L'œuvre d'Ibn Khaldoun éclaire une étape très importante du passé de pays qui appartiennent à ce que l'on appelle le " tiers monde ". En faisant, au XIVe siècle, une analyse scientifique des conditions économiques, sociales et politiques de l'Afrique du Nord médiévale, Ibn Khaldoun a en fait posé un certain nombre de problèmes historiques très complexes, dont la lente évolution a déterminé un long processus historique : soumises à des influences extérieures, elles aussi déterminantes, ces structures ont rendu possible, au XIXe siècle, la domination coloniale ; et celle-ci a conduit à l'actuelle situation de sous-développement.
Cette étude, devenue classique, de l'œuvre d'Ibn Khaldoun, garde toute son actualité. Non seulement cette œuvre a apporté une contribution décisive à la discipline historique, mais elle suscite, aujourd'hui encore, des débats, en particulier dans le monde arabe, où certains courants islamistes radicaux la contestent fermement. Retraçant notamment la façon dont les travaux de ce grand historien ont été reçus à l'époque contemporaine, ce livre constitue aussi une contribution décisive à la compréhension des problèmes actuels du Maghreb, et tout particulièrement de l'Algérie.
Yves Lacoste est géographe, spécialiste de géopolitique, fondateur et directeur de la revue Hérodote. Il est l'auteur notamment, de Unité et diversité du tiers monde (Maspero, 1980), du Dictionnaire de géopolitique (Flammarion, 1996), ou encore de L'Eau dans le monde. Les batailles pour la vie (Larousse, 2007).
Préface
Avant-propos
I. Passé du tiers monde
1. Caractères généraux, structures fondamentales
2. Un homme politique de grande famille
3. Du condottiere à l'historien
4. Le mythe de l' " invasion arable "
5. La crise du XIVe siècle
6. Le devenir de l'État
7. La mise en accusation des citadins
II. Naissance de l'Histoire
1. Thucydide et Ibn Khaldoun
2. Matérialisme historique et conceptions dialectiques
3. L'apparition de la science historique
4. L'ambiance historienne et l'héritage rationaliste
5. Les conséquences de la réaction religieuse
Conclusion.