Depuis la chute du Mur de Berlin, le système international est devenu une sorte d'énigme, que les spécialistes peinent à décrypter. Vit-on désormais dans un monde " post-bipolaire ", " unipolaire " ou " multipolaire " ?
Derrière ce flou terminologique se dissimule une continuité profonde : la prétention des plus " grands ", formalisée à partir de 1815 à travers une " diplomatie de concert ", à se partager le pilotage du monde. On retrouve aujourd'hui cet entêtement oligarchique dans les nouveaux " directoires du monde " que seraient le G8 puis le G20, qui renouvellent pourtant les blocages.
S'autolégitimant autour de notions telles que l'" Occident " et la " démocratie ", la " diplomatie de connivence " conduit à des conflits (Afghanistan, Irak) qui ensuite lui échappent. Figée dans un fonctionnement d'exclusion, elle suscite la contestation d'États, d'opinions publiques et d'acteurs – parfois armés – frustrés d'être écartés de la prise de décision. Limitée dans ses performances et protectrice de ses privilèges, elle met en scène la volonté de résoudre de grandes crises, comme celles affectant l'économie mondiale, sans parvenir à des réformes concrètes.
Phénix médiocre qui renaît toujours de ses cendres, la " diplomatie de connivence " est examinée ici dans son histoire, ses fonctions et ses échecs. Bonne manière d'explorer aussi la notion obscure de " système international ".
Bertrand Badie, professeur des universités à l'IEP de Paris (Sciences Po), s'est imposé comme l'un des meilleurs experts en relations internationales. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages qui font référence et conseiller de la rédaction de L'état du monde depuis une vingtaine d'années.
Introduction
I / Vers un monde apolaire
1. Concerts et fausses notes (jusqu'en 1945)
Rapprochement des peuples ou des princes ?
Alliance ou connivence ?
Ordre ou valeurs ?
État libéral ou " État libérateur " ?
Ingérence ou conquête ?
2. Une polarisation précaire (1947-1989)
Puissance, mais quelle puissance ?
Un faible pouvoir d'inclusion
Une petite musique qui persiste
3. L'apparition d'un " système sans nom " (1989-)
L'illusion unipolaire Le retour des concerts
Pour lever l'anonymat du système
Pour tenter une typologie
II / Les nouveaux aristocrates
4. Des " causeries au coin du feu "...
Renaissance occidentale
Faux élargissement
5. La " noblesse " occidentale
De l'aristocratie en relations internationales
Comment l'aristocratie se pense démocratique
Comment la démocratie se pense occidentale
6. L'impératif de gouvernance
Un mode de décision très classique
L'effet de sélection
Une efficacité peu probante
III / La revanche de la mondialisation
7. Concert de contestations
La voix critique des États
L'implication de la société civile
8. L'arbitrage des émergents
Course à l'intégration
Les délices de la contestation
9. Un système international anomique
En forgeant l'anomie
Des conflits sans régulation
Crispations identitaires et tentations souverainistes
Conclusion
Postace à l'édition de 2013
Bibliographie.