Après 1988, l'Algérie a connu plus de dix ans d'une terrible guerre à la suite de l'interruption par l'armée de la première expérience démocratique du monde arabe qui a brièvement profité au Front islamique du salut (FIS). Dans les années 2000, l'Algérie d'Abdelaziz Bouteflika a lentement retrouvé la paix grâce à la rente des hydrocarbures, mais au prix d'une absence de justice et du mensonge. À l'armée, principale détentrice du pouvoir, se sont alors agrégés de plus en plus les milieux d'affaires qui ont profité de la libéralisation économique. La corruption a explosé.
En 2019, une mobilisation populaire pacifique, inédite par son ampleur et sa durée, le hirak, a demandé que ce régime " dégage ". Après le départ de Bouteflika, l'armée a engagé une transition factice pour reconduire un régime à bout de souffle, ouvrant une nouvelle période à l'issue incertaine. Aucune alternative politique claire ne semblait se faire jour, alors que les perspectives économiques s'assombrissaient. C'est cette évolution de trois décennies d'une Algérie contemporaine très contradictoire que cet ouvrage retrace de manière chronologique.
Jean-Pierre Peyroulou est professeur agrégé et docteur en histoire (EHESS). Il a préfacé Les Massacres de Guelma de Marcel Reggui (La Découverte, 2006). Il a publié L'Algérie en guerre civile (Calmann-Lévy, 2002). Il est rédacteur de la revue Esprit.
Introduction
I/ 1988‑1991 : la démocratie, pour quoi faire ?
Octobre 2008 : des émeutes sur fond de transition vers l'économie de marché et de luttes de pouvoir
Un multipartisme en trompe-l'œil
Impasses économiques et transition vers l'économie de marché
L'islamisme algérien : sacralisation du politique et politisation du religieux
Le Front islamique du salut, un mouvement hégémonique
II/ 1991‑1992 : le basculement
La " grève insurrectionnelle " de juin 1991 et la reprise en main par l'armée
La victoire du FIS au premier tour des élections législatives de décembre 1991 et le coup d'État de janvier 1992
La vaine tentative de Mohamed Boudiaf de restaurer l'unité nationale
L'assassinat de M. Boudiaf, la corruption et les relations avec le Maroc
III/ 1992‑1995 : la guerre
La marginalisation des islamistes politiques et l'essor des groupes armés se réclamant de l'islam
Guerre de reconquête et guerre antisubversive
Groupes armés, milices et passage à l'économie de marché
L'histoire convoquée au présent
1994, un pays isolé et aux abois sur le plan financier
1994‑1995 : échec des initiatives de paix et consolidation du pouvoir
IV/ 1996‑1999 : une difficile et lente sortie de guerre
Les violences contre les catholiques
Illisibilité de la violence : grands massacres, luttes de clans et négociations pour une sortie de guerre
L'Algérie face à l'opinion internationale et au féminisme
Amélioration des exportations d'hydrocarbures, poursuite de la détérioration de la situation sociale
La mise à l'écart du tandem Zéroual-Betchine et le choix d'Abdelaziz Bouteflika en 1999
V/ 1999‑2011 : les contradictions du retour progressif
Abdelaziz Bouteflika et la " réconciliation nationale " : la sortie de guerre par l'impunité
La lutte des récits de guerre : l'émergence du récit de la " sale guerre " et de la demande de justice pour les victimes
La Kabylie, un concentré des contradictions algériennes
La manne des hydrocarbures, mais pour quoi faire ?
L'État face aux défis sociaux et aux transformations de la société
Le (relatif) retour de la diplomatie algérienne dans le monde
Hydrocarbures en panne de réforme, corruption d'État institutionnalisée
VI/ 2011‑2019 : des printemps arabes au hirak
L'irruption des printemps arabes, des émeutes et des mouvements sociaux
Le " pouvoir " : un cartel, le " système " : un clientélisme
Le
hirak de 2019
Conclusion
Bibliographie