Ce livre marque une étape clef dans le projet que poursuit Bruno Latour : faire une anthropologie positive des sociétés occidentales. Il se compose de deux textes qui remettent en cause deux notions : celle de " croyance " et celle de " critique ". Le premier texte est le résultat d'un long stage dans la consultation d'ethnopsychiatrie du Centre Devereux, le second (inédit en français) est l'introduction au catalogue de l'exposition Iconoclash dont Bruno Latour a été le commissaire en 2002.
Avec la notion de faitiche, Latour montre qu'il est possible de respecter les sciences sans avoir à les opposer aux délires de la subjectivité. Avec la notion d'iconoclash, il propose de suspendre le geste critique pour en étudier l'impact. Grâce à ces bricolages conceptuels, il devient possible de prendre pour objet d'étude deux des principales ressources que les modernes ont mises en oeuvre pour se distinguer des autres : la critique de la croyance et la croyance en la critique. Résultat : le monde ne se sépare plus entre ceux qui baigneraient dans de chaudes illusions et ceux qui ne connaîtraient que la froide raison. Avec ce mélange d'audace intellectuelle et d'humour qui en fait l'un des penseurs les plus connus au monde, Bruno Latour crée de nouveaux outils pour nous comprendre nous-mêmes et rouvrir la discussion avec les autres cultures.
Bruno Latour (1947-2022), sociologue et philosophie, professeur associé au médialab de Sciences Po, a notamment publié Face à Gaïa. Huit conférences sur le Nouveau Régime Climatique (2015), Où atterrir ? Comment s'orienter en politique (2017) et Où suis-je ? Leçons du confinement à l'usage des terrestres (2021).
2009-10-06 - Les recherches de Kroïne
" Il faut se jeter sur le récent essai de Bruno Latour, Sur le culte des dieux faitiches, qui analyse précisément notre relation trouble à l'image, entre tentation iconoclaste et fascination; le philosophe français nommant "iconoclach" ce moment ambigu: l'iconoclash est une destruction constructive, toute idole brisée aboutissant à la création d'une multiplicité d'autres. Mettant sur le même plan les représentations religieuses, scientifiques et artistiques, un Latour faussement naïf pose une question qui jette sur les affaires précitées une lumière aveuglante: "Si les images sont si dangereuses, pourquoi en avons-nous autant ?" "
BEAUX ARTS MAGAZINE
2024-11-27 - PRESSE
Avertissement
Sur le culte des dieux faitiches
Prologue
I. Objets fées, objets-faits
Comment les modernes fabriquent des fétiches chez ceux avec qui ils entrent en contact
Comment les modernes parviennent à construire chez eux des fétiches
Comment les modernes s'efforcent de distinguer les faits et les fétiches, sans y parvenir pour autant
Comment faits et fétiches mélangent leurs vertus, même chez les modernes
Comment le savoir-faire des " faitiches " échappe à la théorie
Comment dresser le portrait d'un antifétichiste
Comment dessiner les faitiches clivés des modernes
II. Trans-frayeurs
Comment se procurer, grâce aux migrants de banlieue, des divinités de contrebande
Comment se passer de l'intériorité et de l'extériorité
Comment dresser le " cahier des charges " des divinités
Comment transférer les frayeurs
Comment comprendre une action " dépassée par les événements "
Conclusion
Iconoclash
Pourquoi les images engendrent-elles autant de passion ?
Une exposition sur l'iconoclasme
Religion, science et art : trois différents modèles de fabrique de l'image
Quels objets sélectionner ?
Une classification des gestes iconoclastes
Au-delà de la guerre de l'image : la cascade des images
Annexe : table des matières du catalogue.