Les folles dérives de la finance mondiale ont touché nos communes, nos hôpitaux et nos HLM. Dexia, l'ex-Crédit local de France, leur a vendu des milliers d'emprunts dits " toxiques ", dont les taux d'intérêt explosent – et depuis 2008, la banque ne doit sa survie qu'au soutien des États belges et français. Qui va payer la facture (10 milliards d'euros au minimum) ? Que ce soit l'État ou les collectivités locales, ce seront bien les contribuables qui, in fine, devront assumer les dégâts de ce scandale financier. Comment Dexia, en qui les acteurs locaux avaient toute confiance, a-t-elle pu les entraîner dans les pires travers de la spéculation financière ?
Pour répondre à cette question, ce livre propose une plongée dans les coulisses d'une banque aux ambitions démesurées, dont les dirigeants, poussés par l'appât du gain, ont sacrifié l'intérêt de leurs clients. L'enquête des auteurs est étayée par des documents inédits et par de nombreux témoignages exclusifs d'anciens de chez Dexia, de hauts fonctionnaires et des concepteurs de ces produits toxiques. Nicolas Gori et Catherine Le Gall racontent ainsi comment est né le premier " emprunt structuré ", comment Dexia est devenu dépendante des profits dégagés par ces produits hautement spéculatifs et comment elle a construit une " machine de guerre " pour conquérir les élus et leur vendre ces prêts venimeux. Ils décryptent comment les concurrents de Dexia ont amplifié le mouvement et transformé le marché des emprunts locaux en véritable folie. Enfin, ils révèlent que l'État a bien été alerté du danger représenté par ces emprunts, mais qu'il n'a rien fait pour empêcher leur propagation.
Catherine Le Gall, journaliste, est notamment co-auteure de Dexia, une banque toxique (avec Nicolas Gori, La Découverte, 2013) et de Les Prédateurs. Des milliardaires contre les États (avec Denis Robert, Cherche-Midi, 2018). Elle est également l'auteure d'enquêtes pour La Revue dessinée ou XXI et a coréalisé le documentaire Dexia, la Faute à personne (avec Alain de Halleux, 2016).
Nicolas Cori, journaliste économique à Libération, est notamment l'auteur de De la grandeur au gouffre. Comprendre les scandales financiers (Lignes de repères, 2005) et de Vincent Bolloré : Ange ou démon ? (avec Muriel Gremillet, Hugo.doc, 2008).
Dans une enquête fouillée à paraître le 14 mars, les journalistes Nicolas Cori et Catherine Le Gall reviennent sur l'incroyable scandale de Dexia, cet établissement bancaire franco-belge censé proposer aux collectivités locales des prêts classiques et qui, au milieu des années 90, s'est mis à leur vendre des produits financiers complexes et de plus en plus risqués. Si d'autres banques comme la Caisse d'épargne, le Crédit agricole ou la Société générale ont joué elles aussi à ce jeu dangereux, aucune ne l'a pratiqué avec autant d'ampleur. Emportée par la crise des subprimes de 2008 puis démantelée, Dexia n'est plus que l'ombre d'elle-même. Mais les bombes à retardement qu'elle a semées dans les comptes des villes, des départements, des hôpitaux ou des sociétés d'économie mixte menacent toujours d'exploser. "A ce jour, rien n'est réglé, constatent Nicolas Cori et Catherine Le Gall. Des collectivités sont étranglées par des taux d'intérêt qui avoisinent les 40% et on estime à au moins 10 milliards d'euros le risque financier qui pèse sur le monde locale." Par ignorance ou légèreté, des dizaines d'élus ont cédé aux sirènes de cet argent qu'on leur promettait facile.
2013-03-09 - Arnaud Bouillin - Marianne
Dans ce livre écrit par deux journalistes, nous plongeons au coeur du système de la banque Dexia. On y découvre comment des dirigeants, poussés par l'appât du gain, ont trahi leurs clients à coups d'emprunts structurés dont les taux d'intérêt ont explosé. Une enquête basée sur des témoignages d'anciens salariés de Dexia et des documents inédits, dont il ressort que l'Etat est resté dangereusement passif.
2013-03-26 - L'Humanité
Ce livre est le premier à retracer en détail la façon dont la banque a réussi à plomber les finances des collectivités locales françaises. A l'origine de cette crise, on trouve encore et toujours les petits "génies" de JP Morgan, inventeurs de tous les types de produits toxiques qui vont se répandre sur la planète à partir du milieu des années 1990. Dexia leur en achète pour refourguer des produits pas trop risqués à de grandes collectivités... avant de se lancer dans une débauche de vente de produits très risqués à tous ceux qui veulent bien en prendre. Malheureusement, des chambres régionales des comptes au ministère de l'Intérieur, des autorités de contrôle financières aux parlementaires, personne ne bouge pour stopper cette fuite en avant qui plombe les comptes des villes, des régions et des hôpitaux. Il faudra la mobilisation de certains élus locaux, Claude Bartolone en tête, pour que vienne le sursaut par la négociation mais aussi par des plaintes en justice, avec un premier résultat positif pour les collectivités locales en février 2013. La fin du livre pose à juste titre la question du modèle de financement des territoires en France après la mort de Dexia. Une enquête précise et intelligente.
2013-05-01 - Christian Chavagneux - Alternatives Economiques
Introduction. Une rencontre toxique : le monde local et la finance
1. Pierre Richard, un haut fonctionnaire qui s'est rêvé patron d'un géant bancaire mondial
Quand un jeune ingénieur rêvait de " changer la vie " au sein de la droite
Décentralisation, libéralisation et privatisation
La lente construction d'un groupe privé
Le divorce d'avec la " Caisse "
Face aux difficultés d'une banque pas comme les autres : la création de Dexia en 1996
Grossir à en mourir : la fuite en avant des années 2000
2008 : le naufrage généralisé
2. Mais qui a eu l'idée folle d'inventer les prêts structurés ?
Des prêts qui ne rapportent plus
Des clients plus compétents
Innover pour survivre
La création de CLF Finance en novembre 1994 : une filiale pour faire remonter les marges
Les étonnantes révélations d'un banquier d'affaires de JP Morgan
Une invention aberrante, mais un " pacte " rapidement signé entre CLFF et JP Morgan
Premiers structurés, premiers succès
3. Dexia Crédit local, une machine de guerre " au service " des collectivités
Une organisation centralisée
Une armée de bons petits soldats Dexia
Une banque sans banquiers
Une institution de la décentralisation et du monde local
Des élus très entourés
Des " rencontres " pour prêcher la bonne parole
Les copains de Dexia
Comment obtenir les grâces des élus
4. Le monde local intoxiqué
Le succès du " modèle " Dexia Finance
La " tumeur " Dexia Finance se propage
Des règles, quelles règles ?
La concurrence nourrit la fuite en avant
Une première limite est franchie : les " produits de pente "
La machine se dérègle : les " produits de change "
Une commercialisation sans foi ni loi
Une intoxication généralisée
5. Tous étaient frappés...
Saint-Étienne : du terril au toxique
Seine-Saint-Denis : quand le 93 contracte 97 % d'emprunts toxiques
Lille : deux destins différents pour la ville et la métropole
Châtillon : une ville sans histoire pour des structurés ordinaires
Trégastel : une station d'épuration qui ne sent pas très bon
Des hôpitaux publics soignés à coups de " structurés "
L'hôpital intercommunal " Sèvre-et-Loire " : petit hôpital, gros structurés
Les organismes de logements sociaux : des structurés et des swaps à tous les étages
La Soginorpa : du swap structuré à l'abus de biens sociaux
6. Les " complices " d'une contamination silencieuse
Un " gourou " des collectivités résistant de la dernière heure
Finance active : une salle de marché toxique pour les élus ?
Jean-Michel Rastel, un conseiller " intéressé " aux produits structurés
Des comptables publics et des préfets aveugles
Des chambres régionales des comptes qui passent à côté jusqu'en 2006
Une administration centrale sous la coupe de Dexia
Quand la Commission bancaire tourne la tête
Des parlementaires-élus locaux qui se simplifient la vie
7. Jusqu'ici, tout va bien...
Une discussion réservée aux spécialistes
Dexia court-circuite le débat
Les " subprimes " des collectivités
Dexia coule, sa réputation aussi
Automne 2008 : le gouvernement temporise
Le rapport Gissler de 2009 : une " charte de bonnes pratiques " en trompe-l'œil
Dexia assume, mais arrête tout
Un immobilisme qui aggrave le problème
8. Le roi est nu, Dexia tire sa révérence
2011 : des emprunts qui deviennent toxiques
Les élus attaquent en justice
Mai 2011 : une commission d'enquête parlementaire sur les emprunts toxiques
Septembre 2011 : le scandale fait la une de la presse
Octobre 2011 : Dexia sombre bel et bien
Les États français et belges tentent d'éteindre l'incendie
9. Qui va payer ?
Une facture difficile à évaluer
2011 : l'État contre les collectivités
2012 : les promesses non tenues de la gauche
Dexia réécrit l'histoire
Le maquis des renégociations
Les avocats entrent dans la danse
Premiers jugements, premiers signes
Arguments contre arguments
Ailleurs en Europe
10. Les collectivités en panne sèche de crédit
Le retrait définitif de Dexia
La Banque postale se fait prier pour remplacer Dexia
Une équation du crédit impossible
L'appel au marché
Une agence encore virtuelle
Ça commence à craquer
La fin d'un modèle, le début d'un autre ?
Conclusion. La finance délinquante
Glossaire : le monde merveilleux des produits financiers
Liste des personnes rencontrées (et dates des entretiens)
Notes.