Comment résister à la peur et à l'impuissance que provoquent aujourd'hui les extinctions de masse dans la grande " famille des vivants " ? Deborah Bird Rose nous propose ici de penser, sentir et imaginer à partir d'un terrain concret et situé : les manières de vivre et de mourir avec les chiens sauvages d'Australie, les dingos, cibles d'une féroce tentative d'éradication.
En apprenant des pratiques aborigènes, de leurs manières de se connecter aux autres vivants, elle active une puissance que la Raison occidentale a dévolue aux seuls humains : l'amour. Que devient cette capacité de répondre à l'autre, cette responsabilité, quand elle s'adresse à tous les terrestres ? En s'attachant à des bribes d'histoires logées dans nos grands récits moraux et philosophiques, elle fait sentir que le non-humain continue d'insister silencieusement et que cet appel, perçu par Lévinas dans les yeux d'un chien rencontré dans un camp de prisonniers en Allemagne nazie, n'en a pas fini de nous saisir et de nous transformer.
Il s'agit de faire sentir et aimer la fragilité des mondes qui se font et se défont, au sein desquels des vivants hurlent contre l'inexorable faillite, tressent des chants inoubliables. Les faits parlent d'eux-mêmes, disent parfois les scientifiques de laboratoire. Ici, ils nous parlent.
2020-01-17 - Laurent Lemire - Livres Hebdo
Si les animaux s'éteignent, c'est que nous les oublions. Nous en avons détaché toutes les fibres de notre amour. C'est la thèse de Deborah Rose. L'oubli est la raison profonde de la sixième extinction, apocalypse silencieuse sans oraisons ni tombeaux.
2020-02-05 - Diacritik
Le cri d'alarme poussé par Deborah Bird Rose dans Le Rêve du chien sauvage (éd. La Découverte) a beau dater d'il y a dix ans (pour sa publication en anglais), il résonne avec une force redoublée aujourd'hui. [...] Pionnière des sciences environnementales, l'anthropologue disparue en 2018, et qui a passé vingt-cinq ans avec les communautés aborigènes de Yarralin et Lingarra, ravive leur héritage culturel ancestral fait d'égards et d'amour envers la nature. En appelant de sa plume enlevée à s'approprier largement cette vision du monde, et à se reconnecter au vivant, elle donne des pistes pour enrayer le processus déjà irréversible de la disparition des espèces.
2020-02-11 - Mathieu Dejean - Les Inrockuptibles
Le mode de réflexion de Bird Rose peut surprendre. Plutôt que suivre un chemin théorique bien tracé, elle convoque des images: celle, par exemple, des ruines du présent contemplées par l'Ange de l'Histoire de Walter Benjamin, alors que le vent du progrès l'entraîne le dos tourné vers l'avenir. Les récents paysages australiens calcinés ne lui donnent malheureusement pas tort. Contre l'incendie dévastateur, Bird Rose imagine un feu de camp autour duquel se réuniraient des figures de la pensée du lien éthique entre les êtres humains et la nature. Parmi elles: le Vieux Tim Yilngayarri, un patriarche aborigène, mais aussi le philosophe russe Léon Chestov, critique de la modernité et penseur du vivant fluide et mouvant, l'anthropologue Lucien Lévy Bruhl ou encore les écoféministes Donna Haraway et Val Plumwood. Le croisement de toutes ces références donne naissance à ce que Bird Rose nomme un " existentialisme écologique ", soit la prise en compte des synergies unissant les êtres vivants, contre une définition de l'humanité comme espèce séparée face à une nature étrangère. Tout sauvages qu'ils sont, les dingos vivent en bonne intelligence avec les Aborigènes. Pourquoi ne pas suivre la piste qu'ils tracent dans le bush ?
2020-03-01 - Victorine De Oliveira - Philosophie Magazine
À partir des dingos, intégrés dans la cosmologie du " vieux Tim Yilngayarri ", son principal guide aborigène, Rose propose un paradigme de la connectivité qui " suppose d'imaginer que les êtres vivants sont toujours enchevêtrés et liés par une prérogative commune et morale : assurer la perpétuation de la vie " et, au-delà, l'idée d'un " existentialisme écologique ". Imaginatif, puissant, " sauvage ", l'ouvrage ne souhaite pas conclure. Il esquisse des pistes, ouvre des voies de compréhension originales au monde qui nous entoure. Début 2020, après les méga-feux en Australie qui ont ravagé plus de huit millions d'hectares et décimé plus d'un milliard d'animaux en quelques mois, il est d'une actualité confondante.
2020-06-30 - Jean Vettraino - Revue Projet
Préface, par Thom van Dooren et Isabelle Stengers
1. Où trouver la sagesse ?
Sagesse sauvage
Les chiens de pluie
La sagesse du bâton de feu
2. Regard sur l'extinction
3. Le visage de mon Bobby chéri
Le silence des chiens
La onzième question
4. Existentialisme écologique
L'incertitude, ou le spectre du mystère
La connectivité, ou le spectre des animaux
La parenté, ou le spectre de la connectivité
5. Le Chien d'Orion
6. Chanter les autres
7. La désolation de Job
8. Et si l'Ange de l'Histoire était un chien ?
La souffrance des innocents
Quand la mort règne
Récits de mort
La notion de pays
Trophées
9. Visages ruinés
Démanteler
La parenté
La naissance de l'humain
L'ombre de la mort
Les chiens sauvages
Ruiner
10. La folie du monde
11. Le royaume de Salomon
12. La Loi du Commencement
Les retours interspécifiques
Le langage des créatures
Éthique de la connectivité
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Remerciements
Bibliographie
Index