Pour la plupart des spécialistes de l'économie et de la gestion, l'amélioration de l'efficacité des entreprises et la lutte contre le chômage passent nécessairement par la réduction des coûts du travail. Au nom de ce postulat, les entreprises ne cessent de durcir leur gestion et les pouvoirs publics multiplient depuis des années les dispositifs d'allégement des charges. Dans ce livre iconoclaste et remarquablement informé, Francis Ginsbourger met en cause cette fausse évidence : pour lui, le travail n'est pas " trop cher ", il est surtout mal valorisé. Et les décisions prises sur la base d'une représentation purement comptable du travail sont non seulement source d'exclusion, mais se révèlent très souvent contraires aux intérêts bien compris de l'entreprise. En s'appuyant sur un corpus impressionnant d'études de terrain, il relate ici de nombreuses expériences novatrices de réorganisation du travail, et retrace l'histoire récente des dispositifs publics incitant les entreprises à mieux valoriser le travail. Et il explique pourquoi, trop souvent, ces initiatives ont été précocement interrompues. Mais l'auteur ne s'en tient pas à ce travail critique particulièrement stimulant. Il plaide en faveur de règles négociées de mise en valeur du travail, règles sans lesquelles des mesures telles que les 35 heures sont porteuses de cruelles désillusions. Et à partir d'une réévaluation théorique de la notion-clé de productivité, il apporte des arguments convaincants en faveur de nouveaux modes d'évaluation du travail, conciliant efficacité de l'entreprise et objectifs de société. Bien au-delà du public des spécialistes, cet ouvrage s'adresse à tous les acteurs soucieux d'en finir avec les processus de non-qualification générateurs d'exclusion.
Francis Ginsbourger, économiste, a initié des programmes de recherches, d'expérimentation et de capitalisation des innovations au ministère de la Recherche et de la Technologie, puis à l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT). Il est aujourd'hui consultant.
Introduction : De l'évaluation industrielle à l'évaluation marchande du travail
I / La réduction du travail a son coût
1 - Changement d'organisation du travail et rigidité de la gestion
2 - L'organisation unilatérale des changements de gestion
3 - Les angles morts des lois Auroux
4 - Formations excluantes et sélection par le " niveau "
5 - Feu les politiques du travail
II / De la gestion excluante à la gestion contre-productive
6 - Les impasses de la productivité taylorienne
7 - Spécialisation des entreprises, sous-traitance et risques d'exclusion
8 - Entrepreneurs contre gestionnaires
9 - La mise en valeur du travail : une nouvelle conflictualité
10 - Les 35 heures : pour quoi faire ?
Conclusion.