À cinq mois de la fin de la guerre d'Algérie, le 17 octobre 1961, Paris a connu le plus grand massacre de gens du peuple depuis la Semaine sanglante de 1871. Des dizaines de milliers d'Algériens manifestant sans armes ont été violemment réprimés par des policiers aux ordres du préfet Maurice Papon, faisant probablement plus de deux cents morts. Et pendant une trentaine d'années, ce drame a été " oublié ". Pourtant, dès l'époque, des femmes et hommes courageux ont tenté de le faire connaître. En témoigne le texte inédit que Marcel et Paulette Péju devaient faire paraître à l'été 1962 et publié ici. Nourri de nombreux témoignages d'Algériens recueillis à chaud, sa lecture ne laisse pas indemne.
Il est complété par La triple occultation d'un massacre de l'historien Gilles Manceron, qui jette une lumière essentielle sur cet événement. Avec l'appui des ministres hostiles aux choix du général de Gaulle en Algérie, Papon a orchestré la répression en donnant aux policiers une sorte de permis de tuer. Gilles Manceron éclaire également les raisons de la longue occultation du massacre. Ce livre explique la logique implacable d'un événement qui correspond aux derniers feux de la folie coloniale. Et la postface inédite de Gilles Manceron évoque les développements survenus au cours des années 2010 concernant la mémoire de ce massacre.
Journaliste, Marcel Péju (1922-2005) est également l'auteurs, avec Paulette Péju de Ratonnades à Paris (Maspero, 1961 ; nouvelle édition La Découverte/Poche, 2000).
Préface. Une publication nécessaire, par Gilles Manceron
Un drame longtemps occulté
" Faire éclater la mystification "
I. Le 17 octobre des algériens
Introduction
1. La bataille de Paris
2. Le 17 octobre : pourquoi ? comment ?
3. Ce soir-là...
4. La manifestation des femmes
Annexes
1. El Moudjahid : " La politique du crime "
La violence et le droit
Colonialisme et fascisme
L'ère du racisme
2. Fédération de France du FLN : " Appel au peuple français "
3. Appel des intellectuels français du 18 octobre
4. L'opinion française dénonce
5. Des Algériens accusent
" Des garçons de quatorze ans... "
" Aux Grandes Carrières, ce fut un massacre... "
" Entassés, cent vingt dans une cave... "
" Ils ont tiré sur nous... "
" Il n'y aura pas de travail pour vous ! "
Des cas de disparition
II. La triple occultation d'un massacre
Un gouvernement français divisé face à la perspective de l'indépendance de l'Algérie
Août 1961 : Michel Debré " débarque " le garde des Sceaux Edmond Michelet
Le système de répression extrajudiciaire mis en place par Maurice Papon
L'obstacle représenté par Edmond Michelet
L'habillage légal d'une répression extrajudiciaire
La provocation de la décision du couvre-feu du 5 octobre pour les Algériens
Le peuple algérien est entré en scène
Mensonges et dissimulation du crime
Un déni qui a la vie dure
L'occultation par le PCF et la mémoire de Charonne
Les blocages du côté algérien
Le rôle méconnu des femmes
La nécessaire reconnaissance
Postface à l'édition de 2021
De nouvelles révélations
Le rôle central et décisif de Michel Debré
Les " retours dans leur douar d'origine "
Le silence des familles algériennes en France
Bibliographie et références.