Chaque année, les informations relatives à la sécheresse et à la famine qu'elle provoque prennent un tour plus dramatique. Le tiers monde est-il prisonnier d'une telle calamité ? Dès 1979, Sophie Bessis s'interrogeait sur les causes réelles de cette disette continue. Car les aléas climatiques, pour important que soit leur rôle, ne suffisent pas à expliquer l'ampleur du sinistre : l'alimentation est devenue une arme que les grandes puissances n'hésitent pas à utiliser – y compris entre elles.
Sophie Bessis cherche dans ce livre à mesurer le poids de la colonisation, sans rejeter hâtivement l'entière responsabilité de la famine actuelle sur une occupation passée. Mais elle montre comment celle-ci a détruit les réseaux d'entraide et les structures agricoles pouvant répondre à une crise ou à une sécheresse.
Si l'explosion démographique aggrave incontestablement le problème, l'auteur montre qu'il est néanmoins possible de nourrir la population du monde, à condition de réorganiser la production et la circulation des biens alimentaires.
Cette arme alimentaire a bel et bien sa place dans la géopolitique actuelle. L'ignorer ou la sous-estimer serait une grave erreur. Cet ouvrage, qui a suscité de nombreux débats et popularisé l'expression d'arme alimentaire, a été régulièrement réédité. La présente édition actualise l'ensemble du texte de 1983 et propose dans une longue introduction toute une série de mises au point.
Sophie Bessis, née à Tunis est historienne. Elle est l'auteure de nombreux ouvrages portant sur l'Afrique et le monde arabe, la condition féminine et les relations Nord-Sud, dont L'Occident et les autres (La Découverte, 2001) et Les Arabes, les femmes, la liberté (Albin Michel, 2007).