Fabriquer des micro-organismes n'ayant jamais existé pour leur faire produire du plastique ou absorber des marées noires ; donner un prix à la pollinisation, à la beauté d'un paysage ou à la séquestration du carbone par les forêts ; transformer l'information génétique des êtres vivants en ressources productives et marchandes... Telles sont quelques-unes des " solutions " envisagées aujourd'hui pour répondre à la crise climatique, au déclin de la biodiversité et à la dégradation de la biosphère. Sont-elles vraiment en mesure de préserver la planète ?
En disséquant les ressorts idéologiques, techniques et économiques de la " croissance verte ", Hélène Tordjman montre que ses promoteurs s'attachent plutôt à sauvegarder le modèle industriel qui est la cause de la catastrophe en cours. Alors que de nouvelles générations de carburants " biosourcés " intensifient une logique extractiviste et que l'élargissement de la propriété intellectuelle à toutes les sphères du vivant permet à quelques firmes de s'approprier l'ensemble de la chaîne alimentaire, l'attribution de prix aux " services écosystémiques ", le développement de dispositifs de compensation écologique ou les illusions d'une finance prétendument verte stimulent un processus aveugle de marchandisation de la nature.
Refuser cette fuite en avant est le premier pas à engager pour tracer enfin une autre voie.
Prix Jacques Ellul 2022.
2021-03-24 - Rémi Noyon - L'Obs
Les grands dirigeants seraient-ils devenus écolos ? Évidemment, non. Mais encore faut-il l'étayer, et c'est la réussite de ce livre méticuleux. Hélène Tordjman démolit les soi-disant " solutions " pour répondre à l'urgence écologique. [...] Ce " capitalisme vert " fonctionne sur le fantasme, au cœur du pacte vert européen, d'un découplage entre croissance économique et utilisation des ressources.
2021-04-01 - Youness Bousenna - Socialter
L'économiste Hélène Tordjman montre comment, sous couvert de " transition écologique ", le capitalisme financiarisé poursuit sa destruction de la planète. [...] Avec beaucoup de didactisme malgré la complexité du sujet, [elle] montre comment, sous couvert de " transition écologique et numérique ", de " progrès " ou encore de " croissance verte ", les grandes institutions internationales, les États et les multinationales ne font in fine qu'aggraver la crise écologique qu'ils et elles, main sur le coeur, assurent vouloir stopper... après en avoir été à l'origine. [...] Il est ainsi question de la fabrication de nouveaux organismes destinés à produire de l'essence ou du plastique, de " big data ", de nanotechnologies ou encore de la privatisation d'informations génétiques, transformées en ressources destinées à un échange marchand. En bref, d'une monétisation et d'une " financiarisation de la nature " [...]. Elle consacre ainsi des pages passionnantes et sans manichéisme à l'autoaccroissement et à l'autonomie de la technique moderne. " Les nouvelles techniques vont à leur tour créer de nouveaux problèmes, qui nécessiteront l'invention de nouveaux moyens, et cela dans un processus sans fin. "
2021-04-15 - Amélie Quentel - Reporterre
Dans "La Croissance verte contre la nature", l'économiste Hélène Tordjman montre clairement comment l'écologie marchande sert le marché mais pas l'écologie.
2021-05-19 - Jean-Luc Porquet - Le Canard enchaîné
Introduction
Remarques générales sur le langage et le vocabulaire
1.
La convergence NBIC, un projet de société
" Des technologies convergentes pour augmenter la performance humaine " : une utopie en marche
De la convergence NBIC à la " bioéconomie "
2. Quand la recherche de l'efficacité se retourne contre elle-même : la contre-productivité des agrocarburants
Les agrocarburants de première génération : pollutions multiples et perte de souveraineté alimentaire
Les agrocarburants " avancés " : nouvelles solutions, nouveaux problèmes
3. Des semences " augmentées ", ou la science au service de nouvelles enclosures
La privatisation des variétés végétales
Progrès scientifique et extension de la propriété intellectuelle
Les brevets sur les procédés d'obtention : les nouvelles techniques d'obtention variétale
4. Protéger la nature à l'ère contemporaine : " capital naturel " et " services écosystémiques "
La financiarisation des esprits
Les institutions de la conservation de la nature
L'émergence d'une gouvernance internationale : le pouvoir de la " soft law "
5. La dématérialisation de la nature : une nouvelle classe de marchandises fictives
Le grand inventaire des manifestations de la vie sur Terre
L'évaluation monétaire des services écosystémiques
Les dispositifs de valorisation des services écosystémiques
6. Faire confiance à la finance ?
Des outils pour orienter l'investissement vers des activités " vertes "
Le rôle crucial des benchmarks ESG
La gestion des risques : des produits financiers " adossés " à la nature
Conclusion. Changer de cap : quelques pistes de réflexion et d'action
À l'échelle microéconomique
À l'échelle mésoéconomique
À l'échelle macroéconomique
Postface
Remerciements.
Prix Jacques Ellul 2022.