Par quel étrange paradoxe le contrat social, censé instituer la liberté et l'égalité civiles, a-t-il maintenu les femmes dans un état de subordination ? Pourquoi, dans le nouvel ordre social, celles-ci n'ont-elles pas accédé, en même temps que les hommes, à la condition d'" individus " émancipés ?
Les théories du contrat social, héritées de Locke et de Rousseau, et renouvelées depuis Rawls, ne peuvent ignorer les enjeux de justice que soulève le genre. Carole Pateman montre, dans cet ouvrage désormais classique, que le passage de l'ordre ancien du statut à une société moderne du contrat ne marque en rien la fin du patriarcat. La philosophe met ainsi au jour l'envers refoulé du contrat social : le " contrat sexuel ", qui, via le partage entre sphère privée et sphère publique, fonde la liberté des hommes sur la domination des femmes. Il s'agit là moins d'exploitation que de subordination, comme le démontre l'autrice en analysant le contrat de mariage, mais aussi l'ensemble des contrats touchant à la propriété de la personne, de la prostitution à la maternité de substitution, jusqu'à l'esclavage et au salariat. Ainsi s'engage, à partir du féminisme, une critique de la philosophie politique libérale dans son principe même : pour Carole Pateman, un ordre social libre ne peut en aucun cas être de type contractuel.
Préface de Geneviève Fraisse
Dévoiler l'inégalité contractuelle
L'histoire des femmes à contretemps
Dialectiques de la domination ?
Avant-propos
1. Contracter
2. Confusions patriarcales
3. Le contrat, l'individu et l'esclavage
4. La genèse, les pères et la liberté politique des fils
5. Épouses, esclaves et esclaves salariés
6. Le féminisme et le contrat de mariage
7. Qu'est-ce qui ne va pas dans la prostitution ?
8. La fin de l'histoire ?
Postface d'Éric Fassin
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