Sur fond de crise, la casse sociale bat son plein : vies jetables et existences sacrifiées. Mais les licenciements boursiers ne sont que les manifestations les plus visibles d'un phénomène dont il faut prendre toute la mesure : nous vivons une phase d'intensification multiforme de la violence sociale.
Mêlant enquêtes, portraits vécus et données chiffrées, les auteurs dressent le constat d'une grande agression sociale, d'un véritable pilonnage des classes populaires – un monde social fracassé, au bord de l'implosion.
Loin d'être l'œuvre d'un " adversaire sans visage ", cette violence de classe a ses agents, ses stratégies et ses lieux. Les dirigeants politiques y ont une part écrasante de responsabilité. Les renoncements récents doivent ainsi être replacés dans la longue histoire des petites et grandes trahisons d'un socialisme de gouvernement qui a depuis longtemps choisi son camp.
À ceux qui taxent indistinctement de " populisme " toute opposition à ces politiques qui creusent la misère sociale et font grossir les grandes fortunes, les auteurs renvoient le compliment : il est grand temps de faire la critique du " bourgeoisisme ".
Michel Pinçon (1942-2022), sociologue, ancien directeur de recherche au CNRS, a notamment publié, avec Monique Pinçon-Charlot, Grandes Fortunes. Dynasties familiales et formes de richesse en France (Payot, 1996), Sociologie de la bourgeoisie (La Découverte, " Repères ", 2000), Sociologie de Paris (La Découverte, " Repères ", 2004), Les Ghettos du Gotha. Comment la bourgeoisie défend ses espaces (Le Seuil, 2007), Le Président des riches. Enquête sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy (Zones/La Découverte, 2010), La Violence des riches. Chronique d'une immense casse sociale (Zones/La Découverte, 2013), Tentative d'évasion (fiscale) (Zones/La Découverte, 2015), Le Président des ultra-riches. Chronique du mépris de classe dans la politique d'Emmanuel Macron (Zones/La Découverte, 2019) et Notre vie chez les riches. Mémoires d'un couple de sociologues (Zones/La Découverte, 2021).
Monique Pinçon-Charlot, sociologue, ancienne directrice de recherche au CNRS, a notamment publié, avec Michel Pinçon, Grandes Fortunes. Dynasties familiales et formes de richesse en France (Payot, 1996), Sociologie de la bourgeoisie (La Découverte, " Repères ", 2000), Sociologie de Paris (La Découverte, " Repères ", 2004), Les Ghettos du Gotha. Comment la bourgeoisie défend ses espaces (Le Seuil, 2007), Le Président des riches. Enquête sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy (Zones/La Découverte, 2010), La Violence des riches. Chronique d'une immense casse sociale (Zones/La Découverte, 2013), Tentative d'évasion (fiscale) (Zones/La Découverte, 2015), Le Président des ultra-riches. Chronique du mépris de classe dans la politique d'Emmanuel Macron (Zones/La Découverte, 2019) et Notre vie chez les riches. Mémoires d'un couple de sociologues (Zones/La Découverte, 2021).
2013-06-01 - Regards
Après Le président des riches, le gouvernement des traîtres ? Si la précédente enquête des Pinçon-Charlot démasquait les rites de l'oligarchie française sous Sarkozy, leur nouvel essai illustre combien la gauche ne protège pas les classes populaires contre l'intensification de la guerre sociale. Pour les sociologues, les licenciements de l'année passée (PSA, Pétroplus, Goodyear, Arcelor, Doux...) sont l'indice d'une violence sociale de plus en plus marquée. Leur réflexion amère et désenchantée sur les effets mal maîtrisés de la crise dépasse le seul cadre de l'actualité récente; elle éclaire surtout la violence symbolique exercée par les riches. Cette violence de classe a ses agents, ses stratégies, ses lieux, ses codes. Le livre les met à nu, dans un geste à la fois théorique et militant.
2013-08-14 - Jean-Marie Durand - Les Inrockuptibles
Deux ans après Le Président des riches, l'enquête sur l'oligarchie de Michel Pinçon et de Monique Pinçon-Charlot engagée dans la France de Nicolas Sarkozy se poursuit dans celle de François Hollande. Forts d'un voyage en grande bourgeoisie commencé à la fin des années 1980, les deux sociologues dressent, dans La Violence des riches, un portrait saisissant. Enquête ou " chronique "? " Chronique d'une immense casse sociale ", selon le sous-titre, mais aussi tableau à deux faces, l'une colorée et chatoyante, l'autre, en grisaille. Car cette violence " en tenue de camouflage, costume-cravate et bonnes manières sur le devant de la scène ", est " exploitation sans vergogne des plus modestes ", en " coulisse ". Et cette " violence des riches " de l'époque du capitalisme financiarisé se décline. Violence des patrons spéculateurs, coureurs de zones franches et chasseurs de primes en tous genres, depuis les Ardennes jusqu'à Aulnay-sous-Bois en passant par Doux et Châteaulin sans oublier, avec " l'État complice ", GDF Suez. Accumulation colossale de dividendes d'un côté, " salariés jetables " et territoires industriels dévastés de l'autre. Violence de la fraude fiscale comme " sport de classe " où l'" escamotage des fortunes " " sert d'arme aux membres de l'oligarchie, pour exiger des peuples qu'ils remboursent les défauts et les dettes dus à la spéculation financière débridée et mondialisée ". Délinquance qui se règle " à l'amiable " quand elle est démasquée par la justice, manière qui contraste avec la criminalisation de la contestation sociale. Violence de la ségrégation territoriale aussi, avec ses espaces de relégation qui objectivent et structurent les ségrégations de classe. Sans oublier la violence de la domination des esprits, dont la complaisance à instiller l'idéologie néolibérale " à longueur d'antennes " est sans doute un des aspects les plus efficaces. Mais ce travail est aussi une " chronique ". Chronique balisée par une multitude de petits focus très instructifs qui peuvent se picorer au fil des pages. Chronique car il s'agit d'une histoire où la première année du quinquennat de François Hollande se mêle étrangement avec celui du président précédent. Elle remonte le cours du temps jusqu'au virage néolibéral du socialisme français dans les années 1980. À cette occasion, le réseau de la " noblesse d'État " – selon l'expression de Pierre Bourdieu – à laquelle appartient celui qui fut pendant onze ans le premier secrétaire du Parti socialiste est analysé et décrit avec une précision tranchante. " Néolibéral depuis 1983 ", François Hollande apparaît comme l'expression d'un nouveau moment de l'aggiornamento social-démocrate commencé sous François Mitterrand avec Laurent Fabius et Pierre Bérégovoy. " Président des riches " lui-même, " maintenant ", le président qui affirmait ne pas aimer " les riches " et faire de la finance son " véritable adversaire "? En tout cas, à la lecture, concernant ces derniers points et en admettant que cela fût, " c'était avant ".
2013-09-06 - Jérôme Skalski - L'Humanité
Le nouveau livre du couple de sociologues, La violence des riches, pointe une fois encore le cynisme des élites françaises et s'en prend à la délinquance fiscale, véritable sport de classe.
2013-09-07 - Bertrand Rothé - Marianne
Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon avaient porté vivement l'estocade au précédent pouvoir sarkozyste avec leur désormais célèbre Le président des riches. Leur nouvel ouvrage, La violence des riches, est un essai rigoureux qui se veut une analyse globale du système de classes néolibéral où les élites allient délinquance fiscale, irresponsabilité et, surtout, avidité méprisante pour les dominés.
2013-09-19 - Olivier Doubre - Politis
Les riches s'enrichissent tandis que les pauvres s'appauvrissent. En reprenant ce constat de plus en plus manifeste, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot poursuivent leur mission obstinée de sociologues de la bourgeoisie sous l'angle de ses relations avec les catégories populaires. Ils instruisent le dossier accablant d'un écart croissant qui exacerbe la violence de la domination. On ne s'enrichit pas de façon très conséquente sans prendre aux autres non seulement le travail mais aussi l'estime de soi. Le sujet ne prête pas à l'humour - encore que les auteurs n'en soient pas dépourvus lorsqu'ils évoquent leurs pérégrinations dans les beaux quartiers -, et que l'on risque la déprime tant une vive impression d'impuissance sociale sourd de ces pages écrites à l'encre de l'inéluctabilité. Pourtant, devant l'évocation de la vie des riches, on n'est pas si sûr de les envier: toujours soigner son allure, assister à d'ennuyeuses réunions de travail ou soirées mondaines, s'inquiéter de sa fortune... Misère sociale ! Qui ne peut être évidemment comparée au souci de survivre.
2013-11-01 - Alain Garrigou - Le Monde diplomatique
L'ouvrage du couple de sociologues porte le deuil et la révolte. Il propose une analyse engagée, appuyée sur des exemples concrets qui, mis bout à bout, font sens. L'écho des drames sociaux décrits entre en résonance avec la corruption politico-financière et l'évasion fiscale, les comparutions immédiates des jeunes de classes populaires soulignent un peu plus l'impunité des délinquants en col blanc. Dans la veine des Nouveaux chiens de garde, de Serge Halimi, les Pinçon-Charlot cherchent à mettre des noms et des visages sur une finance internationalisée présentée comme désincarnée dans les discours politiques. A partir de ces faits d'actualité, les auteurs montent en généralité pour s'intéresser aux mécanismes qui permettent aux dominants de faire accepter ces inégalités aux dominés : management incitatif, médiatisation biaisée et superficielle, publicité consumériste. Tableau aussi noir d'amertume que rouge de révolte, cet ouvrage s'instille dans les rouages d'un système qui assujettit le pauvre et le désigne comme laid, inculte ou dangereux. Un système qui repose sur une violence symbolique diffuse, présente dans l'espace, les choix vestimentaires, les attitudes corporelles, dans le langage : chaque souffle de vie est investi d'un rapport sociologique que les Pinçon-Charlot dénoncent autant qu'ils décrivent.
2013-11-01 - Barthélémy Gaillard - Alternatives économiques
Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon ont fait toute leur carrière au CNRS comme sociologues. Ils ont écrit quinze livres en vingt-cinq ans sur les riches. Ils viennent de publier, après avoir pris leur retraite, La violence des riches, une somme, un aboutissement de leurs travaux sur les dominants, un cri de colère.
2013-11-01 - Siné Hebdo
Les travaux de Michel Pinçon et de Monique Pinçon-Charlot se concentrent essentiellement sur les élites, par le biais d'enquêtes ethnographiques. Leurs recherches s'inscrivent dans la tradition sociologique qui produit une analyse du système social par le prisme des rapports de domination entre groupes sociaux, renvoyant aux travaux de Karl Marx et de Pierre Bourdieu. Ici, c'est à travers le conflit entre classes sociales que sont analysés les mouvements socio-économiques. Leur approche remet au goût du jour les théories marxistes : la guerre des classes est déclarée car les rapports sociaux de classes sont violents dans le capitalisme mondialisé. Cette violence est exercée par les classes dominantes (la bourgeoisie qui se confond avec les élites financières) sur le peuple (les classes moyennes et populaires). Les auteurs tentent de déterminer comment se produit cette violence, et comment elle est acceptée par le plus grand nombre.
2014-10-27 - Maulde Urbain-Mathis - Liens socio
Avant-propos
1. Patrons spéculateurs et salariés jetables
Retour dans les Ardennes
Les poulets Doux ont la vie dure
PSA Peugeot Citroën et le mépris de l'ouvrier
GDF SUEZ ou l'État complice
2. La délinquance des riches
La fraude fiscale, un sport de classe
Quand la justice ferme les yeux
Deux poids, deux mesures : justice de classe et délinquance des pauvres
La criminalisation de la contestation sociale
Un sentiment d'impunité, jusqu'à quand ?
3. L'oligarchie dans la France de François Hollande
François Hollande et ses réseaux
Néolibéral depuis 1983
Le rôle historique des socialistes français dans la mondialisation libérale
Quelques mesures emblématiques de la " deuxième droite "
4. La domination dans les têtes
On préfère ne pas savoir
L'idéologie libérale à longueur d'antennes
La publicité achève bien les cerveaux
Manipulateurs et fiers de l'être : l'enfer du management
5. La mécanique de la domination
Du particulier à l'universel, leur interêt bien compris
Quand la violence sociale se marque dans les corps
La confrontation à l'autre social
6. La ville comme champ de bataille
L'espace, un éducateur discret, mais efficace
La mémoire ouvrière laminée
Les classes populaires tenues à distances des beaux quartiers
Les ambiguïtés de la politique de la ville
Choix politiques selon les quartiers
Conclusion. Le " bourgeoisisme " et ses ennemis
Bibliographie
Postface. Retours sur " la violence des riches "
L'accueil des " chiens de garde "
Un an de social-libéralisme
Des rencontres à travers la France.