Bruno, Christian, Clairette, Christiane et Viviane sont des " anciens de Peugeot " à Sochaux-Montbéliard. Cabossés par le travail en usine, ces retraités placent le militantisme syndical et la solidarité amicale au cœur de leur vie. À travers quelles expériences apprennent-ils à vieillir ensemble ?
À partir d'une plongée sensible dans leur quotidien, ce livre donne à voir une réalité méconnue : celle du vieillissement physique et social dans le monde ouvrier. Il jette une lumière nouvelle sur des enjeux oubliés de la réforme des retraites et sur la distance au politique dans les classes populaires, montrant l'importance des résistances locales au capitalisme et à l'extrême droite. Retrouvant, trente ans après, certains enquêtés de La Misère du monde, Nicolas Renahy propose une sociologie incarnée des vieillesses et des appartenances sociales, qui invite à repenser la condition ouvrière à l'aune des rapports de classe, de genre et de génération.
Ni passifs ni " inactifs ", ces anciens ouvriers et ouvrières sont loin d'être mis en retrait par leur retraite. Alors que la fin du monde ouvrier ne cesse d'être annoncée, ces " vieilles branches " continuent de lutter, d'être solidaires et de transmettre aux plus jeunes le sens du combat contre les injustices. Jusqu'au bout.
Nicolas Renahy est sociologue, directeur de recherche à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE). Il a publié Les Gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale (La Découverte/Poche 2010), et a notamment codirigé Le Laboratoire des sciences sociales. Histoires d'enquêtes et revisites (Raisons d'agir, 2018), Mondes ruraux et classes sociales (EHESS, 2018), et Mépris de classe. L'exercer, le ressentir, y faire face (Croquant, 2021).
Nota bene
Introduction
La condition ouvrière après la retraite : résistances et appartenances
Enquête sur un groupe majoritaire mais invisible
Revisiter la condition ouvrière
" Tu as pris ton magnéto ? On ne sait jamais... "
Quand la lutte des classes continue
1. La solidarité, ou comment résister au temps
" Compagnon de colère, compagnon de combat, salut camarade "
Victimes et témoins de la fragilisation du groupe ouvrier.
" Papy et mamie font de la résistance " : les effets au long cours de la grève de 1989
Un apéro des " 89 " chez Clairette
Face au deuil
" Nos conneries " : l'humour et l'amitié pour " avancer ensemble
2. La mémoire longue des injustices
Les groupes Medvedkine, un utopisme de " paumés "
La formation d'une contre-élite ouvrière
Quand les injustices de l'enfance rejaillissent
" Je vais souvent au Struthof avec mes petits-enfants "
3. Les " copines " : lutter, s'émanciper, vieillir
Lili : s'émanciper avant Mai 68
Des soixante-huitardes pas comme les autres
La vie de militante avant et après la retraite
4. " La base " : bois, bricole et manifs
Jour de fête en forêt
La pinaille, une société dans l'usine
Le cerisier d'Akram
Dans la rue contre la réforme des retraites
5. Lâcher la lutte, ne pas se renier
Le vieux communiste et la nouvelle ruralité
Le désarroi de l'immigré endetté
Épilogue
Conclusion
Du capital militant aux sociabilités du care
Les bénéfices cumulés du capital d'autochtonie
Que sont les alliances de classe devenues ?
Remerciements
Notes.