L'été 2010 a marqué un tournant dans le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Lien martelé entre immigration et insécurité, remise en cause des naturalisations de " Français d'origine étrangère ", présomption de délinquance pour les jeunes nés en France de parents étrangers, etc. Cette avalanche, qui a sali l'image de la France et défiguré la République, n'est pas qu'une récupération de l'électorat d'extrême droite après l'échec des régionales de mars 2010. Elle tente une diversion face au rejet d'une politique ouvertement favorable aux plus hauts revenus en pleine crise sociale.
La LDH s'interroge dans ce livre sur ce qui est précisément défiguré, et qui fait de la République bien plus qu'une simple étiquette constitutionnelle. Elle dénonce la dérive vers une véritable xénophobie d'État, de lois anti-étrangers en chasse aux sans-papiers. Elle pointe l'ethnicisation croissante du politique, le président de la République lui-même rendant des groupes ethniques responsables de l'insécurité qu'il met en scène. Elle situe ces provocations dangereuses dans un contexte de fragmentation sociale et d'accroissement des inégalités qu'encouragent les politiques actuelles. Elle caractérise enfin l'exacerbation d'un système monarchique dans lequel il n'y a pas plus de place pour des débats politiques réellement contradictoires que pour la séparation des pouvoirs.
Pour la LDH, il y a donc urgence à reconstruire la République " laïque, démocratique et sociale " que proclame toujours l'article 1er de la Constitution.
Fondée à l'occasion de l'affaire Dreyfus, en 1898, la Ligue des droits de l'homme est une association laïque, indépendante, qui défend les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels et promeut l'exercice actif de la citoyenneté.
Introduction : Qu'est-ce que la République ?, par Jean-Pierre Dubois
L'héritage républicain : " histoire oblige "
La République substantielle : principes républicains
Singularité française : un présidentialisme asphyxiant
Ce qui défigure la République : état des lieux de l'inacceptable
I / La Ve République, une monocratie populiste, par Dominique Rousseau
Un esprit dans le corps du Roi
Des institutions subordonnées
Une pratique à la discrétion présidentielle
L'urgence des " tiers-pouvoirs "
II / La persistance des inégalités, par Françoise Dumont et Dominiue Guibert
Du discours aux maux
Inégalité de revenus, de patrimoine et territoriales
2010, l'année de la retraite
Aggravation des inégalités scolaires
Inégalités dans l'accès aux soins : les menaces sur l'hôpital public
Les services publics coûtent-ils trop cher ?
La protection sociale est-elle un abîme sans fond ?
Les prélèvements obligatoires sont-ils vraiment trop élevés ?
Contre les inégalités, développer la politique des droits
III / La fragmentation sociale, par Robert Castel
La République, société de semblables
De la question des inégalités à la question de la fragmentation sociale
Les voies de la fragmentation sociale
La ligne de fracture de la précarité
Défendre les droits sociaux
IV / L'ethnicisation des rapports sociaux, par Malik Salemkour
Un discours assumé de différenciation et de stigmatisation
Une police au regard ethnique
Les Roms, boucs émissaires d'État
La différence culturelle posée en frein à l'intégration
L'islam imposé comme menace de l'identité nationale
Éviter le piège de l'assignation
Agir d'abord contre la crise sociale
V / Xénophobie d'État, par Michel Tubiana
La stigmatisation de l'étranger
Une société repliée sur elle-même
Tous suspects ?
Discrimination et assignation identitaire
Chronologie de l'année 2010, par Gilles Manceron et François Madiras
Auteurs et directeurs d'ouvrage.