Istanbul est un continent urbain inconnu, trop souvent réduit à quelques prétendus hauts lieux – de plus en plus perdus dans l'immensité métropolitaine environnante – extraits d'un imaginaire réducteur, aux figures par trop rebattues. Il y a pourtant urgence à sortir des lieux communs pour prendre la mesure de l'organisme urbain monstrueux devenu ces deux dernières décennies la principale métropole du bassin méditerranéen, au pouvoir attractif croissant.
Mégapole choyée par un pouvoir qui l'a promue en vitrine de sa puissance et de son identité refabriquée, mégapole qui fascine un " arrière-pays " de plus en plus vaste et diversifié, Istanbul a radicalement changé de dimensions et de fonctions. Outre l'étalement vertigineux qui la caractérise, aux conséquences catastrophiques pour son environnement, elle est le théâtre de profondes transformations physiques, économiques et culturelles.
Laboratoire de la " Nouvelle Turquie ", Istanbul est à la fois le lieu de la reconstruction de la référence ottomane – source de fierté –, le lieu où les paillettes du tourisme mondial côtoient la tension autoritaire installée par le régime, et le terrain d'expérimentation de nouvelles façons de vivre, entre économie de la consommation et tentations de repli autour d'identités collectives réinventées.
Introduction. Istanbul, fête et défaite de l'immensité urbaine
1 : Istanbul, ville mutante
Toujours plus étalé, plus haut, plus gros ?
Vers un Istanbul sans industrie ?
L'obsession consumériste
La marchandisation accélérée de la vie urbaine
2. Aux origines du monstre urbain
Une volonté de rayonnement international
Les " grands événements " sportifs, producteurs de l'urbanisme stambouliote
L'imaginaire stambouliote de l'AKP
Les outils du changement
3. Le tribut de la grandeur
Istanbul, mégapole dévoreuse
Le patrimoine urbain à l'épreuve de la croissance
La condition des femmes stambouliotes
Pauvretés métropolitaines : " l'autre Istanbul "
Conclusion. Retour morose à la case départ ?