Les réseaux d'échanges réciproques de savoirs sont nés dans une école d'Orly, au début des années soixante-dix. Aujourd'hui, ils essaiment partout dans le monde : il existe plus de 700 réseaux regroupant quelque 100 000 personnes, d'Europe en Amérique, et jusque dans un camp de réfugiés rwandais au Burundi ! L'idée peut paraître simple : je t'apprends à greffer des arbres et tu m'apprends à écouter Schubert, nous échangeons nos savoirs... Mais pour saisir toute la richesse subversive du processus, il faut lire Claire Héber-Suffrin raconter son cheminement, celui d'une femme courageuse dans l'aventure pédagogique, mais aussi sociale. Pour elle, apprendre, c'est chercher des réponses aux questions qu'on se pose (en ce sens, tous les enfants sont des chercheurs de savoirs ") et aider à apprendre ce que l'on sait, c'est mettre au jour ses propres ignorances. Il n'y a donc plus de rapport de dominant (celui qui sait) à dominé (celui qui ne sait pas), mais un mouvement incessant de moi à l'autre, inventif, qui fait tomber les barrières sociales. De l'utopie, oui, mais vécue. On imagine les retombées d'un tel discours dans des domaines tels que l'école, la formation permanente, etc. C'est affirmer que les savoirs ne peuvent être" marchandisés ", ni confisqués par une poignée de " savants" se gardant bien de dévoiler leur(s) façon(s) d'apprendre justement. Violences et insécurité, pauvreté et exclusion ? Action humanitaire, échanges Nord-Sud et métissage interculturel ? Échec scolaire, citoyenneté ? Sur toutes ces questions qui font débat, on sera étonné de voir à quel point la réflexion et l'action engagées par les réseaux sont fécondes.
Claire Héber-Suffrin, docteur en psychosociologie, a exercé comme institutrice pendant quinze ans. Elle est cofondatrice avec son mari Marc Héber-Suffrin, des réseaux d'échanges réciproques des savoirs et participe, avec Gaston Pineau, à l'axe de recherches "formation, expérience et alternance" de l'université de Tours. Elle a publié notamment L'école éclatée (Stock, 1981, rééd. Desclée de Brouwer, 1994), Échanger les savoirs (Desclée de Brouwer, 1992), Les savoirs, la réciprocité et le citoyen (Desclée de Brouwer, 1998).
Sophie Bolo est journaliste.
" Ce nouvel ouvrage de Claire Héber-Suffrin raconte avec bonheur ces aventures de la connaissance et de la convivialité. Elles prouvent non seulement que chacun peut apprendre à un autre, mais que c'est ce partage des savoirs qui constitue le meilleur moteur pour en acquérir d'autres [...]. On ne saurait mieux définir l'aventure des réseaux. "
TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN
" Ceux qui participent à ces réseaux trouveront là une occasion de prendre du recul par rapport à leur pratique et les autres de prendre connaissance d'une façon originale et féconde de mettre en œuvre la solidarité humaine. "
ÉCONOMIE ET HUMANISME
2024-12-04 - PRESSE
Introduction : Nous allons en apprendre de belles !
1. Enseigner pour apprendre
S'approprier vraiment les savoirs en les enseignants
Enseigner, c'est aussi réparer les accrocs de nos propres apprentissages
Se mettre en position de pédagogue, c'est s'ouvrir autrement au savoir
Enseigner développe des compétences transversales
Lever la malédiction, laver la honte de l'ignorance
Enseigner suscite des compétences transférables
2. Repenser l'acte d'apprendre
Un " rendez-vous des savoirs ", c'est motivant !
Développer la pédagogie en réseau d'échanges, un lourd travail de mise en route
Redéfinir le rôle de l'enseignant
Difficile de pulvériser ses propres repères
Coopérer pour mieux travailler et mieux être dans sa " peau de prof "
Faire connaître notre action : nous pourrions mieux faire
Face à la demande de modèles, nous ne proposons " que " des références !
Le rôle de l'enseignant : un canevas pour la réflexion
3. Casser le cercle des échecs au profit de l'engrenage des réussites
Lutter contre l'exclusion en ouvrant l'école sur la cité, inventer des tiers lieux éducatifs
Apprendre dès l'école à construire des réseaux sociaux hétérogènes
Le tutorat : une expérience qui fait ses preuves... mais ne se diffuse pas !
L'expérience d'Argentat, des réponses aux difficultés de l'école
Des lycéens qui préparent le bac français en réseau d'échanges de savoirs !
Quand tout un établissement se met à l'heure du réseau
Quand une institutrice " révèle aux enfants leurs propres capacités à construire leurs savoirs "
Aide aux devoirs, soutien et entraide scolaire en réseau
Valider les apports de la pédagogie en réseau ?
Nous, nous spmmes prêts
Des savoirs entachés d'erreurs circulent dans les réseaux... Et après ?
Impostures et mauvais pédagogues
La pédagogie en réseau d'échanges profite aussi aux bons élèves
Apprendre et s'apprendre, le meilleur rempart contre la violence
4. Emploi, formation, développement : soyons acteurs de nos trajectoires
" La véritable éducation consiste à tirer le meilleur parti de soi-même "
Les savoirs sont des biens communs et des ferments de démocratie
Promouvoir des systèmes qui " font société "
Faut-il toujours payer pour une formation monnayable sur le marché du travail ?
Les échanges dans les réseaux : une économie souterraine ?
Souplesse et gratuité, mais non irresponsabilité
L'offre gratuite de formation : dumping économique et travail au noir ?
Les savoirs et savoir-faire, gisements de nos intelligences
Présence en réseau et formation à distance
Quand les réseaux aident à se réinscrire dans une dynamique d'emploi
Ces savoirs qui " remettent en selle "
Élèves, chômeurs : chacun peut s'appuyer non sur ses manques, mais sur ses savoirs !
Quand le développement local s'appuie sur des réseaux
La reconnaissance sociale des acquis au sein du réseau : qui sait que nous savons ?
5. La réciprocité plutôt que l'assistance
" Faire émerger le meilleur de l'être humain "
La santé, objet de savoirs, objet d'échanges
Quant un réseau " santé " devient animateur du quartier
Les réseaux soignent-ils ?
Le bonheur de dire à l'usager qu'on l'attend, enfin, quelque part !
Ces regards à nouveaux qui font changer le réel...
Apprenons à nous appuyer sur la richesse humaine
Réseaux d'échanges et politiques sociales : chacun son rôle
6. Au social, citoyens ! (citoyenneté politique, citoyenneté sociale)
La démocratie, cela s'apprend tout petit
Apprentissage et citoyenneté : deux éthiques qui se superposent
Quand la parité désamorce la compétition et la rivalité
Les réseaux, un système et des valeurs qui " parlent " aux femmes
Construire sa vie, construire sa ville
" Les gens ne savent rien : ils ne se connaissent pas ! "
Le métissage culturel à l'œuvre
Bâtir de nouvelles identités collectives, fuir l'impasse du nationalisme
Guérir les plaies dumonde : un geste politique plutôt qu'humanitaire
Changer le monde : on commence où ?
7. Créer et faire vivre un réseau
Le réseau, la pertinence de cette organisation spécifique
Des nouveaux métiers, animateurs de réseaux
Faire vivre un réseau
Créer les conditions propices au repérage des savoirs
Multiplier les occasions de rencontres
Proposition d'étapes pour démarrer un réseau d'échanges réciproques de savoirs
En guise de conclusion : Pour une mondialisation intelligente, humaine, solidaire, juste
Annexes.