En 1723, le Parlement anglais adopte une loi terrible, le Black Act, qui punit de pendaison le braconnage des cerfs dans les forêts royales et les parcs seigneuriaux. La peine de mort est bientôt étendue au simple fait de venir y ramasser du bois ou de la tourbe. Cet épisode s'inscrit dans la longue histoire de la résistance paysanne face à la montée d'une conception de plus en plus exclusive de la propriété, qui grignote peu à peu les anciens droits d'usage coutumiers, et réduit les plus faibles à la misère. Il illustre la violence de la domination sociale dans l'Angleterre du XVIIIe siècle, où l'oligarchie règne par la loi du profit et la corruption. L'analyse magistrale qu'en donne le grand historien britannique Edward P. Thompson montre comment s'impose, dans l'arène juridique, l'individualisme possessif face aux droits collectifs. Elle fait revivre la brutalité du pouvoir des notables, et la détermination des braconniers, perdants magnifiques : la " guerre des forêts " est aussi une lutte de classes sans merci.
Edward Palmer Thompson, le romantique radical, par Philippe Minard
La guerre des forêts. Luttes sociales dans l'Angleterre du XVIIIe siècle, par Edward P. Thompson
Introduction : le
Black Act de 1723
Windsor
Hampshire
Une politique de classe et de clan
Le droit mis à l'épreuve
Les dures lois de la chasse, par Philippe Minard
Notes.