Une dizaine d'années durant, à partir de 1983, Michel Vovelle, directeur de l'Institut d'histoire de la Révolution française à la Sorbonne, a coordonné l'organisation de la commémoration scientifique du Bicentenaire. À la tête d'une équipe, il a élaboré des programmes, défi ni une politique et mis en place une organisation à l'échelle nationale et internationale, à visée à la fois scientifique et civique. Soutenu par le président de la République, le projet a dû s'affirmer dans un climat politique changeant, au gré des gouvernements, se heurtant à une vive opposition de la droite, et affrontant le courant critique animé par François Furet, contestant la tradition jacobine.
À l'issue d'intenses débats, parfois polémiques, le grand congrès mondial de juillet 1989, illustration de la mobilisation collective, a rencontré un franc succès. La flamme est retombée après 1993, quand les structures institutionnelles – l'Institut d'histoire de la Révolution française et la commission Jaurès – ont été menacées ou supprimées. Cela ne veut pas dire pour autant que la Révolution soit " terminée ", après l'élan donné à l'enseignement et à la recherche. Le témoignage de l'historien reste porteur d'un message d'espoir indéfectible.
" Missionnaire patriote ", Michel Vovelle a poursuivi ses activités à travers le monde, accompagnant le renouveau historiographique suscité par le Bicentenaire, pour lequel la " Grande Révolution " demeure une référence chargée d'enseignements et de questions sur les révolutions d'hier à aujourd'hui. Il invite ici le lecteur à saisir les enjeux d'une commémoration majeure, tout en livrant ses mémoires d'éminent historien.
Michel Vovelle (1933-2018) était professeur émérite à l'Université de Paris I. Ancien directeur de l'Institut d'histoire de la Révolution, il est l'auteur de très nombreux ouvrages parmi lesquels La découverte de la politique, Recherches sur la Révolution, Les colloques du Bicentenaire, L'État de la France sous la Révolution aux éditions La Découverte.
Avant-propos
Introduction. La Bataille de la Révolution française, entre histoire et mémoire
Laisser les morts enterrer les morts ?
Des mémoires et l'histoire inédite du Bicentenaire
Une pratique audacieuse de l'histoire
L'héritage d'Ernest Labrousse
Des relations complexes avec Albert Soboul
1. Entrée en scène (1981-1983)
Adieux à la Provence
Fureurs et déboires d'Albert Soboul
Pour une commémoration ouverte sur le monde
Course aux rendez-vous et aux contacts
2. Premiers pas sous la gauche (1983-1986)
Entrée à l'Institut d'histoire de la Révolution française
Au programme : organiser, soutenir, coordonner
L'enjeu de la Commission Jaurès
Redistribution des rôles
Qu'allons-nous commémorer ?
Des difficultés de la gestion à la polémique ouverte
3. Les années difficiles
Appréhensions liées à l'alternance politique
Grandes manœuvres stratégiques
Le défi du financement de la table ronde de 1987 et du Congrès mondial de 1989
" 1789 écartèle la gauche "
4. Le bunker ou le souk ?
Enseignement et recherche
Un " missionnaire patriote "
Réticences médiatiques et éditoriales
François Furet passe à l'attaque
5. Le triomphe du Congrès mondial (1988-1989)
Le congrès en suspens
Retour en grâce
1989, ou la consécration
L'organisation du Congrès mondial en coulisses
Ni anathème, ni liturgie
6. Lendemains de fête (1989-1993)
Fin de l'ère mitterrandienne
L'heure n'est plus à la Révolution
Plaidoyer pour l'Institut d'histoire de la Révolution française
" Déparianiser " les études révolutionnaires
Attaques, conflits et fin de partie
7. La débandade (1993)
La crainte d'une " restructuration "
Ultimes démarches
Le dernier séminaire
Nouveau bilan en termes de testament
Impacts des événements de 1989-1990
8. Après la bataille (1993-2000)
Gérer la faillite
L'IHRF et la Société des études robespierristes divorcent
Mise à mort de la Commission Jaurès
Nécessaire restructuration de la commission internationale
Place à la jeunesse
Vingt ans après
Continuité et essor des commémorations en Europe
Le jacobin au couteau entre les dents
La mort se porte bien
La Révolution, illusion du passé ?
Conclusion. Pourquoi avoir remué ces cendres ?
Une légende noire
Que reste-t-il de mon passage ?
Du fond de ma caverne, je regardais se lever les étoiles (printemps 2017)
Annexes
Les campagnes d'un missionnaire patriote
De l'Angleterre aux États-Unis
Allemagnes
Autriche, Hongrie
Tchécoslovaquie, Roumanie, Bulgarie, ex-Yougoslavie
Pologne
Union soviétique
Chine
Japon
Corée du Sud, Vietnam, Inde
Brésil
Argentine, Uruguay, Pérou, Mexique...
Tableaux d'une exposition
La Révolution commence à Vizille
Rénover le musée des Invalides ?
La Révolution française, images et récit : mon musée personnel.