On n'enseigne plus, dans les collèges et les lycées de France, cet enchaînement de guerres qui, depuis la Renaissance, a marqué l'histoire de l'Europe, pratiquement jusqu'en 1945. De la Guerre de Trente Ans jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le mécanisme des affrontements militaires a peu à peu dessiné le Vieux Continent, établi les frontières, construit les nations et consolidé les États. Du philosophe anglais Thomas Hobbes, auteur du Leviathan (1651), jusqu'à Raymond Aron, l'histoire n'était conçue que comme tragique, la guerre était dans les gènes de notre modernité politique.
Cette vision est-elle universelle ? Pas si sûr. Si la violence est la chose du monde la mieux partagée, sa réalisation sous forme de guerre interétatique est bien conforme au modèle européen.
Bertrand Badie, professeur des universités à l'IEP de Paris (Sciences Po), s'est imposé comme l'un des meilleurs experts en relations internationales. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages qui font référence et conseiller de la rédaction de L'état du monde depuis une vingtaine d'années.