La sociologie de Pierre Bourdieu s'est imposée bien au-delà du monde universitaire. Dans le même temps, ce dernier est devenu un défenseur des dominés et des opprimés, un militant de justes causes. Ce livre reprend certains des grands chantiers ouverts par le sociologue - les femmes, les classes populaires, les sciences, l'Algérie, l'épistémologie - afin de bien comprendre son mode d'exploration du monde.
En confrontant les positions de Bourdieu à celles d'autres chercheurs, Pierre Verdrager fait apparaître des traits permanents qui caractérisent la " sociologie critique " qu'il a fondée : elle requiert des gens capables de trop peu, vulnérables en tout, mais des sociologues capables de tout et vulnérables en rien !
Ce livre s'adresse d'abord aux acteurs et aux militants. Il n'est pas certain qu'on doive considérer comme un bon guide quelqu'un qui ne croyait pas en l'intelligence des gens, qui faisait dépendre le changement social de la survenue de miracles, qui considérait toute prise de conscience comme une impossibilité et qui disait pis que pendre des associations. Les militants n'ont pas besoin de guide ni d'homme providentiel capables d'indiquer ce qui est à faire : la science peut peut-être informer modestement l'action, certainement pas s'y substituer. La pédagogie ne remplacera jamais la politique.
Tout compte fait, ce dont les acteurs ont d'abord besoin d'être libérés, c'est d'une sociologie critique qui se sent autorisée, au nom de son savoir accumulé et de ses " méthodes rigoureuses ", à les penser incapables de toute critique.
" Foisonnante, indispensable à toute tentative de compréhension du monde social, l'oeuvre de Pierre Bourdieu, huit ans après la mort de ce dernier, se mesure autant à l'étendue de ses traductions dans le monde qu'à l'appropriation par le grand public de ses intuitions les plus évidentes (capital culturel, violence symbolique...). Sociologue largement étudié dans les principales revues et universités américaines, l'auteur des Héritiers n'échappe pas pour autant à des lectures critiques, rétroactives mais constructives, opérées souvent par ses propres "héritiers". C'est ainsi à ce genre de déconstruction méthodique que se livre Pierre Verdrager, qui "(doit sa) vocation de sociologue" à Bourdieu. Dans son essai, sévère mais sincèrement argumenté, Ce que les savants pensent de nous et pourquoi ils ont tort, l'auteur démonte la mécanique de Bourdieu pour mettre à nu certains de ces paradoxes ou malentendus. "
LES INROCKUPTIBLES
" Pierre Verdrager analyse finement ici, le développement du "démarcationnisme" bourdieusien, ce raisonnement consistant à placer la sociologie non pas simplement à côté de la société, mais bel et bien en opposition avec elle. Par là, il laisse aussi entendre que le rire libérateur du jeune lecteur qu'il fût lui-même, et qui "n'appréciait rien tant que de voir les têtes, une à une, tomber " sous l'ironie du maître, s'est bientôt transformé en larmes, à force de percevoir les effets de disqualification produits par cette même sociologie, dès lors qu'elle s'applique non plus aux élites culturelles mais aux groupes dominés. "
LE MONDE
2024-11-21 - PRESSE
Introduction
1. Les femmes
2. Les classes populaires
3. Les sciences
4. L'Algérie
5. L'épistémologie
6. La psychanalyse
Conclusion : Le prix à payer de la grandeur
Références
Remerciements