck et de Nobel - La route de l'Europe - Bismarck et la nouvelle géographie de l'impérialisme - Le Drapeau noir - L'Espagne du caciquisme - Les Ordres : dépossédés et possédés - Les ailes noires - Amis intimes - De retour pour la première fois - Le schisme des nationalistes expatriés - Une bibliothèque perdue ? - Vers une interprétation d'El Filibusterismo : des prolepses par-delà les continents - Transpositions - Dansons la Ravachole - Un sourire énigmatique - 4. Les épreuves d'un romancier- La question de Tchernychevsky - Le pays de Conrad - La Liga Filipina - De retour pour la seconde fois - Une Sibérie tropicale - L'insurrection de Martí Rizal à Cuba ? - Une nouvelle conjoncture - Rizal quitte Dapitan - Derniers voyages - Du weylerismo à Manille - Trois réflexions - 5. La croisade de Tarrida - Paris se radicalise - Le parti ouvrier belge et Germinal - L'affaire Dreyfus - Docteur Betances, patriote antillais - Angiolillo : de Foggia à Sainte-Agathe - Dans le maelström - Va vers l'Est, jeune homme! - Qui est donc l'ennemi ? - Un gentilhomme de la mondialisation - Blumentritt - Les Antillais - Les Japonais - Contacts chinois - Pawa ou l'internationalisation de la guerre - Malatesta à Manille - Dernières lueurs à l'Ouest : Isabelo de los Reyes - Dernières lueurs à l'Est : Mariano Ponce - Postface - Remerciements.