L'œil de l'État
Moderniser, uniformiser, détruire

James C. Scott

Pourquoi, malgré des intentions parfois sincères et orientées vers le bien-être de leurs populations, les États modernes les ont-ils si souvent malmenées, voire meurtries ? Pourquoi, malgré les moyens colossaux mis en œuvre, les grands projets de développement ont-ils si tragiquement échoué et abîmé l'environnement ? Dans cette étude foisonnante, James Scott démonte les logiques bureaucratiques et scientifiques au fondement de ces projets " haut-modernistes ", poussant à toujours plus de lisibilité et de contrôle sur la nature et les sociétés humaines.
À partir d'une large palette d'études de cas allant de la foresterie scientifique à la création des premiers recensements et des noms propres, de la doctrine révolutionnaire de Lénine à la collectivisation de l'agriculture soviétique, Scott dénonce ces entreprises de planification autoritaire qui finissent par appauvrir et par étouffer le monde physique et social.
À l'encontre de ces approches abstraites, centralisées et surplombantes, ce livre défend le rôle de formes de savoirs situés plus modestes, étroitement liées à l'expérience pratique et davantage capables d'adaptation au gré des circonstances.

Version papier : 16.50 €
Version numérique : 12.99 €
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Détails techniques
Traduit par : Olivier Ruchet
Collection : La Découverte Poche / Sciences humaines et sociales n°590
Parutions : 21/03/2024
ISBN : 9782348083129
Nb de pages : 640
Dimensions : 12.5 * 19.0 cm
ISBN numérique : 9782348083136

James C. Scott

James C. Scott est professeur émérite de science politique et d'anthropologie à l'université Yale. Il est l'auteur de nombreux livres.

Extraits presse

À l'heure où la surveillance globale dispose de moyens technologiques inédits, l'anthropologue James C. Scott propose une généalogie de la volonté de savoir, et de voir, mise en place par les États modernes.

2021-01-13 - Joseph Confavreux - Mediapart

 

Son oeil, James C. Scott l'a posé sur l'État depuis un moment. Dans ce livre écrit en 1997, qui vient d'être traduit, l'anthropologue s'intéresse avec une érudition enthousiasmante à tout ce que la modélisation d'État manque et tente de réprimer. [...] Cette contre histoire de la modernité invite à la vigilance, car, dans les temps de crise, les fantasmes de grandes transformations trouvent un écho particulièrement favorable, " au nom et avec le soutien de citoyens en quête d'assistance et de protection ".

2021-02-01 - Cédric Enjalber - Philosophie Magazine

 

L'oeuvre phare de James C.Scott, dont la réflexion est plus que jamais d'actualité.

2021-02-01 - Maxime Rovère - Lire Magazine littéraire

 

L'anthropologue James Scott n'a cessé de travailler sur la question de l'Etat : à quoi sert-il ? Qu'empêche-t-il ? Dans ce volume imposant, il examine la façon dont les Etats modernes ont entrepris d'homogénéiser la nature et les sociétés humaines pour les rendre plus " lisibles " et donc plus contrôlables.

2021-05-20 - Éric Aeschimann - L'Obs

 

Table des matières

Remerciements
Introduction

I. Les projets étatiques de lisibilité et de simplification
1. Nature et espace

État et sylviculture scientifique : une parabole
Faits sociaux, crus et cuits
Fabriquer les outils de la lisibilité : mesures populaires, mesures étatiques
Régimes fonciers : pratiques locales et raccourcis fiscaux
2. Villes, langues, peuples
La création des patronymes
Le décret instituant une langue officielle standardisée
La centralisation des transports
II. Visions transformatrices
3. Le haut-modernisme autoritaire
La découverte de la société
L'autorité radicale du haut-modernisme
Le haut-modernisme au XXe siècle
4. La ville haut-moderniste : une expérience et sa critique
Urbanisme total
Brasília : la ville haut-moderniste (presque) construite
Le Corbusier à Chandigarh
Jane Jacobs, pourfendeuse de l'urbanisme haut-moderniste
5. Le Parti révolutionnaire : un plan et un diagnostic
Lénine, architecte et ingénieur de la révolution
Luxemburg : docteure et accoucheuse de la révolution
Alexandra Kollontai et l'Opposition ouvrière à Lénine
III. L'ingénierie sociale de la production rurale et du réaménagement des campagnes
6. Collectivisation soviétique, rêves capitalistes
Un fétiche américano-soviétique : l'agriculture industrielle
La collectivisation en Union soviétique
Paysages étatiques de contrôle et d'appropriation
Les limites du haut-modernisme autoritaire
7. Villagisation forcée en Tanzanie : esthétique et miniaturisation
L'agriculture coloniale haut-moderniste en Afrique de l'Est
Villages et agriculture " améliorée " en Tanzanie avant 1973
" Vivre au sein de villages est un ordre "
Le village d'État " idéal " : variation éthiopienne
Conclusion
8. Domestiquer la nature : une agriculture de la lisibilité et de la simplicité
Variétés de simplifications agricoles
Le catéchisme de l'agriculture haut-moderniste
Foi moderniste contre pratiques locales
Les affinités institutionnelles de l'agriculture haut-moderniste
Les hypothèses simplificatrices des sciences agricoles
La pratique simplificatrice de l'agriculture scientifique
Deux logiques agricoles comparées
Conclusion
IV. Le chaînon manquant
9. Simplifications " minces " et savoir pratique : la mētis

La métis : les contours du savoir pratique
Le contexte social de la mētis et sa destruction
Les arguments contre le savoir impérial
Conclusion
" C'est l'ignorance, imbécile ! "
Planification pour citoyens abstraits
Dépouiller la réalité jusqu'à l'essentiel
L'échec des schémas simplifiés et le rôle de la mētis
Plaidoyer en faveur d'institutions favorables à la mētis.