Selon une phrase souvent répétée, beaucoup ont préféré " avoir tort avec Sartre plutôt que raison avec Aron ". Le temps a passé et il est maintenant possible de s'intéresser sans préjugés à l'œuvre de ce dernier. C'est ce que nous invite à faire cette introduction à Raymond Aron (1905-1983). Après être revenue sur l'itinéraire intellectuel et politique de ce " spectateur engagé ", elle présente ses contributions aux différents champs de la science politique : sociologie des sociétés modernes, analyse des régimes politiques, théorie politique, étude des relations internationales et philosophie de l'histoire. Nourri par les acquis récents de la recherche française et internationale, ce livre espère faciliter l'accès d'une nouvelle génération de lecteurs à la pensée foisonnante de ce " classique méconnu ". Il a également pour ambition de montrer la fécondité d'une pensée qui, bien qu'élaborée durant la période révolue de la guerre froide, nous permet d'interpréter l'histoire en train de se faire sans céder aux illusions de la " fin de l'histoire ", qu'il s'agisse d'analyser le devenir des sociétés de croissance, la crise des démocraties, le sens de la liberté ou le retour des conflits de " haute intensité ".
Introduction / Relire Raymond Aron aujourd'hui
I. L'itinéraire d'un " spectateur engagé " au XXe siècle : esquisse biographique
Une éducation politique à l'ombre de la guerre (1905‑1945)
Les années 1920 : un jeune philosophe pacifiste et socialisant
Les années 1930 : penser la politique
Encadré :
Raymond Aron et Max Weber
Encadré :
Introduction à la philosophie de l'histoire (1938)
Les années de guerre : un intellectuel de la France libre
Une vie intellectuelle à l'ombre du communisme (1945‑1983)
Participer au relèvement français
Encadré :
Le Grand Schisme (1948)
Professeur et journaliste
Encadré :
Les Étapes de la pensée sociologique (1967)
Encadré :
Le Mai 68 d'Aron
Les derniers combats
II. Le sociologue des sociétés modernes
Une étude comparée des sociétés industrielles
L'âge des sociétés industrielles
Lutte des classes ou satisfaction querelleuse ?
Autonomie ou primat du politique ?
Une théorie des régimes politiques contemporains
Une approche sociohistorique du totalitarisme
Encadré :
Le totalitarisme comme " religion séculière "
Une conception réaliste de la démocratie
Encadré :
Aron, lecteur des néomachiavéliens
III. Le philosophe des libertés
Un libéralisme non doctrinaire
Un libéralisme antitotalitaire
Encadré :
" États démocratiques et États totalitaires " (1939)
La critique du libéralisme de Hayek
Un libéralisme démocratique et réformiste
Un libéralisme démocratique
Encadré :
" Qu'est-ce que le libéralisme ? " (1969)
La légitimité des revendications égalitaires et libertaires
Le libéralisme du " dernier Aron "
Une critique de l'égalitarisme
Une inflexion républicaine
IV. L'analyste des relations internationales
Une sociologie des relations internationales
Une sociologie historique compréhensive
Des principales variables aux systèmes internationaux
Idéologie réaliste et utopie libérale
Contre l'utopie libérale
Encadré :
L'école libérale
Contre l'idéologie réaliste
Encadré :
L'école réaliste
Pour un machiavélisme postkantien
Les vertus d'un réalisme libéral
Un éloge de la prudence
V. Le sens et le devenir de l'œuvre
Une interprétation progressiste de la modernité
L'avènement de l'histoire universelle
Encadré :
Raymond Aron, l'Europe et la nation
Une confiance raisonnée dans l'idée de progrès
Les lectures contemporaines d'Aron
La lecture néokantienne
La lecture néoaristotélicienne
Encadré :
Un Aron thucydidéen ?
La lecture machiavélo-tocquevillienne
Conclusion / Une science politique pour le XXIe siècle
Repères bibliographiques
1. Textes de Raymond Aron
2. Études sur Raymond Aron
3. Autres ouvrages cités.