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Quelques mois après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, le gouvernement français décide de mobiliser des dizaines de milliers de travailleurs dans les colonies afin de pallier la grave pénurie de main-d'œuvre en métropole. Il s'agit d'organiser non seulement leur recrutement aux quatre coins de l'Empire – en Indochine, à Madagascar, en Afrique du Nord, et jusqu'en Chine –, mais aussi leur acheminement, leur affectation professionnelle et leur gestion quotidienne.
Cette vaste entreprise, première expérience d'immigration " organisée ", conduit quelque 220 000 hommes dans les usines et dans les exploitations agricoles de l'Hexagone. Et elle secoue en profondeur l'ordre racial et les habitudes coloniales héritées du XIXe siècle.
Les nouvelles circulations impériales font en effet émerger des problèmes inédits. Afin d'assurer la continuité de l'autorité coloniale, comment adapter le régime de l'indigénat en métropole ? Comment empêcher que ces travailleurs transplantés ne s'affranchissent du nouvel ordre disciplinaire que l'administration s'efforce de leur imposer ? Comment prévenir les amours interraciales qui subvertissent radicalement la domination coloniale ? Et que faire des enfants métis qui naissent en métropole ?
Alors que la participation des soldats mobilisés dans l'Empire français à partir de 1914 est désormais bien documentée, le sort des travailleurs coloniaux de la Grande Guerre, perçus comme à la fois indispensables et indésirables, demeure largement méconnu. À l'aide d'archives inédites, Laurent Dornel ouvre un nouveau pan historiographique et éclaire un épisode qui a durablement marqué l'histoire des migrations vers l'Hexagone.