Les discours catastrophistes sur l'école ne manquent pas : analphabétisme des élèves, désarroi des enseignants, fin de la culture, mise à l'écart des élites éclairées... Pourtant, nombreux sont les enseignants qui ne partagent pas ces idées noires et qui n'ont pas déclaré forfait. Bernard Defrance en fait partie : il a fait le choix d'enseigner la philosophie dans des classes de sections techniques réputées peu enclines à l'abstraction. Son témoignage est revigorant : " Six ou dix classes tous les ans, des élèves de sections techniques principalement... Je découvre chaque année qu'ils ne sont pas les barbares abondamment décrits dans une certaine littérature. J'ai le sentiment de vivre une inépuisable aventure de liberté, avec des individus à chaque fois nouveaux et imprévisibles. Cela fait vingt ans que j'enseigne. Je n'ai jamais quitté l'école et j'en suis toujours plus heureux : j'ai l'intention de continuer. " Sauf que Bernard Defrance a bien failli ne pas pouvoir " continuer ". À la suite de l'un des " jeux philosophiques " qu'il décrit ici, il s'est retrouvé nu devant ses élèves... et a été condamné à une peine symbolique de 2.000 francs d'amende avec sursis : " Le travail de la pensée exigé par la philosophie est une entreprise risquée " (Jean-Toussaint Desanti). Le Plaisir d'enseigner est la réédition d'un livre paru en 1992 (Quai Voltaire), aujourd'hui épuisé. Cette nouvelle édition est augmentée d'une préface de Jean-Toussaint Desanti et d'un post-scriptum de l'auteur.
Bernard Defrance a été professeur de philosophie, notamment en zones urbaines " sensibles ", pendant trente-cinq ans et formateur d'enseignants (pour le primaire et le secondaire) pendant seize ans. Désormais à la retraite, il travaille au sein de la sec-tion française de Défense des enfants international à l'application de la convention internationale sur les droits de l'enfant. Ses ouvrages sont publiés aux Éditions La Découverte et ses textes sont disponibles sur <www.bernard-defrance.net>.