Tout le monde sent bien, sait bien que nos sociétés ne pourront pas continuer longtemps sur leur lancée actuelle, en ravageant toujours plus la nature, en laissant exploser les inégalités, en lâchant la bride à une finance folle qui dévaste et corrompt tout. Mais quelle alternative imaginer ? Les idéologies politiques héritées ne semblent plus être à la hauteur des défis de l'époque. C'est dans ce contexte qu'il convient d'examiner ce qui est susceptible de réunir certains des courants de pensée les plus novateurs de ces dernières années : décroissance, recherche de nouveaux indicateurs de richesse, anti-utilitarisme et paradigme du don, plaidoyer pour la sobriété volontaire, etc.
Confrontant ici leurs points de vue, en cherchant davantage ce qu'ils ont en commun que ce qui les oppose, certains des animateurs les plus connus de ces courants constatent que l'essentiel, dans le sillage de certaines analyses d'Ivan Illich, est de jeter les bases d'une société conviviale : une société où l'on où l'on puisse vivre ensemble et " s'opposer sans se massacrer " (Marcel Mauss), même avec une croissance économique faible ou nulle.
Alain Caillé, professeur émérite de sociologie à l'université Paris-Ouest-La Défense, est le fondateur et directeur de La Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales). Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont, à la Découverte, La Quête de reconnaissance. Nouveau phénomène social total (2006), Anthropologie du don. Le tiers paradigme (Poche, 2007), ou encore Théorie anti-utilitariste de l'action (2009) ; et, aux éditions Le Bord de l'eau, Pour un manifeste du convivialisme (2011).
2011-02-01 - Igor Martinache - Alternatives économiques
Introduction, par Marc Humbert
En guise de prologue. Vers le convivialisme , par Alain Caillé
1. Stratégies de transition vers le bien-vivre face aux démesures dominantes, par Patrick Viveret
L'insoutenable démesure
Le mal-être, cause et produit de la démesure
Les stratégies de transition vers la convivialité avancée
2. La voie de la décroissance. Pour une société d'abondance frugale, par Serge Latouche
La faillite du plus grand bonheur quantifié
Du rêve au cauchemar
Le retour du refoulé : l'économie civile de la félicité
Le bonheur retrouvé dans la frugalité conviviale
L'autolimitation des besoins et l'abondance frugale
La place de la convivialité et l'esprit du don
Conclusion : le tao de la décroissance
3. Du convivialisme vu comme un socialisme radicalisé et universalisé (et réciproquement), par Alain Caillé
De quelques limites des conceptions actuelles de la bonne société et de la vie bonne
De quelques causes de tous nos maux
Vers un socialisme universalisé et radicalisé
En conclusion
4. Convivialisme, politique et économie. Ivan Illich et le " bien vivre ensemble ", par Marc Humbert
Renouveler les fondements de la société
La création et le partage des ressources
En conclusion
Annexe I ? Ivan Illich, une figure importante de la critique de la société industrielle, par Denis Clerc
Une vie hors du commun
Quelques concepts qui ont marqué, au XXe siècle, la critique de la société industrielle
Annexe II ? Quels indicateurs de richesse alternatifs ?
Annexe IIa ? Les indicateurs de richesse alternatifs : une fausse bonne idée ?, par Alain Caillé
Réflexions sur les incertitudes de la gestion par le chiffre - Prendre garde au chant des sirènes des indicateurs de richesse alternatifs - Premières conclusions -Quelques conclusions. Plaidoyer pour des mesures mesurées
Annexe IIb ? Élaborer ensemble des outils pour construire une société plus conviviale, par Michel Renault
D'une expérience de terrain à une réflexion théorique
Conclusion
Références bibliographiques.