Le néolibéralisme a déjà une histoire. Depuis les années 1980, les performances de l'économie mondiale ont dépendu de façon croissante de l'humeur et de la santé des " marchés " et des institutions ? fonds de pension, sociétés d'assurance, banques ? qui transforment l'épargne en capital pour le valoriser au moyen de placements et de prêts. Sous leur pression, les gouvernements ont libéralisé, déréglementé et privatisé. La " nouvelle économie " a paru un court moment rendre vaine la critique du néolibéralisme. Mais l'explosion de la bulle Internet, la chute des Bourses, la récession ou la stagnation des économies de l'OCDE, le tournant militaire et sécuritaire après les attentats du 11 septembre ont ouvert une nouvelle période. Le regard critique sur la finance proposé ici veut contribuer à l'analyse des racines du néolibéralisme comme du tournant de 2000-2001. L'architecture de la mondialisation financière et sa " gouvernance " par les États-Unis et le FMI assurent l'acheminement de revenus du monde entier vers les grands centres financiers. Les systèmes de retraites privés, pierre angulaire de la finance mondialisée, sont au cœur de mécanismes qui bloquent la croissance de l'économie mondiale et en accroissent fortement les inégalités, en même temps qu'ils font des salariés les otages des marchés financiers. Alors que la finance a provoqué, dans nombre de pays, des crises qui ont déchiré ou affaibli leur tissu social, les États-Unis ont fait de leur position dominante dans les institutions financières l'un des piliers de leur hégémonie. Force est de se poser la question des liens avec la remontée du militarisme et la priorité sécuritaire.
François Chesnais est professeur émérite à l'Université de Paris XIII-Villetaneuse et auteur de nombreux livres et articles sur la mondialisation du capital contemporaine. Il est membre du Conseil scientifique d'Attac.
" Un nouveau livre sur la mondialisation financière, après l'incontournable ouvrage publié en 1996 (la Mondialisation financière, genèse, coût et enjeux, Syros). Tout aussi remarquables, les contributions de la Finance mondialisée actualisent le travail entrepris dans les années 1990. "
POLITIS
" Cet ouvrage succède au livre sur la mondialisation financière qui avait été publié en 1996 sous la même direction. Plus qu'une simple actualisation, il s'agit d'une réflexion renouvelée, qui porte grande attention au pouvoir de la finance, aux institutions financières, qu'elles soient ou non bancaires. [...] S'il y a des nuances entre les intervenants, tous universitaires et chercheurs, cela ajoute certainement à l'intérêt d'un travail collectif qui, s'efforçant d'aller au-delà des apparences, caractérise la configuration complexe du système financier mondial et choisit de se situer - c'est un point commun - dans une posture critique et sans concessions du capitalisme actuel. "
L'HUMANITÉ
" Voici ce qu'on peut appeler une réflexion de gauche sur la mondialisation financière. Les auteurs rassemblés par François Chesnais dans cet ouvrage ont en effet le double mérite d'être des chercheurs reconnus sur leur sujet et des militants engagés. Cela donne des articles à la fois pointus sur les analyses et clairs quant aux conclusions politiques qu'ils entendent en tirer [...] Un outil de travail et de réflexion critique. "
ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES
" L'ouvrage a le mérite de rappeler que le pouvoir des rentiers (c'est-à-dire des propriétaires actionnaires) découle d'abord des choix effectués par les Etats, et en premier lieu par le plus puuissant d'entre eux, les Etats-Unis. "
LE MONDE DIPLOMATIQUE
" Cet ouvrage combine les apports de plusieurs spécialistes pour porter un regard d'ensemble sur le rôle de ka finance dans l'économie contemporaine dans une perspective critique, influencée par l'analyse marxiste. "
IDÉES
2024-11-21 - PRESSE
Avant-propos, par François Chesnais
Quelques interrogations et thèmes majeurs
Les huit contributions
1. Le capital de placement : accumulation, internationalisation, effets économiques et politiques, par François Chesnais
Les étapes et les mécanismes de l'accumulation financière
La forme de mondialisation née de la libéralisation financière
Un régime spécifique de propriété du capital
L'extériorité de la finance par rapport à la production
Une croissance mondiale très lente, concentrée sur un très petit nombre de foyers
L'hypothèse d'une " insatiabilité " de la finance
Les crises financières
Conclusion
2. L'instabilité monétaire internationale, par Suzanne de Brunhoff
Problèmes théoriques des taux de change
Les conceptions orthodoxes : taux de change et pouvoir d'achat des monnaies
Une conception monétariste de la monnaie et du régime des changes
Les conceptions hétérodoxes des taux de change
Relations monétaires et politiques internationales
Le rôle des étalons monétaires internationaux
" Dollarisation " ou monnaies régionales
L'hégémonie du dollar malmenée par la dette américaine ?
La Chine et le circuit du dollar
Polycentrisme ou coopération monétaire internationale : quelles réformes ?
3. Le néolibéralisme sous hégémonie états-unienne, par Gérard Duménil et Dominique Lévy
Le nouveau pouvoir financier
États et classes
Traits généraux du néolibéralisme aux États-Unis et en Europe
Économie de l'impérialisme états-unien
Dominer le monde
La dérive de la consommation
Contradictions d'une trajectoire macroéconomique
La crise au centre
Des déséquilibres croissants
Entre démocratie, autoritarisme et militarisme
Annexe : États-Unis et reste du monde : profits, revenus, actifs financiers
4. Les fonds de pension et les fonds mutuels : acteurs majeurs de la finance mondialisée et du nouveau pouvoir actionnarial, par Catherine Sauviat
Des acteurs financiers d'origine distincte, dotés d'une importante force de frappe financière
Les fondements de la puissance des fonds de pension
L'externalisation de la gestion des fonds
L'essor de la gestion collective de l'épargner
Une force de frappe financière alimentée par la Bourse
Des acteurs majeurs des marchés et de la bulle financière, animés du double impératif de rentabilité et de liquidité
Une responsabilité dans l'accroissement de l'instabilité financière
Une priorité à la rentabilité financière
La recherche exclusive de performances financières
La nature du nouveau pouvoir actionnarial
Un pouvoir de contrôle contourné par les dirigeants
Une machine à discipliner les salariés
L'activisme actionnarial et l'investissement socialement responsable : nouvel horizon syndical ?
Le cache misère de l'éthique
Conclusion
5. Les grandes entreprises fragilisées par la finance, par Dominique Plihon
La prise de pouvoir par les investisseurs institutionnels
Les managers face à leurs nouveaux actionnaires
Une montée spectaculaire des investisseurs étrangers
Le processus de dispersion de la détention du capital
La politique des nouveaux détenteurs du capital
Le comportement prédateur des acteurs du capitalisme financier
Les entreprises déstabilisées par leurs opérations internationales
Les grandes entreprises piégées par la crise boursière
Réguler le capitalisme financier ?
6. La place de l'Europe dans la valorisation mondiale des capitaux de placement financier, par Esther Jeffers
Une accumulation financière et des structures d'actifs différenciés
L'accumulation financière britannique
L'accumulation financière française
Quelques éléments sur l'Allemagne
La configuration différenciée des investisseurs et des portefeuilles
La concurrence entre les places financières européennes
Les flux transatlantiques des années 1990
Les opérations européennes en Amérique latine et dans les pays candidats à l'élargissement Conclusion
7. Le Japon : du miracle économique à la débâcle financière, par Marianne Rubinstein
Un système financier dédié au développement industriel
L'adoption du principe de cloisonnement
Le système de la banque principale
Le processus de déréglementation financière
La logique déréglementaire
Nouvelles activités, nouveaux risques et " myopie au désastre "
La profondeur de la crise financière
Fragilité bancaire et de l'assurance-vie
Les défaillances des autorités de tutelle
De la crise financière à la crise économique
Les mécanismes de transmission du choc financier à l'économie réelle
Une crise structurelle
Conclusion : vers une sortie de crise ?
8. L'insertion différenciée aux effets paradoxaux des pays en développement dans la mondialisation financière, par Mamadou Camara et Pierre Salama
La mondialisation financière : un processus non intégrateur pour la majorité des pays en développement
L'insertion par les flux bancaires
Les flux liés à la dette
L'insertion par les flux d'investissements internationaux
Quelques effets pervers de la nouvelle insertion financière des pays émergents : l'exemple de l'Amérique latine
Des crises financières d'un type différent
Les effets pervers croissants de la libéralisation sur les régimes d'accumulation
Conclusion
9. Les groupes de l'armement et les marchés financiers : vers une convention " guerre sans limites " ? par Luc Mampey et Claude Serfati
Les restructurations industrielles sous la coupe de la finance
La finance investit l'armement
Concentration verticale et pouvoir relationnel
Réenclavement et surcapacités industrielles
Des " fondamentaux " solides
Anticipations autoréalisatrices
Les dividendes de la guerre
Des performances boursières élevées, des risques limités
Un nouveau " bloc social " : la finance, l'armement et le politique
Une nouvelle institution, le Département de la sécurité nationale
Les technologies de l'information et sécuritaires
Vers une convention " guerre sans limites " ?
Bibliographie générale.